Le parrainage va prendre fin le 11 décembre prochain. Une date fatidique qui, plus elle s’approche, plus les candidats sont prompts à une forme de communication contradictoire sur les parrains collectés. Une véritable guerre des chiffres entre majorité et opposition qui peut avoir trois explications majeures : La première est qu’il est difficile, pour des journalistes professionnels et donc pour les citoyens de juger de la véracité ou non de tels chiffres.
Ceux qui les avancent savent qu’il sera difficile de se livrer à des investigations sérieuses pour en juger. Car, ils sont les seuls à détenir leurs clefs de parrainage et feront difficilement preuve de transparence dans les informations fournies. L’autre raison, plus fondamentale du point de vue politique, c’est que le parrainage est une forme de communication politique qui peut être assimilée à une campagne électorale avant la lettre. En effet, au niveau de la coalition Benno, de Taxawu et de Yewwi Askan wi, en tout cas, pour les Patriotes, on sait que l’on peut se passer du parrainage citoyen. Car, ces partis et coalitions ont suffisamment de députés et certains d’élus, pour ne pas devoir sentir le besoin de descendre sur le terrain. Mais, ces coalitions comme Benno sont dans l’animation, donc la communication politique pour ne pas dire la propagande.
L’objectif est certes de déstabiliser les adversaires, mais surtout de s’adresser aux nombreux indécis des législatives qui n’ont pas voulu voter ni pour le pouvoir, ni pour l’opposition. Il s’agit de leur lancer un message clair qui est le suivant : ‘’La majorité des sénégalais est avec nous, donc, n’hésitez plus’’. Est-ce que les chiffres avancés sont gonflés à cet effet ? C’est possible, mais personne ne peut le dire de façon péremptoire. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un effet de communication de masse attendu. Alors, intervient la troisième raison : La responsabilité des journalistes et des médias, en général.
En effet, comme personne ne veut contrôler la véracité des informations fournies et que nous sommes en plein dans la propagande politique, alors, les journalistes ne sauraient être les porte-voix de telles déclarations dont nous savons tous qu’elles peuvent être vraies comme elles peuvent être mensongères. Nous comprenons alors pourquoi le Cored, le tribunal des pairs, chargé de veiller sur l’application des règles d’éthique et de déontologie, a cru devoir taper sur la table par un communiqué, pour alerter sur les dérives constatées. Nous ne pouvons pas publier tout de go, sans aucune vérification et précaution, de tels chiffres, même s’ils peuvent être conformes à la réalité. Ce n’est pas d’ailleurs pour rien que le sondage est interdit en période électorale. Car, on ne voudrait pas que des électeurs soient influencés par des personnes ou des groupes qui ont plus de moyens de communication.
Ici, nous sommes en train pratiquement de vivre la même situation. D’où la nécessité de réagir. Il ne serait pas superflu de rajouter à la loi sur le parrainage ou la loi électorale, qu’en cette période de collecte, il est strictement interdit de communiquer sur les chiffres avant la publication des résultats par le Conseil constitutionnel. Cela aura le mérite d’éviter que nous versions dans des batailles de chiffres sur le parrainage, lequel risque de saper la sérénité nécessaire à un travail de terrain où tous les candidats à la candidature doivent être traités de la même façon.
Assane Samb