Mamadou Sy Albert, analyste politique croit mordicus que les prochains jours seront décisifs au Sénégal, juste après la Tabaski. Macky Sall qui va se prononcer après cette fête « déclinera sa décision finale, le gouvernement basculera dans la campagne électorale. »
La mise en œuvre des conclusions et recommandations du dialogue national sera la prochaine étape à franchir par le Président de la République, Macky Sall selon Mamadou Sy Albert, analyste politique. Pour lui, l’exercice ne sera guère facile pour le chef de l’exécutif. « Le temps sera une contrainte majeure pour le futur candidat de la majorité et ceux de l’opposition et des non- alignés. La présidentielle du 25 février 2024 est à huit mois d’intervalle.
Un temps trop court pour évaluer la faisabilité des accords du dialogue national et des centaines de recommandations », a-t-il écrit. Pour ce dernier, il faudra avant tout faire le choix en ce qui concerne la mise en œuvre effective des décisions consensuelles.
Et de poursuivre : « Les décisions consensuelles devraient être une priorité absolue du gouvernement. Elles touchent à divers domaines aussi complexes les uns que les autres. La loi sur le parrainage, la modification de certains articles du code électoral, le recouvrement juridique des droits civiques et politiques de Khalifa Sall et Karim Meissa Wade, la caution de 30 millions à la présidentielle, constituent, des questions techniques et juridiques à résoudre en urgence. Le gouvernement devra identifier les urgences électorales, soumettre des avant- projets de lois à l’Assemblée nationale. Il reviendra au Parlement de traiter les projets de loi à venir. »
Au regard du rapport de forces entre les groupes parlementaires, le Président de l’Assemblée nationale aura du pain sur la planche pour convaincre ses collègues de l’opposition. Pour sa part, le groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi et les non alignés ont refusé de participer au dialogue national. La question que l’on se pose est la suivante : « Accepteront-ils de voter des lois émanant du dialogue auquel ils n’ont pas participé? » En dépit de la participation du Pds au dialogue, certains alliés du groupe parlementaire de Wallu Sénégal ont décliné l’appel au dialogue du Chef de l’Etat. «Une véritable course contre la montre se dessine à l’horizon des prochains mois. Le vote des prochains projets de loi du gouvernement sera une épreuve pour le gouvernement et pour l’Assemblée nationale. Il faudra boucler ce travail parlementaire avant six mois de la présidentielle si le Sénégal veut respecter certaines conventions le liant aux institutions régionales et sous régionales. »
A ce titre, le Conseil Constitutionnel aura aussi son mot à dire. Il devra examiner la conformité des lois à venir à la Constitution de 2016, aux lois et règlements régissant l’élection présidentielle. « Que dire des recommandations touchant à l’économie, à la culture, aux sports et à la décentralisation, à la paix, à la sécurité, à l’éducation et à l’Enseignement supérieur? Toutes ces recommandations si importantes ont très peu de chances d’être examinées et mises en exécution par le gouvernement au cours de l’année électorale 2023.
Le prochain discours du Chef de l’Etat à la nation pour se prononcer au sujet de sa candidature va chambouler le jeu politique », souligne Mamadou Albert. Il est d’avis que dès que le Président de la République sortant déclinera sa décision finale, le gouvernement basculera dans la campagne électorale. « Que le Président de l’Apr et de Benno Bokk Yaakar soit candidat ou qu’il désigne son Dauphin, la course au fauteuil présidentiel sera au centre de la campagne présidentielle de 2024. Une véritable course présidentielle à la montre électorale sera lancée », fait-il remarquer.
MOMAR CISSE