Une force tranquille ! Telle une symphonie pastorale, la même qui suinte de son prénom, Abiba étonne et détonne, capte et captive. Plus par sa personnalité que par son talent, indéniable, du reste. Tête bien faite, Abiba charme aussi bien avec ses mots qu’avec ses sons. Artiste qui est loin d’être tête en l’air, elle est de ses rares chanteuses du show-biz sénégalais à avoir de la suite dans les idées, à pouvoir tenir le fil d’un discours lesté de la maîtrise du sens et qui ne sont pas obsédées par le buzz qui s’évanouit sans évanescence. Abiba, tel un musc d’encens, reste longtemps après son départ, par la prégnance de ses idées qu’on peine à croire présente chez une jeunette. Fille à papa, la raille-t-on, elle assume, en hommage aux pères qui ont été pour leur fille et en biais, réplique, le caractère trempé, que seule sa force intérieure la tient au-dessus et hors de la mêlée.
Musique l’artiste…
Abiba, vous êtes une jeune chanteuse, un petit rappel de vos débuts.
Je m’appelle Abiba, je suis artiste chanteuse. J’ai commencé le chant à l’âge de 14 ans, avec mon premier single Sama Mother sorti en Décembre 2016. La chanson a toujours été une passion mais je n’y croyais pas trop. J’avais des parents qui travaillaient dans l’éducation, mais j’ai eu la chance d’avoir un prof de guitare qui m’a permis de réaliser mon rêve. Il a, par la suite, convaincu mon père de me laisser chanter et c’est ainsi que j’ai sorti mon premier single. D’ailleurs, ce morceau, je l’ai joué pour la première fois lors de la finale de Sen Petit Gallé en 2015. Et depuis, le public a vraiment kiffé, le succès s’est fait, la vie d’artiste, de petite célébrité. Et de là, j’ai rencontré pas mal de grands chanteurs (Youssou Ndour et Baba Maal) qui m’ont invitée sur leurs scènes. J’ai commencé à sortir d’autres sons qui me font reconnaître comme artiste- chanteuse.
Il existe un lien ombilical entre vous et votre père. Est-il une source d’inspiration?
Mon père est une source d’inspiration pour moi bien sûr ! J’ai vu en lui des qualités qui me donnent envie d’avancer, de poursuivre mes rêves, d’aller au bout de mes ambitions. C’est une personne très inspirante pour moi (elle insiste), pour beaucoup d’étudiants, de jeunes. On m’appelle presque chaque jour de partout pour parler de lui. J’ai eu à assister à ses cours quand j’étais plus jeune et je l’ai toujours admiré. Il a toujours été ma motivation, cette personne qui me donnait espoir et qui faisait que je voulais aller au bout de « tout ». Il a vraiment été d’une grande aide dans mes projets, activités et dans mes ambitions scolaires ou musicales. Mon père, c’est mon héros, ma source d’inspiration !
Votre chanson « Papounet » traduit-elle cet amour pour votre père ?
Oui effectivement ! Mais aussi c’est une chanson que j’ai chantée avec Sidiki Diabaté pour rendre hommage aux papas du monde, ceux qui sont là avec nous, ceux qui nous ont quittés. Et j’ai ressenti le succès de ce titre à sa sortie partout. J’ai eu beaucoup de retours et commentaires positifs. C’est le genre de tubes qui vivent éternellement, c’est comme un « We are the world » pour moi et tant d’autres chansons qui vont marquer les esprits pendant très longtemps. Et j’ai vraiment été fière de l’avoir chanté avec mon frère et ami Sidiki Diabaté qui est aussi un fils pour mon papa. Cette chanson a vraiment eu une histoire durant son écriture. C’est l’amour que je ressens pour mon père et comme le dit l’adage « lou doufe thi nague bi yeup khadioul thi thine li ». Nous avons essayé de faire en sorte que chaque personne puisse apprécier la chanson par rapport à elle-même.
Sidi et Rama, Ya maay jay saf, Domzei…autant de chansons qui cartonnent. Durs labeurs, talents, dons ?
