Le représentant du ministère public près le Tribunal de Pikine-Guédiawaye, a requis, ce mercredi, une peine de trois ans ferme contre Alima Fall dite Alima « Suppo » assortie d’une amende de 500 mille francs, deux ans contre Maty Mbaye et Haoussou Ndiaye et une amende de 300 mille pour la première et de 200 mille pour la seconde. S’agissant des autres, le parquetier a demandé contre eux une peine d’un an ferme et une amende de 100 mille francs.
Le procureur s’est dit convaincu que Maty Mbaye, Pape Guèye, Seynabou Gassama, Bintou Diouf, Alima Sow, Alima Fall, Haoussou Ndiaye, Moussa Gassama sont coupables de faits d’association de malfaiteurs, mise en danger de la vie d’autrui, vente illégale de produits pharmaceutiques, exercice illégal de la profession de pharmacien, usurpation de fonctions, administration de substance nuisible à la santé publique pour lesquels ils sont poursuivis.
A la barre du tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye, les prévenus ont tous nié les faits. « Je vends des produits naturels « bio ». Je ne savais pas que c’était interdit de vendre une pommade pour grossir les fesses. Si je le savais je n’aurais pas utilisé cette pommade que j’ai également recommandée à ma famille », a déclaré Maty Mbaye, une des mises en cause, propriétaire d’une boutique Cosmétique. Revenant sur la composition de la pommade pour grossir les fesses, Mme Mbaye a déclaré : « J’achète les produits à « Keur Serigne Bii » pour faire le mélange. J’ai fait une formation sur les produits céréaliers. Je n’ai aucune expertise. C’est à travers YouTube que j’ai appris à faire le mélange. Je reconnais la mise en vente mais j’ignorais que c’était interdit. »
Alima « Suppo » : « Mes produits n’ont jamais fait de victimes »
Pour sa part, Alima Fall, plus connue sous le nom de « Alima Suppo », principale mise en cause dans cette affaire, a indiqué qu’elle fabrique certaines pommades comme « caviar ». « J’ai fait une formation en cosmétologie en Côte d’Ivoire. Mes produits n’ont jamais fait de victimes », dit-elle. « Avez-vous une autorisation administrative pour exercer ce commerce ? », lui demande le juge. « On était en train de faire les démarches pour avoir une autorisation administrative. Malheureusement, c’est au moment où j’ai entamé les démarches que j’ai été arrêtée », a-t-elle répondu. Les autres ont nié, tour à tour, avoir vendu ou fabriqué les produits mis en cause.
Témoignage d’un pharmacien : « Des remèdes secrets »
Amina Diop, témoin et agent du ministère de la santé a confié au tribunal avoir trouvé des produits pour fesse dans les différents magasins et des compléments alimentaires qui ne disposent pas d’autorisation de commercialisation. « Des remèdes secrets », a-t-elle précisé, soulignant qu’ils sont interdits par la loi ainsi que la publicité et la vente de médicaments en ligne.
La partie civile pour une sanction dissuasive, la défense pour le pardon
Me Massokhna Kane de SOS consommateurs et l’ordre des pharmaciens du Sénégal se sont constitués parties civiles dans cette affaire. « Cette affaire est très grave pour des raisons de santé publique et ça prolifère. Ça dure depuis des années et c’est très lucratif. Il y’a même des réseaux qui viennent de l’étranger et qui s’activent dans cela. On tue des gens tout le temps avec des produits », regrette l’avocat. Me Kane a demandé au tribunal de déclarer Alima Fall, Maty Mbaye et Haoussa Ndiaye coupables des faits pour lesquels elles comparaissent et de leur infliger « une sanction dissuasive pour donner la leçon aux autres ». Pour les autres prévenus, il s’en est rapporté à la décision que rendra le juge. Les avocats de la défense ont, quant à eux, sollicité la clémence du juge, soulignant, cependant, que « le caractère nuisible de ces produits n’a pas été rapporté par l’accusation ». L’affaire a été mise en délibéré pour jugement devant être rendu le vendredi 7 février 2025.
E. Ndiaye