Il y a de cela quelques décennies, personne ne misait sur le continent africain. L’afro-pessimisme a été en vogue pendant longtemps partout à travers le monde. L’Afrique était dépeinte comme le continent de la misère avec la famine en Ethiopie, des guerres, des coups d’Etat, des épidémies, etc. Les investisseurs fuyaient le continent ne serait-ce que du fait de l’insécurité. Il n’était pas de bon ton de se présenter comme un africain malgré une négritude ambiante qui au-delà du mouvement littéraire, incarnait fortement un désir d’émancipation de la part des africains surtout du continent noir empestés dans des contradictions qui semblaient insolubles.
Aujourd’hui, la donne a changé. Tous les pays veulent nouer de la coopération avec l’Afrique et cela, sur tous les plans. Il y a des sommets Franc-Afrique, Etats-Unis/Afrique, Chine-Afrique, etc. Et cela, n’est pas gratuit.
A force de travail, de résilience, d’efforts dans tous les domaines, malgré les difficultés, le continent émerge pour être attirant. Les autres, comme toujours, viennent chercher des matières premières surtout le pétrole et le gaz. Mais, ce n’est pas tout. Ils savent que le continent est un réservoir de ressources humaines, de terres arables et pourrait, dans les prochaines décennies, peser lourdement sur la balance du commerce mondial surtout si la Zone de libre échanges économiques africains (Zlecaf) est bien opérationnelle.
Si on détient les ressources minières dont les plus demandées comme le cobalt, les ressources humaines et le marché commercial, il manque de peu pour faire partie des premiers. C’est peut-être ce que nos dirigeants ont compris en misant énormément sur les infrastructures. Cette stratégie est payante parce que le déficit en la matière crève les yeux. Nous avons besoin de routes, de ponts, d’hôpitaux, de stades, de trains rapides, etc. Mais, il faudra également prendre conscience du fait que nous devons surtout mettre l’accent là où nous avons un avantage comparatif certain : l’agriculture, l’artisanat, la pêche, etc.
L’erreur de départ, ce que semblait reprocher René Dumont à nos dirigeants dont Senghor, c’est de ne pas faire la part trop belle à l’agriculture, surtout à l’agriculture de subsistance. Si nous ne sommes pas capables de rivaliser avec les autres sur le plan de la recherche et du développement technologique, ayant au moins le réalisme de cultiver suffisamment pour vivre.
Or, actuellement, c’est ce que nous ne faisons pas. Nous préférons importer certaines céréales comme le riz, le maïs, le blé, etc. Or, nous sommes parfaitement capables de les produire, chez nous. Mais, au-delà de travailler d’une façon optimale à cela, nous préférons les importer, créer ainsi du travail pour les jeunes de ces pays-fournisseurs, favoriser la fuite de capitaux et accentuer la paupérisation chez nous. Il faut alors certes continuer à financer et à développer les infrastructures, mais travaillons aussi sur les avantages comparatifs, soyons proches de la terre, car elle, elle ne ment pas.
Assane Samb