En l’absence de toute étude statistique sur la question, il n’est pas superflu de noter que les cas de suicide deviennent de plus en plus fréquents au Sénégal.
Depuis quelques années, qu’on soit jeune ou vieux, hommes ou femme, on n’hésite plus apparemment, à mettre fin à sa vie. Nous avons noté, ces derniers jours, la lettre pathétique d’un jeune qui s’est donné la mort. Il dénonçait la manière dont ce dernier le traitait. Il en est de même du cas de ce père de famille qui s’est pendu non loin de son domicile alors qu’il laissé toute sa famille réunie dans sa concession sans donner des signes qui pourraient les alerter.
Des femmes suivent aussi ces exemples tragiques. Et le plus souvent, l’opinion n’en sait pas plus. Pourtant, le suicide est un phénomène qui, même s’il n’est pas étranger à notre société, n’en est pas moins rare. Aujourd’hui, la tendance est en train de s’inverser. Et ceci est certainement imputable, entre autres raisons, à l’uniformisation appelée mondialisation des modes de vie. Le monde devient vraiment un gros village où les pratiques se généralisent pour épouser les mêmes formes.
En effet, dans les sociétés développées, qu’elles soient occidentales ou orientales, le suicide n’est pas rare. Des gens, aisés ou pas, y voient un mode ‘’commode’’ de mettre fin à leurs problèmes qui, leur paraissent, sur le moment, insolubles. Ainsi, les rubriques des faits divers de journaux dans certains pays sont pleines d’informations de ce genre. Beaucoup mettent fin à leurs vies.
Ici, ni les traditions ni les foies ne permettaient, jusqu’à tout récemment, la prolifération de tels phénomènes. L’éducation reçue, notamment dans le cercle familial, mettait en avant des valeurs autres que matérielles et les problèmes étaient exposés dans le cercle familial et amical y compris chez les voisins assimilés à des parents. La chaîne de solidarité était telle que l’individu n’était en fait qu’un maillon. Et cette forme de socialisation existe encore en Afrique. Mais, le problème, c’est qu’elle se raréfie pour laisser place à un individualisme étriqué qui fait que la personne supporte, souvent seul, toutes les charges de sa vie. Pis, on privilégie les amitiés virtuelles sur les réseaux sociaux. Et on se laisse souvent aller à une recherche effrénée d’un bien-être matériel toujours plus grand.
Dans ce contexte où tout le monde est pressé de réussir surtout et d’être considéré, il n’y a pas de place à l’introspection encore moins à la spiritualité. Le mode de vie en Afrique s’occidentalise à outrance. Et cela fait que le stress monte ainsi que la névrose, la schizophrénie, etc. L’individu, chez nous, à de plus en plus du mal à s’adapter au rythme d’une société malade qui le considère comme un objet de production économique et de consommation. Pis, là aussi dans les sociétés occidentales, on s’occupe souvent de ses problèmes, ici, notamment au Sénégal, la médisance est devenue un sport national. Et on ne tolère pas l’échec chez l’autre et surtout les erreurs. Les gens sont cloués au pilori et le simple fait de réussir attire des animosités graves de la part d’un entourage intéressé et méchant.
Et dans cette société de fous, ceux qui sont fragiles sont gravement exposés. C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup préfèrent quitter le pays quitte à monter sur des pirogues pour rejoindre l’Europe afin d’échapper à cette situation. En clair, beaucoup d’émigrés cherchent plus à s’échapper qu’autre chose. S’ils peuvent revenir les poches pleines, c’est tant mieux. S’ils ne peuvent pas, ils font semblant. C’est facile d’être riche pendant un mois….
C’est dire que les suicides iront certainement crescendo dans l’avenir. Car, rien ne saurait arrêter ce progrès matériel qui, inversement, appauvri les humanités dans la société. C’est la conséquence des singeries de l’Occident. En les copiant à tout-va et à tout prix, on a tout pris, y compris les suicides.
Assane Samb