C’est en effet le fruit d’un dur labeur parce que c’est tout un processus pour pouvoir rendre un produit fini et le présenter à son public. C’est l’inspiration, la recherche, les nuits au studio, l’enregistrement, le mix, la mastérisation, entre autres, qui font qu’à la sortie, ces singles ont eu le succès qu’ils méritaient. J’ai vraiment été ravie d’avoir travaillé avec des gens comme Baba Amdy, Jean Mermoz, Tché on the beat (des beatmakers), ils ont beaucoup participé à la réussite de ces titres.
D’aucuns vous disent fille à Papa. Etes-vous d’avis ?
Le grand public m’a connue avec mon père, il a toujours été là à m’encadrer lors de mes grandes scènes. Petite prestations ou pas, studios, concerts, interviews, émissions il est toujours présent. Les gens m’ont toujours vue avec lui et mon père c’est quelqu’un qui est très papa-poule et donc naturellement, on me croit fille à papa (rire), mais je suis plus fille à maman. Même si je n’ai aucune honte de dire aussi que je peux être fille à papa par moments (rieuse).
Vous êtes entre deux nations : le Sénégal et la Guinée, avec autant de featuring. Pourquoi ?
Ce qui me lie à la Guinée, c’est mon frère Azaya, ce grand artiste guinéen qui m’a fait l’honneur et le plaisir de m’inviter en featuring sur le titre Je t’aime un point c’est tout. J’en ai profité pour tourner un clip en Guinée et j’ai pu découvrir ce beau pays qui m’a beaucoup inspirée. J’ai également découvert beaucoup de choses et connu beaucoup de personnes de renom là-bas dans le monde de la musique. Ça a été une très belle aventure, bien que je n’y suis allée que deux fois et à chaque fois, je ne voulais pas rentrer, tellement je me sentais à l’aise. En tant qu’artiste, ça m’a beaucoup aidée dans mes recherches, dans mon inspiration. En plus, la Guinée c’est un beau pays où j’ai énormément de fans qui me soutiennent au quotidien.
Que réservez-vous aux mélomanes?
Ma musique, mon identité musicale. Ceux qui m’ont vraiment suivie depuis mes débuts savent qu’il y a vraiment beaucoup de choses à découvrir avec moi, d’autres zones à explorer, d’autres facettes à découvrir. Le meilleur reste à venir, qu’ils continuent d’être là, de me soutenir parce que s’il plaît à Dieu, je compte faire une longue et belle carrière dans la musique. Ils ne manqueront pas de mélodies et de belles sonorités à découvrir.
A quand le mariage ?
Je ne sais pas encore, mais pour le moment, je n’y songe pas ! Je laisse Allah décider et je prie pour qu’Il me donne un bon mari au moment opportun. Je ne me prends pas non plus la tête, je suis encore très jeune. Pour l’heure, je compte poursuivre mes rêves, mes ambitions et je me dis « lou diot yomb ». Le moment venu, vous verrez un Abiba Al-khayri (rire) !
Que faites-vous en dehors de la musique?
Je poursuis toujours mes études en marketing-communication et j’aspire aussi à faire des études en business. J’adore tout ce qui touche au business et d’ailleurs, je trouve que c’est un domaine vaste. J’ai des secteurs d’intérêts et je suis en train de les explorer petit à petit. J’aspire à être une grande business-woman. C’est mon rêve d’être parmi les femmes qui réussissent dans ce domaine ici au Sénégal. Je suis une jeune fille normale, passionnée de pas mal de choses, qui continue ses études et qui s’épanouit.
Qu’est-ce qui fait la particularité d’Abiba?
Sa polyvalence dans sa musique, c’est-à-dire le fait de pouvoir chanter, parler différentes langues, d’être à l’aise sur différents styles musicaux. Après ça, c’est ma personnalité, mon caractère et mon mental de fer. C’est ce qui m’aide à vraiment surpasser les évènements, à pouvoir avancer, à apprendre, à tomber, me relever, à croire en moi et à ne surtout pas lâcher prise, parce que rien n’est facile. Que ce soit dans la musique, en privé ou dans d’autres domaines, l’essentiel c’est que je crois en mes rêves et je me donne les moyens de les réaliser. Il y a aussi que j’ai beaucoup de respect dans ce que je fais et pour tous mes collègues artistes surtout. En gros, l’amour que je voue à ma musique…
ANNA THIAW