En conférence de presse hier, les avocats de Sonko ont battu en brèche les propos du procureur, Abdou Karim Diop. Au cours de cette rencontre avec la presse, il a été noté la présence d’un « invité surprise » : Me Juan Branco. Il dit être à Dakar « pour dire au Procureur qu’il n’a pas peur ».
Selon Me Youssoupha Camara, un des avocats du leader de Pastef, en février-mars 2021, Ousmane Sonko était poursuivi par le même Parquet et pour les mêmes faits. « D’abord je voudrais rappeler que le Parquet est un et indivisible. Ce Parquet (…) ne se souvient même pas qu’en février-mars 2021, Ousmane Sonko, entendu à la Section de recherche, était poursuivi par le même Parquet pour les mêmes faits, sauf le vol », dénonce-t-il. Dans la même logique, son confrère, Me Demba Ciré Bathily estime qu’il faut « arrêter toute forme de polémique » sur la contumace et qu’il y a bel et bien un lien entre les deux affaires. « Lorsqu’on poursuit un fait qu’on qualifie de criminel, généralement la poursuite d’un fait est encadrée dans un délai, au-delà de ce délai ce fait ne devrait plus pouvoir être poursuivi et c’est la raison pour laquelle dans le droit de tradition francophone, on a imaginé une procédure qu’on appelle une procédure de contumace, c’est-à-dire que la personne est jugée à son absence pour éviter la prescription de l’action et il y a une peine qui est donnée et qui permet de poursuivre encore plus longtemps.
C’est la raison pour laquelle on dit que dès que la personne est arrêtée, le jugement est anéanti et toutes les autres décisions qui ont été prises sur la base de cette décision sont anéanties. Donc vous pouvez considérer en droit, qu’aujourd’hui, il n’existe plus aucune condamnation par rapport à ce jugement rapporté à Ousmane Sonko. Cette décision est définitivement anéantie. Et Ousmane Sonko ne peut être détenu à aucun titre que ce soit du fait de ce jugement et qu’à la limite, la procédure de jugement devrait être reprise sur la corruption de mineur », soutient Me Bathily. « Nous avons écouté le Procureur dire qu’il poursuit Ousmane Sonko pour appel à l’insurrection et invoquer un certain nombre de dossiers qui font déjà l’objet d’information ouverte dans des cabinets d’instruction. Le juge d’instruction est saisi de l’ensemble des faits et c’est ce juge d’instruction qui doit identifier toute personne qu’il pense avoir participé à l’infraction et l’interpeller.
Et si au cours de son enquête, (il) découvre des faits nouveaux, (il) transmet le dossier au Procureur pour qu’il puisse prendre un réquisitoire supplétif », ajoute-t-il. Selon l’avocat, il s’agit de faits qu’on veut tout simplement « rattacher à Ousmane Sonko » et qui « n’ont aucun fondement juridique ». « Cela veut dire que toute enquête qu’un officier de police judiciaire a pu faire par rapport à ces faits, en dehors d’une délégation judiciaire, n’a aucun fondement juridique », précise encore Me Bathily.
Pour sa part, Me Juan Branco venu fraichement de la France pour prendre part à la conférence de presse du pool des avocats d’Ousmane Sonko s’est adressé directement à Abdou Karim Diop qui, dernièrement, a fait savoir qu’il a « l’opportunité des poursuites ». « Je suis venu vous dire, M. le Procureur qu’une masse sombre et obscure vous toise, vous et vos décisions d’apparence si ferme et si assurée. (…) Monsieur le Procureur de la République, l’espoir du monde résonne au Sénégal où un juste il ya quelques années s’est levé. Si je prends le temps de lire ce texte c’est parce qu’il est particulièrement important et que les conséquences de ma présence ici peuvent être cardinales pour ma vie, pour celle de mon client et de millions de sénégalais », laisse-t-il entendre.
Enfin, pour ce qui concerne son client, Juan Branco de dire que c’est peine perdue de vouloir stopper une vague déferlante avec ses bras. « Ousmane Sonko, porteur de l’espoir du grand peuple et déshérité a été arrêté. Ce n’est pas le cas de l’espoir qui se levait à ses côtés, cet espoir que les balles n’ont pas réussi à détenir résonne par-delà ces contrées, il se lève et se pose dans les cœurs des centaines de milliers d’exilés, qui de Paris à Hong Kong ont dû fuir la misère que leurs gouvernants généraient. Cet espoir va au-delà, il est de celui de toute les masses sombres et obscures qui partant des jeunes déshérités de Thiès voguent jusqu’aux gilets jaunes français en passant par les enfants de Gaza, les hommes et femmes maltraités, tous ceux qui crient liberté, dignité, souveraineté. Cet espoir, aucune digue et aucun Procureur ne saura l’arrêter », conclut-il.