Dans un entretien paru ce mardi dans L’Observateur, Robert Bourgi s’est proposé de dire «certaines vérités» à Macky Sall. L’avocat français est parti de son analyse des tendances des élections législatives qui révèlent une percée de l’opposition et un coup de massue dans le camp présidentiel.
«Je sais que le Président va pardonner ma franchise. Elle pourrait heurter ou déplaire à certains de son entourage», a prévenu Robert Bourgi.
Avant de déclarer : «Macky Sall est bien seul. Face à la jeunesse qui veut jouer un rôle, et non pas continuer à jouer le rôle de sans-emploi ou du chômage, terreau de la violence, il (le chef de l’Etat) manquait de relais solides dans son camp.»
L’avocat français se dit convaincu que les responsables du camp présidentiel avaient «tout faux». Il explique : «La jeunesse exposait les problèmes, elle recueillait le silence, voire le mépris. Les professionnels de l’opposition ont trouvé en cette jeunesse désorientée et sans débouchés, un vivier de jeunes convertis à la contestation la plus dure. Et face à eux, peu de gens avisés ayant pour devoir politique de dire la vérité, de la rétablir en son nom (Macky Sall).»
Face à cette situation, recommande Robert Bourgi, Macky Sall «doit prendre les choses en main et s’adresser au peuple souverain». «Nul ne doit contester son rôle suprême. Il lui faut tonner, dire et faire ce qui doit être fait», martèle l’une des principales figures de la France-Afrique.
Pour l’avocat français Robert Bourgi, Macky Sall n’a pas en tête de briguer un troisième mandat. Sinon, laisse-t-il entendre dans un entretien paru ce mardi dans L’Observateur, il l’aurait perçu durant leurs fréquents échanges. «Que de fois avons-nous parlé et échangé, lui et moi ! A Dakar, à Paris et dans certaines capitales européennes ; le fantasme des fantasmes n’a jamais été évoqué : le troisième mandat», affirme l’analyste politique, spécialiste des relations entre la France et l’Afrique.
Relancé par le journaliste, qui lui demande s’il était sûr que Macky Sall n’a pas l’intention de se présenter pour sa propre succession en 2024, Robert Bourgi s’est montré catégorique : «Jamais, il n’en fut question.»
Il ajoute : «Aujourd’hui, il doit dépasser cela et gouverner le Sénégal à la lumière non seulement de ces législatives, mais des multiples troubles qui ont agité le pays depuis mars 2021. Des morts sont tombés, des blessés pansent encore leurs plaies, des dégâts matériels énormes ont été faits.»