Plus il y a de LED allumées, moins il y a d’étoiles dans le ciel. À tel point que les scientifiques craignent que les principales constellations disparaissent dans les 20 années à venir. « Dans l’expérience esthétique d’un ciel étoilé, le cerveau vit-il un effet miroir, face à sa propre ressemblance avec la mécanique de l’Univers ? » C’est la question que pose Michel Le Van Quyen, chercheur en neurosciences, dans son livre « Cerveau et Nature ». Une question qui prend peut-être une importance un peu plus grande encore aujourd’hui, alors que des chercheurs nous alertent. D’ici 20 ans, il pourrait bien ne plus y avoir une seule étoile à admirer dans notre ciel. Les constellations qui nous sont familières, en tout, ne seraient plus identifiables.
En cause, la pollution lumineuse de plus en plus présente. Du fait, notamment, de l’avènement des éclairages LED, économiques en énergie et que l’on a, du coup, multipliés… En 2016, les chercheurs soulignaient déjà que la Voie lactée avait littéralement disparu pour un tiers de la population mondiale. Et même 60 % des Européens et 80 % des Nord-Américains.
La pollution lumineuse a effacé plus de la moitié des étoiles du ciel en 20 ans
Les diverses politiques de la ville pour réduire la pollution lumineuse et améliorer l’éclairage public la nuit n’ont guère eu d’effets probants. Des chercheurs ont étudié le changement de la luminosité globale du ciel depuis 2011 et concluent que le ciel nocturne brille de plus en plus artificiellement.
La pollution lumineuse gagne rapidement du terrain et le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu la nuit à certains endroits pourrait être divisé par deux en moins de 20 ans, selon une étude scientifique dévoilée jeudi dans la revue Science. La hausse de cette pollution par la lumière artificielle est plus importante que ce qui avait déjà été mesuré via des observations satellites de la Terre la nuit.
Afin d’évaluer l’effet de la lumière artificielle sur le ciel de nuit, les scientifiques se sont appuyés sur des observations d’étoiles réalisées entre 2011 et 2022 par quelque 51 000 « citoyens scientifiques », surtout aux États-Unis et en Europe. L’évolution du nombre d’étoiles visibles signalées permet de déduire que la luminosité du ciel a augmenté annuellement de 9,6 % en moyenne dans les lieux de résidence des participants, selon les chercheurs.
Nous ne sommes plus « confrontés au cosmos »
Avec cette croissance de la pollution lumineuse, un lieu d’où l’on pouvait observer 250 étoiles verrait, sur 18 ans, ce chiffre se réduire à 100. Cette étude a notamment coïncidé avec le remplacement de nombreux éclairages extérieurs par des diodes électroluminescentes (LED) mais, selon les chercheurs, l’impact sur la lumière du ciel de cette transition vers les LED n’est pas clair. « La visibilité des étoiles s’est détériorée rapidement, malgré (ou peut-être à cause de) l’utilisation de LED pour l’éclairage public », ont indiqué les scientifiques.
La pollution lumineuse éteindra-t-elle les étoiles ?
En l’espace de quelques décennies seulement, la lumière artificielle est devenue une cause de pollution. Elle menace non seulement d’éteindre nos étoiles. Mais pèse aussi de manière sensible sur la biodiversité. D’autant qu’elle pourrait bientôt ne plus venir exclusivement que de la terre ferme…
Pourquoi faut-il sauver nos nuits ? Car la pollution lumineuse peut être considérée comme une véritable nuisance, non seulement sociétale, mais aussi environnementale. Elle affecte la biodiversité. La flore, la faune. Jusqu’aux êtres humains qui souffrent de cycles hormonaux et du sommeil perturbés. Une situation qui pourrait être rétablie grâce à des éclairages publics plus doux et raisonnés.
Des solutions que de nouveaux projets menacent déjà. Comme ceux de transformer le ciel étoilé en un panneau publicitaire géant ou de provoquer des pluies d’étoiles filantes artificielles. Ou comme celui de la constellation de satellites Starlink que les astronomes accusent de mettre en péril la qualité de leurs observations.