La campagne électorale des départementales et communales démarre ce samedi, 8 janvier et prend fin le 21 janvier 2022 prochain (Art. L. 257 et L. 292 du code électoral). Les candidats auront deux semaines pour convaincre les citoyens-électeurs de leurs localités, se peser et faire valoir leurs offres politiques, leurs projets de société alternatives pour espérer remporter la palme, le dimanche 23 janvier, jour de l’élection.
La campagne électorale des territoriales fait suite à plusieurs opérations et taches préélectorales arrêtés par le ministère de l’Intérieur via la direction générale des élections (Dge). Elle intervient après que la Cour suprême a fini d’examiner les recours introduits par l’opposition et l’administration territoriale et de vider définitivement tous les contentieux pré-électoraux ; notamment ceux portant sur la conformité ou non des listes de candidatures suivi de la publication et la notification par l’autorité administrative habilitée, le 3 janvier dernier, de l’arrêté portant liste des membres de bureau de vote. Pendant que le matériel électoral est déjà en train d’être convoyé dans l’arrière-pays pour gagner du temps, le 9 janvier prochain, lendemain de l’ouverture de la campagne, l’autorité administrative compétente procèdera à la délivrance d’un récépissé qui garantit les droits attachés à la qualité de mandataire.
Le processus continue avec les listes qui sont en train d’être imprimées. A quelques heures du démarrage officiel de la campagne électorale, les différents états-majors politiques en compétition s’activent pour aller à la conquête des 662 collectivités territoriales du Sénégal. Une campagne qui présage d’âpres luttes pour charmer et convaincre les citoyens-électeurs ; véritables maitres du jeu. Eu égard des nombreuses listes en compétition et au regard de la spécificité des élections municipales et départementales, la victoire n’est assurée d’avance pour aucun camp. Toutefois, la bataille sur le terrain (visites de proximité) et sur les réseaux sociaux et l’argent (achat de conscience) ainsi que les votes-sanctions seront déterminants pour départager les candidats aux territoriales que d’aucuns considèrent comme étant le premier tour de la présidentielle de 2024.
Des élections aux enjeux multiples
Selon les analystes et observateurs politiques, compte tenu des enjeux, à l’issue de ces joutes, le landerneau politique sera forcément complètement reconfiguré vu la diversité des listes et de la représentativité des candidats. On voit deux affiches importantes se dessiner pour deux grandes villes. Il s’agit de Dakar qui est pour l’instant entre les mains de l’opposition où la question est de savoir si la majorité va réussir ou non à conquérir la capitale et Ziguinchor un enjeu important pour le leader de Pastef, qui avait réalisé une percée spectaculaire lors de la dernière élection présidentielle de 2019, joue son avenir politique pour se positionner au niveau de l’électorat sénégalais. Selon Moussa Diaw, professeur de Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « les enjeux de ces élections vont bien au-delà du contrôle des grandes villes. Elles permettront aux différentes forces politiques en compétition de confirmer leur ascension, d’asseoir leur hégémonie, ou d’essayer d’enrayer leur déclin ». Si pour le journaliste et analyste politique Pape Amadou Fall « rien n’est gagné d’avance pour qui que ce soit et personne ne peut avoir la garantie de rafler la mise, surtout aisément » ; notamment au niveau des grandes villes comme Dakar qui « sera âprement disputée », son confrère Pathé Mbodji, est d’avis que pour la mouvance présidentielle comme pour les toutes autres coalitions en compétition, «l’enjeu de ces élections est la victoire en gagnant gagner dans toutes les villes, pour tout le monde ».
Avec la campagne électorale, poursuit-il, « on verra au fur et à mesure comment se présenteront les choses et en priorité comment chacun va pouvoir gagner chez lui et partout». En tout état de cause, dans un paysage politique en mutation avec l’apparition de jeunes élites, les enjeux nationaux vont peser dans le choix des électeurs lors de ces joutes qui seront un test grandeur nature pour tous les leaders, aussi bien de la vieille garde que les nouvelles apparitions. D’où les risques de nouvelles poussées de tensions en gestation que des médiateurs en missions de bons offices tentent de contenir pour des élections sereines, transparentes et calmes aux fins de préserver la paix et la stabilité sociales. Pour le directeur de publication de l’hebdomadaire « La Gazette », après les territoriales, « ça sera un autre challenge qui va se présenter pour l’élection des députés mais également pour la succession du président Macky Sall». Pour Pr Diaw l’enjeu de ces élections pour le président Macky Sall qui s’apprête à prendre la présidence de l’Union africaine, c’est qu’ « elles lui permettront de savoir si les Sénégalais ont apprécié sa gouvernance, sa politique, est-ce qu’il est soutenu. C’est en fonction de ce résultat-là qu’il va se déterminer, me semble-t-il, par rapport à des enjeux importants (NDLR : Législatives 2022 et Présidentielle de 2024) pour l’avenir »