Suite à ses neuf (9) jours de grève de la faim, le journaliste Pape Alé Niang a été extrait de sa cellule pour être acheminé à la clinique de son médecin traitant, dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 décembre dernier. Après deux jours de mise en observation, le directeur de publication du site d’informations Dakar Matin a finalement été ramené à la prison de Sébikotane avant-hier lundi, tard dans la nuit. Tournant qui inquiète ses confrères qui y voient une radicalisation du régime de Macky Sall, d’autant plus que cette décision intervient quelques heures après que des journalistes ont manifesté à l’Assemblée nationale pour exiger la libération de Pape Alé Niang. Des organisations de la presse sénégalaise ont tenu une conférence de presse hier, mardi 13 décembre, à la Maison de la Presse Babacar Touré, pour dénoncer la posture des «autorités politico-judiciaires» et projeter d’autres actions, comme le boycott des activités du gouvernement.
Des organisations de la presse sénégalaise dénoncent la posture des «autorités politico-judiciaires» et projetent d’autres actions, comme le boycott des activités du gouvernement. À l’époque, les autorités n’avaient pas fermé leur porte. Autant, la corporation faisait tout pour essayer de trouver une issue heureuse à la libération de Madiambal Diagne, autant le gouvernement de l’époque faisait également un pas. C’est comme ça qu’une solution a finalement été trouvée.
À compter de jeudi, il ne sera plus question de traiter aucune activité gouvernemental. Jeudi et vendredi, nous allons donc procéder à ce boycott. Voilà les deux actions majeures qu’on va mener. Et si l’autorité politico-judiciaire reste sourde à nos appels, nous allons intensifier la lutte et aller vers une journée sans presse.»
«Pape Alé Niang a été ramené en prison, en représailles de l’action d’éclat que nous avons fait hier (ndlr : avant-hier lundi), à l’Assemblée. Donc, on peut dire, sans être démenti, que les autorités sont dans une sorte de bras-de-fer. Alors, la conséquence, c’est quoi ? Pape Alé Niang a décidé de poursuivre sa grève de la faim et a pris une décision radicale et irrévocable de ne plus quitter sa cellule, de ne plus recevoir de visite encore moins de soins. Il est prêt pour le sacrifice suprême. Vraiment, nous sommes désespérés et franchement nous avons peur pour notre pays, mais aussi pour notre confrère et sa famille. Nous lançons un appel aux familles religieuses, que ce soit Touba, Tivaouane, les Layènes, Médina Baye et partout. Que ces autorités religieuses parlent au président de la République ! Nous demandons à la Première dame, Marème Faye Sall, de parler à son mari, parce qu’en réalité, le Parquet, le Procureur de la République, dépend du ministre de la Justice ; et ce dernier ne prendra aucune décision tant que le président de la République ne la lui autorise. Je pense qu’on est arrivés à une situation qu’on ne peut plus décrire. Et nous ne pensions pas qu’on allait en arriver là. Les plus hautes autorités doivent être sensibles à ce qui se passe et surtout éviter que le Sénégal soit cité parmi les pays où des journalistes sont morts en prison.»
MAGUETTE NDONG, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT DU SYNPICS : «Nous ne pensons pas qu’un organe ne va pas s’impliquer dans ce boycott-là»
«On est au regret de le dire, toutes les autorités nous ont fermé leurs portes. C’est pourquoi, on pouvait s’attendre ce qui s’est passé hier(ndlr: l’action d’éclat à l’Assemblée, lundi dernier), parce que quand on ferme toutes les portes, ce que vous avez à faire, c’est de faire des coups d’éclat. Donc, nous pensons que ce combat-là, ce n’est plus le combat de la CAP, ni du SYNPICS, ni du CORED, ni de l’APPEL. C’est un combat de toute la presse sénégalaise. Vous tous, c’est votre combat, parce que Pape Alé est actuellement en prison, mais chacun d’entre nous peut être à sa place. Donc, les actions que nous venons d’énumérer là, c’est le boycott des activités du gouvernement. Nous ne pensons pas qu’un organe ne va pas s’impliquer dans ce boycott-là, parce que c’est un boycott qui nous concerne tous. Et il faut le faire pour marquer, une fois, un grand coup ; parce que la presse, c’est un pouvoir. Ne sous-estimez jamais le pouvoir que vous avez. On a un pouvoir et si on met en avant ce pouvoir, nous espérons avoir ce que nous voulons, c’est-à-dire la libération immédiate de Pape Alé Niang.»