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« Projet Pegasus » : espionné par le Maroc,
« Projet Pegasus » : espionné par le Maroc,

« Projet Pegasus » : espionné par le Maroc, « Mediapart » porte plainte

D’après une vaste enquête menée par seize médias, dont « Le Monde », et coordonnée par Forbidden Stories, les téléphones de nombreux journalistes ont été piratés par les services de renseignement marocains. Des « faits extrêmement choquants », selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Le  » Projet Pegasus  » : de nombreux États utilisent un logiciel espion pour cibler leurs concitoyens.

Le site d’information français Mediapart a annoncé, lundi 19 juillet, le dépôt d’une plainte auprès du procureur de la République de Paris, « au nom [du] journal, de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel », deux de ses journalistes. Des informations rapportées par Le Monde, en collaboration avec quinze autres rédactions, dévoilent que les téléphones de nombreux journalistes ont été espionnés par les services de renseignement du Maroc, à l’aide du logiciel israélien Pegasus.

« Les numéros des téléphones portables de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel [cofondateur du site] figurent parmi les dix mille que les services secrets du Maroc ont ciblés en utilisant le logiciel espion fourni par la société israélienne NSO », a confirmé Mediapart dans un article publié lundi, après que ces révélations ont été faites.

Le logiciel Pegasus peut aspirer tout le contenu d’un téléphone sans que rien n’indique à son propriétaire qu’il a été piraté. Il a été conçu par la société israélienne NSO Group, qui le vend exclusivement aux Etats. Le consortium de médias coordonné par l’équipe de Forbidden Stories a pu consulter, avec l’appui des experts d’Amnesty International, une liste de plus de 50 000 numéros de téléphone sélectionnés comme cibles potentielles de Pegasus depuis 2016 pour le compte d’une dizaine d’Etats.

Selon l’enquête, publiée entre autres dans Le MondeThe Guardian et The Washington Post, de multiples journalistes et patrons de médias français figurent, parmi d’autres victimes, sur la liste des cibles de Pegasus. Les rédactions du Monde, du Canard enchaîné, du Figaro ou encore de l’Agence France-Presse et de France Télévisions sont concernées.

L’ancienne journaliste du Canard enchaîné Dominique Simonnot, aujourd’hui contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, a également annoncé son intention de porter plainte, dimanche sur Franceinfo« C’est un véritable scandale d’écouter des journalistes. Ils ont eu accès à mes contacts, à toute notre vie privée, professionnelle », a-t-elle dénoncé.

Sur Twitter, de nombreuses figures de proue de la vie en ligne et de la sécurité informatique, parmi lesquelles le lanceur d’alerte Edward Snowden et le patron de WhatsApp, Will Cathcart, se sont émues de pareilles révélations. Le secrétaire général de Reporters sans frontières a fait part de son « dégoût », et de son « sentiment de révolte, vu l’ampleur de la surveillance et le ciblage des journalistes ».

C’est sans doute l’affaire de cyber espionnage la plus importante depuis l’affaire Snowden. En 2013, on découvrait, sidéré, dans le contexte de l’après-11 septembre, que la NSA avait mis en place un système de surveillance mondialisé de données. Mais les révélations que Forbidden Stories et ses partenaires, avec le concours technique du Security Lab d’Amnesty International, sont en mesure de faire aujourd’hui, semblent encore plus graves. Car elles montrent que cette surveillance n’est pas l’apanage d’un pays aux pratiques déviantes, aussi grand soit-il, mais qu’elle est généralisée, et concerne tous types de nations.


 

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