Mame Goor Diazaka: «Sama bayré bi dafa eup »

N’allez pas chercher loin, sa personnalité est faite de cette double dimension d’artiste engagé. Ses positions politiques, sa voix artistique, sa famille, tout y passe. Même Sonko, dont il tacle la démarche politique. Entretien avec le « meilleur musicien du Sénégal »….  

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Mame Goor Mboup alias Mame Goor Diazaka. Vous êtes musicien faisant du Mbalax. Pouvez-vous nous expliquer vos débuts ?

Mes débuts, à l’instar de tous les artistes, ont été difficiles. J’ai démarré avec le groupe Bamba J Fall et j’étais dans le staff. Mais, il arrivait que je leur assure les chœurs, jusqu’à ce qu’on a décidé de dissoudre le groupe. De là, j’ai choisi ma voie. Auparavant, j’ai eu à travailler avec Talla Diagne comme impresario vers les années 1997-1998. En 2001, j’ai sorti mon premier album qui a beaucoup cartonné.

Vous avez la musique dans le sang…

Je suis issu d’une famille où tout le monde chante. Mon père déclamait les « khassaïdes ». Je suis apparenté à beaucoup de musiciens à Rufisque. Soda Mama Fall, Coumba Gawlo Seck, entre autres.

Rufisque, votre fief, regorge de talents. Qu’avez-vous envie de leur léguer en tant qu’artiste. ?

Rufisque est une ville qui regorge de talents. Il y a une diversité de talents. Mais souvent, ce sont les moyens qui font défaut. Une fois élu maire de Rufisque, nous allons  construire un grand centre culturel. Rufisque a  un potentiel culturel extraordinaire. Mame Fatou Seck, la guérisseuse, faisait du  « ndeup » (rites lébous). Khar Mbaye Madiaga, notre grand-mère.  Il faut préserver ce patrimoine humain.

En 2017, vous aviez sorti votre 15e album Référence, qui a connu un franc succès. Expliquez-le-nous…

J’ai fait quasiment 20 albums, mais « Référence » est un album ou j’ai été accompagné d’artistes de référence, de renoms, dont Papis Konaté, Pape Dembel Diop, entre autres. Les textes sont très riches en enseignements. Les gens font de la musique de « pacotille », une musique commerciale. Avec cet album, j’ai fait en sorte de bien travailler les textes. Le succès de cet album ne me surprend guère.

Vous avez connu des déboires avec des concerts fiascos…

Ce qu’il faut savoir c’est que les déboires existent partout, dans la musique et ailleurs. Nul artiste ne peut dire qu’il a réussi tous ses concerts. Je suis un artiste engagé et il m’arrive de prendre des positions qui n’arrangent pas certains. Ce sont ces derniers qui, pour un rien, se permettent d’amplifier les choses. Le plus important pour moi, c’est d’être dans le droit chemin. Je dis souvent que je suis née sous la bonne étoile « Sama Bairé bi dafa eup ».

Votre fils, Talla, suit vos pas…

Il n’y a pas plus grande fierté que de voir son fils suivre ses pas. C’est quelqu’un de bien, de très courageux, il a hérité la musique de moi. Nous sommes une famille de musiciens. Tout ce que je peux faire présentement, c’est l’encourager. J’ai fait en sorte de me faire connaitre. Il devra tracer sa voie et sa voix.

Il a sorti son premier single « hommage à Samba » en 2017. Vous y avez contribué ?

 

Au début, je ne voulais pas qu’il fasse de la musique. Je ne voulais pas qu’il lui arrive la même chose que moi. Quand j’ai su qu’il tenait le bon bout,  je me suis résigné et j’ai décidé de lui apporter mon soutien. Je l’ai fait venir dans mon orchestre et il a assuré mes premières parties.

 

Quelles sont vos relations avec les autres artistes ?

J’ai de très bons rapports avec eux. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui viennent me solliciter quand ils ont des problèmes au ministère de la Culture, entre autres. Quand j’ai fait part de ma candidature à la mairie de Rufisque, ils m’ont tous apporté leur soutien.

Alors donnez-nous votre avis sur la musique sénégalaise avec la jeune génération. Avez-vous des craintes ou pas ?

Youssou Ndour fait partie des plus grands musiciens d’Afrique et il a toujours montré le bon exemple. Il n’a jamais été entendu dans des « futilités ». Les jeunes de la nouvelle génération doivent suivre les pas des anciens. Les artistes féminins mettent en avant leur plastique. Les hommes créent des « scandales lomotif ». C’est inquiétant.

  

Vous êtes politique. Qu’est-ce qui vous motive ?

Je ne me lasserai jamais de le dire, je ne prends pas position pour rien. Les gens se permettent de critiquer le président Macky Sall, alors qu’ils ne proposeraient pas mieux. Ceux de la nouvelle coalition Yewwi Askan Wi se crêpent le chignon, juste pour une histoire de couleur. Que feraient-ils pour les postes ? Se tuer entre eux peut-être ?

On dirait qu’Ousmane Sonko ne vous enchante pas…Qu’est-ce qui vous dérange dans sa démarche?

La personne d’Ousmane Sonko ne m’intéresse pas, je ne le déteste pas. Mais c’est sa façon de faire que je n’aime pas, je trouve que c’est un manipulateur. Il est prêt à tout pour prendre le pouvoir. A bien le regarder, il est incapable de tenir un quartier, alors imaginez un pays. Il se contredit à chaque fois. Il avait dit publiquement qu’il ne se mélangerait jamais avec les gens du système et c’est ce qu’il est en train de faire. Il ne pense qu’à sa personne. Les jeunes devraient prendre exemple sur Bougane et non sur Ousmane Sonko. Je suis une personne véridique. Ce dont j’ai peur, c’est qu’il détourne la jeunesse sénégalaise. Ousmane Sonko a le don de retourner les situations en sa faveur. Nous n’accepterons pas de nous faire diriger par n’importe qui, de surcroit par quelqu’un qui a des démêlés avec la justice pour des histoires de mœurs.

 Quels sont vos projets ?

Gagner la mairie de Rufisque. Nous n’accepterons qu’aucun étranger vienne nous diriger. Avec mon mouvement M-Déclic, je compte être un maire au chevet de sa population. Que les ministres aillent gérer leur ministère, les Ministres-maires ou Ministre-Dg, c’est révolu.

 

 

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