Un tribunal kényan saisi par l’opposition a temporairement suspendu lundi un projet gouvernemental d’envoi de policiers en Haïti dans le cadre d’une mission de sécurisation de l’ONU de ce pays des Caraïbes en proie à la violence des gangs.
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait donné la semaine dernière son feu vert à l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya, pour laquelle Nairobi s’est dit prêt à fournir 1.000 policiers. Cette décision a suscité ces derniers jours de nombreuses interrogations au Kenya, où ses détracteurs, notamment dans l’opposition au président William Ruto, jugent cette mission dangereuse et inconstitutionnelle.
Saisi par l’avocat et opposant Ekuru Aukot, la Haute cour de Nairobi a estimé lundi que la requête de l’opposition soulevait « des questions importantes pour le pays et l’intérêt du public qui requièrent d’être examinées en urgence ».
Le juge Enock Mwita a donc émis une « ordonnance conservatoire » suspendant le déploiement de policiers en Haïti ou dans tout autre pays jusqu’au 24 octobre. M. Aukot dénonce la volonté de déployer des policiers kényans à l’étranger au moment où le pays peine à lutter contre l’insécurité à l’intérieur de ses frontières. Les opposants à cette mission soulignent également que l’histoire tourmentée des interventions étrangères en Haïti montre que les policiers kényans pourraient y être perçus comme une force d’ingérence.
Le gouvernement haïtien, confronté depuis des années à la violence croissante des gangs qui contrôlent certaines parties du pays, demande depuis un an une mission pour rétablir l’ordre. Mais son appel à l’aide est longtemps resté sans réponse au sein de la communauté internationale, échaudée par les expériences passées dans le pays. Mais en juillet, le Kenya s’est dit prêt à envoyer 1.000 policiers, une offre saluée par les Etats-Unis et d’autres pays réticents à envoyer leurs propres troupes sur ce terrain risqué.
Ce déploiement kényan, qui doit aider Haïti a créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections qui ne s’y sont pas tenues depuis 2016, doit encore être finalisé en détail, et approuvé par le Parlement.