L’UNESCO a célébré mardi la Décennie internationale des langues autochtones (2022-2032), qui vise à attirer l’attention du monde sur la perte critique des langues autochtones et sur le besoin urgent de les préserver et de les revitaliser. L’UNESCO, en tant qu’organisation des Nations Unies chargée de l’éducation, des sciences, de la culture et de la communication et de l’information, dirige cette Décennie et cherche à mobiliser les parties prenantes pour des actions de sauvegarde immédiates.
La situation des langues autochtones est alarmante : au moins 40% des plus de 6.700 langues parlées dans le monde sont menacées d’extinction à long terme, faute de locuteurs. Cela aurait de graves conséquences pour la diversité culturelle et mettrait en péril les savoirs et savoir-faire séculaires qui pourraient être décisifs dans les efforts de l’humanité pour résoudre les défis de ce siècle, notamment le changement climatique et la perte de biodiversité, souligne l’agence onusienne dans un communiqué de presse.
En outre, moins de 2% des langues ont une présence réelle en ligne, y compris des logiciels et des sites Web localisés, des services de traduction et de synthèse vocale et des algorithmes de modération de contenu. Cela empêche des millions de locuteurs et de signataires de langues autochtones de s’engager pleinement dans la société et montre la nécessité du développement actif d’un monde numérique véritablement multilingue.
« Le langage est ce qui fait de nous des êtres humains. Lorsque la liberté des peuples d’utiliser leur langue n’est pas garantie, cela limite leur liberté de pensée, d’opinion et d’expression, ainsi que leur accès aux droits et aux services publics. Cette Décennie doit accélérer la mobilisation de la communauté internationale pour sauvegarder durablement les langues autochtones », déclare Audrey Azoulay, la Directrice générale de l’UNESCO.
Un plan d’action global
L’événement pour célébrer la Décennie a réuni plus de 700 délégués des 193 États membres de l’UNESCO, y compris des ministres responsables des politiques linguistiques au niveau national, des dirigeants autochtones, des chefs d’agences nationales de développement des langues, des instituts de langues et des organisations universitaires, ainsi que des représentants des secteurs public et privé. Ils ont discuté en détail du Plan d’action mondial, qui guide la mise en œuvre tout au long de la Décennie. Il vise à augmenter le nombre de nouveaux utilisateurs de langues (locuteurs et signataires), à améliorer la maîtrise de la langue et à encourager une plus grande utilisation fonctionnelle des langues autochtones dans le domaine public. Elle encourage également le respect de la diversité linguistique, le dialogue interculturel et l’éducation inclusive, et appelle au renforcement de la coopération internationale.
De plus, le Plan aborde tous les aspects de la vie quotidienne des locuteurs. Il plaide pour un meilleur accès à l’alimentation, à la justice et aux services de santé, à la cohésion sociale, à l’autonomisation numérique, à la culture, à la biodiversité, à l’accès à l’emploi dans le contexte de la revitalisation, de la culture et de la durabilité des langues autochtones.