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Présidentielle 2024: Attention au syndrome de Me Wade en 2012

Lâché par ses camarades de parti (Apr) et de coalition (Bby) au début de cette campagne électorale, laquelle ne dure exceptionnellement que deux semaines, Amadou Ba a finalement obtenu le soutien contraint et résigné. Au premier tour comme durant l’entre-deux tours de la présidentielle de 2012 l’opposant à son ancien Premier ministre Macky Sall ( Apr ), le président sortant Me Abdoulaye Wade (Pds) avait débloqué des dizaines de milliards cfa au profit de hauts responsables de son parti. Eh bien, sentant que ledit naufrage était inéluctable, la plupart de ces responsables libéraux ont soit discrètement quitté le navire « Pds » ou se sont abstenus de battre campagne activement ! Dans tous les cas, ils se sont assis sur les fonds qui leur ont été remis. D’où des votes sanctions qui ont accéléré la défaite de Me Abdoulaye Wade. Un syndrome redouté parles partisans d’Amadou Ba.

Il est vrai que depuis lors, certains ministres, directeurs généraux et autres responsables de la mouvance présidentielle se sont personnellement impliqués dans la campagne électorale aux cotés de leur candidat Amadou Ba. Pendant ce temps, d’autres hauts responsables de la majorité composés de ministres, de maires et de directeurs généraux de sociétés nationales se signalent par leur absence dans leurs localités respectives. En effet, on les accuse d’hésiter encore à se lancer financièrement dans ce qu’ils considèrent comme un « casino » électoral à hauts risques. Dans la région de Dakar et particulièrement dans les départements de Pikine, Guédiawaye, Keur Massar, Rufisque ainsi que ceux de Linguère, Fatick, Kaolack, Louga et Thiès… des militants déplorent le manque d’engagement des responsables politiques de Bby sur un terrain déjà bien occupé par l’opposition. Commentaire de dépit d’un membre du directoire de campagne de la coalition Bby : « Il y a de quoi se désoler !

Par exemple dans certains départements, on nous signe que depuis plus de trois mois, des responsables politiques de la mouvance présidentielle sont portés disparus! Et les rares qui se signalent en soutien à la candidature d’Amadou Ba ne font que des caravanes tape-à-l’œil, et le tour est joué ! Ils ont dû oublier qu’une campagne ne peut cependant pas être lue comme un simple moment d’instrumentalisation des masses, de populisme ou de mise en scène. Car le responsable politique, l’allié ou le souteneur doit à la fois témoigner qu’il est un membre de la communauté et qu’il est à son service, donc, pour prouver sa valeur sur le terrain local il doit vulgariser le programme du candidat Amadou Ba et convaincre les populations de voter pour lui.  En expliquant pourquoi il est meilleur que les 18 autres candidats. Mais rien de tout cela ! Souhaitons qu’ils ne tomberont pas dans leur propre piège au soir du 24 mars prochain. En tout cas, ce qui était arrivé au Pds en 2012 doit nous servir de leçon. Pour avoir détourné les fonds de campagne destinés aux militants, donc à faire de l’animation à la base, le président Abdoulaye Wade avait été sanctionné dans plusieurs localités du pays » se souvient cet ancien cadre du Pds actuellement membre du directoire de campagne de Bby.

Pour cette campagne électorale en cours, il révèle qu’un important budget destiné à la propagande électorale, aux tee-shirts, aux affiches, à la sonorisation, au transport des militants, à leur restauration les affiches et la restauration… a été dégagé au profit des comités électoraux de Bby. Bref, tout un ensemble de supports de communication devant servir à l’animation afin que dans les villages comme dans les quartiers on sente que la campagne bat bien son plein. Sans oublier certaines richissimes autorités politiques et hommes d’affaires dont il était attendu qu’ils piochent dans leurs comptes personnels pour financer leur campagne de proximité au profit du candidat Amadou Ba. « Hélas, je suis convaincu que ces pontes de l’Apr et autres activistes s’autoproclamant publiquement et bruyamment « pro-Amadou Ba » ou « pro-Macky » ne vont jamais mouiller le maillot financier pour aider les militants à animer les comités électoraux dans les quartiers.

