Les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS) ont célébré le cinquantenaire de leur création, les 15 et 16 décembre. Rendant hommage à leur prédécesseur, elles profitent de l’occasion pour exposer les ouvrages qu’elles ont édités mais également discuter de la « situation » critique du livre et de la lecture au Sénégal. Fondées en 1972 par le président sénégalais d’alors, Léopold Sédar Senghor (1906-2001), avec la collaboration de la Côte d’Ivoire et du Togo, « pour promouvoir la littérature africaine », les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (NEAS), célèbrent aujourd’hui 50 ans de présence dans le paysage littéraire africain. Occasion pour elles, de mettre sur la table les problèmes qu’elles rencontrent non seulement dans l’édition mais également les difficultés dans leur boite.
« Nous sommes presque en crise depuis la perte du marché de l’éducation nationale », a fait savoir la directrice, avant de poursuivre : « En effet, Senghor, en créant la maison d’éditions NEAS, nous a donné le monopole de ce marché. Chaque année, c’est les Néas qui approvisionnent même la sous-région, le Niger, le Mali, le Togo, la Côte d’ivoire.
Les ouvrages circulaient, on avait le même programme éditorial, mais malheureusement après cette scission, les problèmes ont surgi donc et en ce moment, nous faisons tout pour préserver ce patrimoine national et comme vous le savez, ce sont les ouvrages scolaires qui sont les locomotives d’une société d’édition qui se veut rentable parce que nous ne sommes pas des auteurs, nous sommes des éditeurs, nous avons des entreprises commerciales, il nous faut le livre, avoir une marge bénéficiaire pour rentabiliser notre investissement pour faire marcher nos entreprises et c’est un problème. Parce qu’il y a beaucoup de coûts dans le livre. Depuis le manuscrit, vous payez pour la correction, l’impression, l’infographie pour les illustrations et à la sortie de l’ouvrage, il faut faire la promotion. C’est un coût, la distribution et maintenant, le problème c’est la commercialisation, car vendre un livre n’est pas facile. Les auteurs ne cessent de se lamenter pour les droits d’auteur, on les comprend parce qu’ils veulent vivre de leur droit, mais c’est à cause de ces problèmes que nous n’arrivons pas à payer les droits d’auteurs.
Problèmes de lecteurs
On a aussi un problème de lecteur, de la culture du livre au Sénégal, il faut l’avouer, l’Afrique n’a pas la culture du livre », a dénoncé la directrice générale des NEAS, Aminata Sy. Toutefois, malgré ces difficultés que rencontrent les nouvelles éditions, il ne manque pas d’acteurs qui croient toujours en la littérature et n’hésitent pas à donner leur coup de main pour la bonne marche de ce patrimoine culturel. Ce sont à eux que les Neas expriment leurs gratitudes. « Nous remercions beaucoup le président Macky Sall parce que dès qu’il a pris connaissance de nos difficultés financières, il nous avait envoyé une forte subvention et a donné des directives pour restructurer la société afin de la sauvegarder comme patrimoine national.
Nous remercions aussi notre parrain Moustapha Niasse, ancien président de l’Assemblée nationale pour sa contribution et son soutien indéfectible, à chaque parution, il a acheté beaucoup d’ouvrages pour la bibliothèque de l’Assemblée nationale. Nous remercions le ministère de la culture qui a mis en place l’aide à l’édition gérée par la direction du livre pour promouvoir la littérature générale et tous nos partenaires pour leur soutien indéfectible, les auteurs de la maisons qui continuent de nous faire confiance et surtout le personnel malgré les situations difficiles.»
Rosita Mendy