À peine sorti de la minorité, Mohamed S., habitant du quartier Colobane 2 de Rufisque, a eu affaire à la justice qui le poursuit pour trois viols. Il aurait entretenu des rapports sexuels avec ses victimes sous la menace d’un couteau et d’une matraque. Deux ans plus tard, son dossier a été plaidé hier, devant la chambre criminelle de Dakar qui a fixé son délibéré au 4 février prochain.
Électromécanicien de profession, Mohamed S. a fait l’objet de trois plaintes. Toutes ses victimes supposées ont déclaré avoir couché avec lui sous la menace d’un couteau et d’une matraque. Divorcée et mère d’un enfant, Khady D. est allée faire une dénonciation au niveau du commissariat de Rufisque dans l’après-midi du 1er novembre 2022. Elle a confié aux limiers que ce jour-là c’est son amie Khady Sarr qui l’a envoyée récupérer un colis chez le mis en cause. Arrivée à la pharmacie Thiawlène à 13h, la plaignante a appelé au téléphone Mohamed qui est passé la prendre. Ensemble, ils se sont rendus dans une maison. Après avoir installé la jeune dame dans une chambre, Mohamed lui a demandé de patienter, car avance-t-il, le colis n’était pas encore arrivé. « Alors que je manipulais mon téléphone portable, il a brandi un couteau et une matraque pour me contraindre d’enlever mon pantalon. Quand je lui ai opposé une résistance, il s’est saisi d’un oreiller pour m’étouffer. C’est dans ces circonstances qu’il m’a violée », a raconté Khady D. Après sa sale besogne, Mohamed a envoyé un message à sa victime pour lui présenter ses excuses tout en lui faisant savoir qu’il est prêt à assumer ses actes devant la justice. Un message que les enquêteurs ont retrouvé dans le téléphone portable de Khady D. Dans la foulée de cette enquête, Binta B. s’est présentée au niveau du même commissariat pour dénoncer des faits de viol et de collecte illicite de données à caractère personnel. Dans sa narration des faits, elle a expliqué que Mohamed est un ancien camarade de classe. Elle l’a invitée chez lui le 14 novembre 2022 dans le but, dit-il, de la présenter à un vieux très riche. « Arrivée à la pharmacie Thiawlène à 19h, un de ses amis du nom d’Arona est venu me chercher pour me conduire dans une maison un peu délabrée. Il faisait sombre dans la chambre que Mohamed m’a accueillie. Terrifiée, j’ai allumé la torche de mon téléphone. J’ai vu qu’il détenait un couteau et une matraque. Sur ces entrefaites il me demande de me déshabiller. Prise de peur, je me suis exécutée. C’est alors qu’il m’a violée et filmée, avant de s’emparer de mon téléphone portable », a relaté Binta qui a porté plainte tout juste après les faits. La nommée Ndèye Rokhaya a dit avoir subi le même sort dans les mêmes circonstances. Convoqué le 17 novembre 2022, Mohamed a reconnu avoir violé les deux premières plaignantes. S’agissant du couteau et de la matraque, il a signalé qu’il les a gardés dans la chambre de son ami, Arona, en fuite. Sur la base de ses aveux, l’homme, âgé de 18 ans au moment des faits, a été déféré, puis placé en détention provisoire le 23 novembre 2022.
Les parties civiles réclament chacune 30 millions francs
Devant la chambre criminelle de Dakar hier, l’accusé a fait volte-face, alléguant qu’il était en couple avec Khady D. et Binta B. Il a eu des relations sexuelles consenties avec les deux dames. Confronté à son message d’excuse, Mohamed a argué que c’est sa victime Khady qui l’a forcé à envoyer le message. Concernant Ndèye Rokhaya, absente de l’audience, Mohamed a déclaré qu’il ne la connaît pas. C’est Binta qui est venue avec elle à la police. Khady D. et Binta D. ne se connaissent pas. Elles ont maintenu chacune leurs versions. Suspectée de complicité au départ, Khady Sarr a confirmé à l’enquête avoir envoyé Khady D. chez l’accusé pour récupérer un Iphone et 1 million francs. Le conseil de Khady D. et Binta B. a demandé à la chambre de condamner l’accusé à payer à chacune des parties civiles 30 millions francs. Car, soutient-il, ces dernieres sont atteintes de troubles psychologiques depuis les faits. Elles sont hantées sans cesse par les images qu’elles ont vécues. De l’avis du substitut du procureur, le message d’excuse est un aveu de taille. Sur ce, il a requis 10 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. Pour les deux avocats de la défense, les certificats médicaux laissent penser à un consentement. Étant donné que les blouses blanches n’ont relevé aucun signe de lutte encore moins des déchirures hyménéales. Ils ont ainsi plaidé l’acquittement. Le juge a fixé la date du délibéré au 4 février prochain.