Après les affrontements en politique et cette initiative de charte de non-violence initiée par le Cadre unitaire de l’Islam, le sport a pris la relève avec, cette fois-ci, la mort d’un jeune à Rufisque suite à des échauffourées lors d’un match de navétanes.
A Rufisque d’ailleurs, des actes de vandalisme ont été notés avec la pelouse du stade qui a été endommagée par des supporters en furie parce que simplement l’arbitre a sifflé un pénalty contre leur équipe. Toujours en pareils cas, les prétextes sont fallacieux. En général les nerfs sont tellement tendus qu’il suffit d’une étincelle pour mettre le feu. Ce qui inquiète nombre de sénégalais qui s’interrogent sur le fait que la violence est devenue, pour une bonne partie de la société, surtout sa jeunesse, un mode de règlement des problèmes.
Dans la rue et dans leurs activités quotidiennes, le sénégalais se distingue, aujourd’hui, par l’impatience, l’intolérance, la précipitation au point de mettre en danger sa sécurité et celle des autres. Les actes de violence sont même aujourd’hui tournés vers soi-même ou ses proches. La preuve ces deux cas en l’espace de quelques semaines où des parents ou tués ou tenté de tuer leurs enfants. Il en est ainsi des actes de viol, d’agression, de vol à main armée, de violence conjugale, de tension dans les lieux de travail, d’agression verbale et sur les réseaux sociaux, etc.
D’ailleurs, la politique et le sport sont devenus les vecteurs par excellence, des actes de violence grave dans la société. Et les raisons sont multiples. Il s’agit de compétitions faites entre personnes qui, au-delà des rivalités, incluent des dimensions régionalistes, ethniques, familiales, de stature sociale et de gestion de carrières. Se faisant, le réflexe identitaire aidant, les foules s’engagent d’une façon passionnée dans les batailles sans forcément avoir une vision nette de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire. Car, ceux qui sont les principaux acteurs de ces actes de violence ne sont pas forcément acteurs directs sur le terrain. Ce sont souvent des spectateurs dans le sens où s’il y a une quelconque formation ou encadrement dans le secteur, ils ne sont pas forcément concernés.
Du coup, ce sont eux les vrais problèmes. Car, les sportifs comme les politiques ont besoin d’eux, de leur soutien indéfectible et ne se privent pas, parfois, de faire jouer certaines fibres comme l’appartenance au même milieu familial, à la même religion, à la même ethnie ou autres pour maximaliser les chances d’être soutenus. C’est pourquoi, ça craint non seulement pour les rencontres sportives mais aussi pour les futures échéances électorales.
En conséquence, le Sénégal doit se doter d’un observatoire des actes de violence physique et morale et intégrer dans l’approche toutes les dimensions afin de cerner un phénomène pernicieux qui prend de l’ampleur. Car, comme on le dit très souvent, la violence est l’arme des faibles. Et ceux qui en usent ou en abusent sont souvent des gens qui ont besoin d’une forme d’assistance, d’encadrement, de prise en charge. En clair, il faut réfléchir sur des solutions en amont afin de prévenir ces actes dans tous les milieux potentiellement concernés.
Certes, il faut éviter d’être alarmiste car la stabilité du pays n’est nullement en cause. Mais, à voir ce qui se passe parfois dans le milieu estudiantin où les étudiants ont exactement le même réflexe que ces jeunes qui ne sont pas à l’école, il devient impératif de réfléchir sur le phénomène et à y consacrer l’énergie nécessaire afin de le conjurer.
L’Observatoire a comme avantage de permettre aux décideurs de prendre les devants avec des mesures préventives et curatives conséquentes.
Assane Samb