De passage à Paris, l’ancien négociateur palestinien et avocat spécialisé dans les droits de l’Homme Ghaith al-Omari, fervent défenseur de la solution à deux États, a accordé un entretien à France 24. Ce deuxième volet est consacré à la situation en Cisjordanie et à l’avenir de l’Autorité palestinienne que préside Mahmoud Abbas depuis 18 ans.
Avocat spécialisé dans les droits de l’Homme et chercheur éminent au sein du groupe de réflexion du Washington Institute for Near East Policy, Ghaith al-Omari est un acteur reconnu du processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2014.
L’ancien négociateur palestinien, notamment au sommet de Camp David en 2000 et aux pourparlers de Taba en 2001, et ancien conseiller du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas jusqu’en 2006 était de passage à Paris en mars pour la présentation du projet “Murmuré depuis Gaza”, une série de courts-métrages animés, à l’Assemblée nationale.
L’occasion pour Ghaith al-Omari d’accorder un long entretien à France 24. Après avoir abordé le désarroi de la jeunesse palestinienne, il aborde dans ce deuxième volet la situation politique en Cisjordanie occupée et l’avenir du leadership palestinien alors que le président Mahmoud Abbas est au pouvoir depuis 18 ans à Ramallah. La dernière présidentielle palestinienne a eu lieu en janvier 2005 et les dernières législatives en janvier 2006.
Les habitants de ce territoire font face à un vide politique et sécuritaire qui les pousse à délaisser leur gouvernement et leurs institutions et à se tourner vers d’autres acteurs. À titre d’exemple, les tribunaux de Cisjordanie manquent tellement de moyens qu’il faut des années pour obtenir un jugement.
Et si vous finissez par en obtenir un, il faut ensuite des années pour le faire appliquer. Les gens ne s’adressent donc plus aux autorités pour régler leurs problèmes, ce qui contribue à la désintégration du pouvoir et à la perte de sa légitimité. Dans chaque ville, dans chaque gouvernorat en Cisjordanie occupée, la population prend les choses en main parce que les autorités officielles ne peuvent pas assurer leur sécurité. C’est ce qui explique en partie l’émergence de petits groupes armés sur ce territoire. Dans certains secteurs, comme à Jénine, c’est le Jihad islamique [un mouvement islamiste radical armé, NDLR] qui, aux côtés d’autres groupuscules, domine sur le terrain.
À Hébron, dans le Sud, le calme est principalement maintenu grâce à l’action des tribus et des clans. Cette perte de contrôle et de légitimité de l’Autorité palestinienne alimente et illustre sa grande faiblesse politique. Or, lorsque les institutions et le gouvernement sont faibles, le moindre choc peut provoquer l’effondrement de tout le système. Et d’aucuns craignent que lorsque Mahmoud Abbas quittera la scène, soit en raison de son âge avancé, soit pour des raisons politiques, il laissera un vide derrière lui. Un vide qu’il a contribué à créer. Dans un tel scénario, la possibilité de voir l’Autorité palestinienne s’effondrer devient encore plus sérieuse.