Alors qu’il abrite le Forum mondial de l’eau, ce matin, le Sénégal peine à assurer à sa population rurale, le liquide précieux en qualité et en quantité. Le rapport final de la mission d’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale, entamée depuis 2014, note des résultats mitigés.
Il était attendu de la réforme que les populations rurales disposent d’un service d’eau continu, répondant aux normes de qualité et de quantité suffisante. Mais à Thiès, Diourbel, Fatick, Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, les populations font face à un manque d’eau récurrent mais aussi à une qualité douteuse de liquide servi. Alors que s’ouvre ce matin le Forum mondial de l’eau à Diamniadio, le Sénégal est loin d’avoir atteint ses objectifs dans l’accès universel à l’eau dans le monde rural. Une enquête du Quotidien, en collaboration avec le Forum civil, révélait dans son édition du 28 août 2021, les défis qui plombent la réforme de l’hydraulique rurale entamée en 2014 pour la professionnalisation de la gestion de l’eau confiée à 4 opérateurs, à savoir Seoh (Notto-Ndiosmone-Palmarin/Gorom Lampsar), Aquatech (Thiès et Diourbel), Flexeau (Kaffrine et Kaolack) et Soges (Tambacounda), Délégataires de service public (DSP).
«22% des forages sous Délégation de service public»
Dans le rapport final de l’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale, les résultats sont mitigés parce qu’en fin 2020, il ressort que sur les 1989 SAEP (Systèmes d’approvisionnement en eau potable), constitués de 2065 forages et de 57 UPT (Unités de potabilisation et de traitement), 446 seulement sont sous DSP, soit 22 % des SAEP. Rapporté à l’effectif de 1547 SAEP en 2015, le taux de délégation s’établissait à 39%. Dans les zones sous DSP, sur un effectif contractuel de 691 systèmes Approvisionnement en eau potable (AEP) pour les 4 périmètres, près de 35% ne sont pas encore intégrés au périmètre d’affermage», mentionne le rapport, daté de juillet 2021.
Dans le cadre de ses activités, l’Office des forages ruraux a finalisé la contractualisation avec 4 fermiers, sur 8 prévus et qui couvrent au total 6 régions sur 13 concernées. Il reste encore un nombre important de forages gérés par des Associations des usagers des forages (Asufor). Mais les principales difficultés relevées sont liées au fonctionnement de certaines DSP. Pour les opérateurs délégataires, l’Ofor n’a pas été en mesure de mettre en exécution l’une des clauses contractuelles consistant à leur confier des ouvrages et infrastructures fonctionnels. En termes de qualité de l’eau, les problèmes de salinité n’ont pas encore été résolus par les opérateurs.
Plus 8 millions en quête de l’eau potable
Cette réforme est chahutée au plan de l’acceptabilité sociale de la réforme. Certains périmètres sous DSP, notamment dans les régions de Thiès et de Diourbel, sont sujets à de fortes réticences des populations entraînant un retrait des SAEP de la gestion des opérateurs. Par conséquent, de Mboro à Baba Garage en passant par Ndagalma, Tocky Gare, Ngoyé et Touba Toul, des collectifs citoyens se sont mis en place pour chasser Aquatech et assumer la gestion de l’eau. «Cette situation occasionne souvent une intervention de la force publique afin d’éviter le retour à la gestion communautaire et une confiscation de l’infrastructure par les populations.
Les représentants des Asufor et populations réticentes justifient leurs réticences et opposition aux DSP par des performances qu’elles auraient obtenues dans l’exploitation des SAEP ayant permis dans certaines localités, de prendre en charge des dépenses d’investissement communautaire et de participer aux activités de développement local», souligne le rapport.
Les DSP n’ont pas un bon taux de couverture de leur zone d’affermage. Dans la zone d’Aquatech, plusieurs systèmes se sont retirés du périmètre de l’opérateur et fonctionnent de manière indépendante.
Dans les lieux où Flexeau opère, on note plusieurs forages qui fonctionnent dans des localités sous l’emprise des leaders religieux, et qui ne sont pas encore intégrés dans son périmètre. Il en est de même pour Soges, qui n’a intégré à ce stade qu’environ un tiers des forages de la région de Tambacounda. Pour ce dernier opérateur, cette tendance est à nuancer en tenant compte de l’approche d’incorporation qui consiste à progresser par département en consolidant les acquis. Il faut relever qu’à terme, la réforme de l’hydraulique rurale doit toucher 8 millions 178 mille 859 personnes réparties dans 13 régions du Sénégal. Pour la première phase qui concerne les régions de Thiès, Diourbel, Fatick, Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, ce sont 5 millions 146 mille 142 personnes qui peinent à accéder à manière régulière à l’eau potable.