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LA CULTURE DANS LA RUPTURE, MAL APPRÉCIATION OU NÉGLIGENCE.

Nous avons bien dit « Rupture ». Forcément, nous nous devons tous, de serrer la ceinture face aux grands défis auxquels le Sénégal fait face. Ces défis, cependant, ne sont pas seulement d’ordre économique mais ils sont aussi, et surtout, culturels. Nous avons un Premier Ministre Inspecteur des Impôts qui connait l’argent, normal, mais à mon humble avis, il  reste attaché à la création artistique et au travail intellectuel.

La culture doit constituer un volet essentiel de cette politique basée sur la rupture, pour montrer à suffisance que la croissance économique d’un pays doit être accompagnée par un développement culturel. Car, quand le peuple semble s’essouffler, gagné par la lassitude, dépassé par l’ampleur de ses problèmes, en perte de repères, la culture intervient pour chauffer le sang des jeunes générations, raviver leur ardeur et leur permettre d’espérer. Les acteurs culturels jouent donc un rôle très important de régulation sociale, d’où la nécessité de toujours bien les mettre dans les conditions de bien-être optimum.
Avec ce nouvel attelage gouvernemental, on ne sait à quel Ministère se fier ; au Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture ou bien au Secrétariat d’État à la Culture, aux industries Créatives et au Patrimoine Historique ?
Comme tout sénégalais, nous nous sommes rendus compte de la place réservée à la culture dans tous les Projets/Programmes durant la campagne électorale.
Les enjeux liés à la culture ne semblent pas bien appréciés car le fait qu’elle occupe la dernière place de la nomenclature le démontre : Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. En sus, quelles sont les missions qui sont dévolues à chaque Département ? Cela nous pousse à penser à la Culture placée dans les Associations Sportives et Culturelles (ASC) dont l’expérience peu réussie est encore vivace. Madame le ministre, Inspectrice de la Jeunesse et des Sports connait à perfection cette situation. Nous croyons donc qu’on pouvait se limiter à la bonne trouvaille de Secrétariat d’État à la Culture, aux Industries Créatives et au Patrimoine Historique.
Aussi, le fait que la culture ne fasse pas partie des axes prioritaires dégagés par le Premier Ministre nous inquiète un peu. Certes nous sommes dans un pays pauvre et les enjeux économiques sont énormes et nous savons que, le Sénégalais ne va pas hésiter à payer du pain à la place d’un CD.
 Notre souhait, nonobstant, c’est d’avoir des Directions renforcées avec une certaine autonomie. C’est le cas de la Direction des Arts et autres Directions, afin de permettre aux gens de travailler  dans la plus grande transparence et la démocratie la plus totale, en faisant abstraction de la politisation à outrance de l’action culturelle comme ce fut le cas dans le régime déchu.
Nous avons toujours été soumis à un diktat d’une certaine politique dite culturelle qui plombait notre créativité et, en ma qualité de créateur, je pense comme Walt Whitman : « Dès que vous cesserez de mettre en question la soumission, vous serez complètement asservis. Et une fois complètement asservis, aucune nation, aucun Etat, aucune ville, ne peut plus jamais recouvrer la liberté ». Un créateur asservi est une coquille vide incapable de produire de la lumière.
Nous avons soutenu le Projet, car le porteur principal en l’occurrence Monsieur Ousmane Sonko constitue pour nous une source intarissable d’inspiration. Nous avons donc dit, rupture. Espérons qu’il est fini aussi, le temps de faire du copier-coller par rapport aux Lettres de Politique Sectorielle (LPS) qui doivent partir de la base pour arriver au sommet.
Il y a quelques jours, les textes d’application (2 décrets et 3 arrêtés) du projet de Loi sur le statut de l’artiste qui, entre autres, consacre l’artiste et le professionnel de la culture comme des travailleurs et règle définitivement leur prise en charge sociale, ont été validés par les acteurs du Secteur. Nous attendons  la mise en œuvre de la Loi SAPROC et, également, des avancées par rapport à la copie privée ; le théâtre quant à lui, dispose d’un référentiel qui est le Plan Stratégique pour le Développement du Théâtre (PSDT) conçu par le Ministère en collaboration avec les acteurs et qui a été validé depuis deux ans. Nous espérons et attendons sa mise en œuvre sous le magistère de Madame le Ministre.
Dans la rupture, nous rêvons d’un Sénégal où la culture jouera son rôle dans la cohésion sociale et nationale mais aussi participera à la promotion du Sénégal dans le concert des nations. Nous rêvons de voir notre pays disposer d’un Palais de la Culture comme en Côte d’Ivoire. Nous rêvons de voir émerger des Maisons de la Culture dans tous les Départements du pays. Nous rêvons, nous rêvons, nous rêvons…
Dans tous les cas, nous ne cesserons jamais d’accorder notre soutien à ce gouvernement de rupture, car il représente l’exacte image que nous nous faisons de ces nouveaux dirigeants d’un pays qui aspire au développement.
Papa Meissa GUEYE, Artiste/metteur en scène; Entrepreneur culturel

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