Au contraire, ces traitres feront de la rétention de fonds de campagne pour s’enrichir davantage comme des rats sentant le naufrage du navire « Apr … » s’emporte-t-il tout en invitant les responsables de l’Apr et des partis alliés de Bby (Ps, Afp, Pit etc.) à plus de reconnaissance à l’endroit de Macky Sall pour que triomphe son candidat désigné Amadou Ba.

Banque « électorale » du Palais…

Cette campagne électorale de fin de règne nous rappelle celle de Me Abdoulaye Wade en 2012. Au premier comme au second tours de cette présidentielle l’ayant opposé à Macky Sall (Apr), le président sortant Me Abdoulaye Wade (Pds) n’avait pas lésiné sur les moyens. Des dizaines de milliards cfa débloqués avaient fini d’installer le désordre au Palais de la République. La distribution de ces fonds de campagne faite dans l’enceinte même du Palais avait provoqué des bagarres, des frustrations et des débordements. Chaque responsable politique voulait profiter de la «mort » annoncée du roi pour s’enrichir avant la longue traversée du désert en perspective. Ou avant la transhumance vers les prairies « marron-beige ». Un ancien ministre de Me Wade et membre du directoire de campagne se souvient avec amertume que « l’annonce d’un second tour entre Me Wade et Macky Sall avait créé une panique au niveau du Palais.

Et comme c’était la mère des batailles, le président Wade avait presque perdu toute sa sérénité jusqu’à transformer le Palais à une banque électorale où des millions et des milliards cfa se distribuaient à tour de bras ! ». « Le Témoin » a appris depuis lors qu’entre le premier et le second tours de la présidentielle 2012, des marabouts, petits ou grands, chefs de partis alliés, imams, oulémas, délégués de quartier, driankées et autres activistes « door-marteau » du Parti démocratique sénégalais(Pds) et des Forces alliées(FAL 2012) avaient eu à bénéficier de fortes sommes d’argent gracieusement allouées par Me Wade. Lequel, affolé par la perspective de perte du pouvoir, ordonnait de distribuer sans compter. « La plupart des « souteneurs » de masse recevaient entre 10 millions cfa et 100 millions maximum cfa tandis que les leaders de parti, artistes, notables et chefs religieux négociaient des consignes ou mots d’ordre de vote de leurs partisans entre 500 millions cfa et un milliard cfa. Bien entendu, ceux qui étaient chargés de libérer les fonds en question y trouvaient largement leur compte. Les fonds étaient décaissés sans aucune traçabilité. Par exemple, si le président Wade demandait de donner 10 ou 20 millions cfa à telle personne, le « caissier » de circonstance libérait 5 ou 8millions cfa avant de faire passer le bénéficiaire par une porte dérobée. Au finish, ces gens à qui l’argent était remis, sauf quelques rares exceptions, se sont abstenus de battre campagne ou de donner la moindre consigne de vote » nous confie cet ancien haut responsable du Pds. Comme triste exemple, il nous rappelle les dix millions cfa destinés aux comités électoraux de la coalition Fal 2012 d’un département de la capitale qu’un responsable politique avait détournés en pleine campagne électorale.

Un scrutin punitif !

Toujours est-il que, depuis que le président Macky Sall a « libéré » les fonds auparavant bloqués au profit du candidat Amadou Ba, une frénésie s’est emparée des fiefs et bastions politiques. Il ne se passe plus un jour sans que des voix de frustration se lèvent dans les comités électoraux pour dénoncer des retentions ou détournements de fonds de campagne. D’où des mécontentements généralisés de la plupart des « petits » responsables de base qui redoutent le syndrome Me Wade, c’est-à-dire des votes-sanctions massifs pour punir le candidat Amadou Ba, les membres de son directoire de campagne et les responsables locaux de la mouvance présidentielle. Du pain bénit pour les candidats de l’opposition, et plus particulièrement le mieux placé d’entre eux, Bassirou Diomaye Faye…


 

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