On aime souvent épiloguer sur l’appartenance religieuse du Président de la République ou celle de ceux qui nous dirigent. Comme si c’était important dans un Etat qui se veut laïque. On semble avoir oublié que le père de la Nation Léopold Sédar Senghor était chrétien dans un pays majoritairement musulman. Et cela n’a en rien oblitéré la mise en place d’une Nation solide qui est le socle d’un Etat qui résiste à beaucoup de soubresauts.
Senghor se rendait même parfois à la grande mosquée, attendait que les fidèles terminent de prier pour leur parler et s’adresser aux sénégalais lors des grandes fêtes religieuses. Le Président Wade se disait Mouride, selon un style qui lui était propre. Mais cela n’a en rien affecté ses relations avec les autres confréries par ailleurs empruntes de cordialité. Le Président Diouf et Sall n’ont jamais vraiment étalé sur la place publique leurs appartenances confrériques même si l’on ne peut pas empêcher les uns et les autres d’épiloguer et parfois de jaser. En clair, qui se soucie vraiment, sérieusement, des convictions religieuses du Président de la République ? Mais personne sauf ceux qui cherchent à entretenir de fausses et inutiles polémiques et des débats stériles qui n’ont fait que nous détourner de l’essentiel et nous divertir dans un contexte pareil.
Que le Président soit croyant ou athée, c’est là une question profondément personnelle qui ne saurait, en aucun cas, influer sur sa façon de gérer le pays. Car, notre pays fonctionne selon des paramètres précis qui font que les hommes ou les femmes qui pourraient un jour présider à sa destinée sont tenues au respect de certaines traditions fondamentales.
Qu’importe leurs convictions personnelles. Ce qu’il faut cependant est de maintenir une certaine égalité entre familles religieuses et de les traiter à égale dignité. Nous savons que le président a un agenda contraignant, mais il urge de rencontrer les dignitaires des autres familles religieuses et l’Eglise. Car, il est primordial de ne pas prêter le flan et de s’inscrire dans une dynamique d’impartialité à l’égard des confréries et de ceux qui sont de confession chrétienne. Il est par ailleurs dangereux pour tout Chef d’Etat qui arrive au pouvoir de confondre les convictions religieuses de ceux qui nous dirigent avec celles de ses concitoyens et de croire que l’une peut influer sur les autres ou vice-versa.
L’Etat doit bâtir une diplomatie religieuse de premier ordre. Mais il doit rester à équidistance et neutre dans l’approche collaboratrice. Car, autant l’Etat ne saurait interférer dans le fonctionnement de ces clergés (musulmans et chrétiens), autant ces derniers ne sauraient exercer un quelconque chantage sur les autorités publiques. Le modus operandi doit être de prêter la même attention à tout le monde dans le respect des croyances et convictions de chacun.
Les familles religieuses ne doivent pas être traitées dans une approche électoraliste en les jugeant ou les jaugeant selon leurs poids démographiques. Ce serait tomber dans les travers du passé…
Assane Samb