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Tribunal : Un professeur attaque verbalement le juge d’instruction

Silhouette fine, cheveux blancs, le professeur D. Sangotte a été floué de 2 millions francs. Un dossier qui a atterri sur la table d’un juge d’instruction.
Excédé par la lenteur de la procédure, le sexagénaire a débarqué dans le bureau du magistrat sans y être convoqué. Ayant trouvé ce dernier en pleine audition avec une personne assistée de son avocat, il a attaqué verbalement le magistrat.
Sur demande de celui-ci, les gendarmes ont arrêté le mis en cause. Après cinq jours de détention préventive, D. Sangotte a comparu hier, à l’audience des flagrants délits de Dakar pour outrage à magistrat. « J’ai haussé le ton, car j’ai été escroqué.
La procédure traine et j’ai perdu espoir », s’est justifié le prévenu. Mais, il a été admonesté par le président de la séance. « Vous avez intérêt à changer. Je ne minimise pas vos 2.000.000 francs, mais ceux qui ont été escroqués à hauteur de 100.000.000 francs devraient-ils se suicider alors? Le collègue a fait un effort puisqu’il a déjà entendu le mis en cause. Pourquoi vous voulez l’accuser injustement ? », a demandé le juge.
Le comparant de réitérer qu’il a agi par désespoir. « J’ai présenté mes excuses à la partie civile », informe-t-il. Reprenant la parole, le juge a souligné : « Vous devez respecter les institutions. Que faites-vous des cours d’instruction civique que vous enseignez à vos élèves?
Le magistrat est une autorité. Vous ne pouvez pas le trouver dans son bureau et l’agresser ». Saisissant la balle au bond, le représentant du Ministère public a demandé au prévenu pourquoi il a dit à la police qu’il ne regrettait rien. M. Sangotte a opté pour la dénégation. Pis, il a tenté de faire porter le chapeau à la partie civile en l’accusant de l’avoir provoqué.
« Il a été sec et froid avec des mots aigre-doux. C’est ce qui m’a choqué, alors que je me suis comporté comme un gamin devant lui », affirme-t-il. Revenant à la charge, le substitut du procureur a demandé au mis en cause s’il savait la sanction qu’il encourait.
L’éducateur a répondu par la négative. Le parquetier de lui faire savoir qu’il risquait entre un mois et deux ans de prison. « Théoriquement, vous risquez deux ans ferme. Si la loi est appliquée, vous perdez la liberté, mais également votre emploi puisque vous êtes fonctionnaire », a pesté le magistrat.
Sonné par une telle information, le sexagénaire a confessé : « J’ai reçu une bonne éducation. Mon père qui est là peut le témoigner ». Vêtu de blanc, un vieil homme s’est signalé et le juge lui lance : « Si vous voulez l’aider, il faut lui tenir un langage de vérité, car son tempérament risque de lui coûter cher ». Malgré les regrets du prévenu, le maître des poursuites a sollicité l’application de la loi pénale. Reconnu coupable, D. Sangotte a écopé d’une peine d’avertissement de six mois avec sursis.

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