Prenant service ce 1er juillet 2023, le nouveau Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à UNFPA a parlé des défis qui deviennent de plus en plus croissants, dans un message rendu public ce lundi. Selon Sennen Hounton, ‘’à travers un leadership partagé et une recevabilité partagée, nous nous attèlerons à accélérer et impulser les progrès vers nos trois résultats transformateurs, l’amélioration du capital humain de la fillette de 10 ans, et la vision futuriste du Secrétaire Général des Nations Unies, « Notre Agenda Commun »’’.
Médecin de formation, M. Hounton apporte plus de 20 ans d’expérience en matière de prospective stratégique, de leadership et de gestion aux niveaux national, régional et mondial dans les domaines du dividende démographique, des systèmes de santé résilients et de la prévention des conflits. Avec une solide expérience en humanitaire et en développement, M. Hounton est un expert de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre où il a démontré sa capacité à naviguer au travers de contextes complexes de crises sociopolitiques multiples et convergentes ainsi qu’à plaider pour la centralité de la population et du capital humain des filles pour les objectifs de développement durable. Il a une solide expérience dans la création de larges partenariats visant à obtenir des résultats axés sur les femmes, les filles et les jeunes. Selon lui, ‘’cette région traverse à l’instar du monde, des transitions importantes parmi lesquelles des transitions politiques, sanitaires, économiques, digitales, climatiques, et sécuritaires. Ces transitions constituent des défis de plus en plus croissants. Elles constituent aussi pour notre organisation une opportunité unique de réaffirmer la centralité de la population dans les questions de développement humain durable, de transformation socio-économique, de stabilisation, de préparation et de riposte aux urgences humanitaires.
Les perspectives économiques et financières de la région révèlent une diminution du Produit intérieur brut (PIB) par habitant un endettement frôlant le niveau de base de l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) des années 2000, des difficultés à respecter les critères de convergence, des dépenses sécuritaires et humanitaires de plus en plus accrues, réduisant considérablement les investissements nécessaires et indispensables au développement du capital humain dans une région essentiellement jeunes’’.
En l’en croire M Hounton, le contexte sous régional est confronté à d’importants défis démographiques. ‘’Au lancement de la Conférence internationale pour le développement (CIPD) du Caire en 1994, la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre comptait 230 millions d’habitants. Trente ans plus tard (2023), ce nombre a doublé pour atteindre 503 millions. Selon les estimations, la taille de notre population s’établira à 638 millions d’habitants au cours des 10 prochaines années et à près de 1 milliard d’ici 2050 avec des implications complexes pour répondre aux demandes de services sociaux de base (Éducation, Santé, chômage des jeunes, etc.)’’, a-t-il ajouté. Cependant, a-t-il soutenu, cette dynamique démographique s’accompagne d’importants flux migratoires avec des taux d’urbanisation en constante hausse. L’urbanisation est passée de 30% en 1990 à environ 50% de nos jours (2023) et devrait atteindre 65% en 2050 avec des variations importantes selon les pays de la région avec, par exemple, pour le Cap Vert, le Gabon 67% et 90% respectivement par rapport au Niger, au Tchad et au Burkina Faso oscillant autour de 30%. Les conflits, les chocs économiques et les catastrophes climatiques sont en accroissement continue dans notre région, ainsi que l’insécurité alimentaire’’.
C’est dans ce même sillage que Sennen Hounton a rappelé que l’insécurité alimentaire aiguë est en passe d’atteindre son plus haut niveau depuis 10 ans en Afrique de l’Ouest et du Centre en ce mois de juin 2023, avec une expansion inquiétante de l’insécurité alimentaire dans les pays côtiers, et des niveaux catastrophiques de famine dans les pays touchés par les conflits où l’aide humanitaire est gravement entravée par l’insécurité. Quarante-huit (48) millions de personnes en Afrique de l’Ouest et Centrale sont à risque de ne pas avoir un accès régulier à des aliments sains et nutritifs, soit un quadruplement au cours des cinq dernières années avec un impact considérable sur nos trois résultats transformateurs (Programme Alimentaire Mondial, 2023). Avec le contexte décrit ci-dessus de crises économiques, humanitaires y compris de changements climatiques, selon lui, les défis sécuritaires et l’insécurité alimentaire, la région africaine représente à elle seule les deux tiers des décès maternels dans le monde. Et que les dernières données du Groupe inter-agences des Nations Unies sur les estimations de la mortalité maternelle indiquent un très faible taux de réduction de 1,2% par an (taux de mortalité maternelle (TMM) en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Convictions et stratégies
C’est dans ce sens qu’il a parlé de ses convictions par rapport à cela durant son règne à UNFPA. ‘’Ma conviction profonde est que notre capacité, au Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), à contribuer de façon significative au développement du capital humain, à atteindre nos objectifs, notamment nos trois résultats transformateurs dépendra, pour une large part, de notre capacité à positionner la fillette de 10 ans dans les agendas nationaux et de la région, comme les systèmes alimentaires et agricoles, l’insécurité alimentaire, le changement climatique, les questions de paix et de sécurité, l’industrialisation et les infrastructures, la digitalisation, l’énergie et l’éducation : les mégatendances. Cela demandera toutefois de notre part un changement de narratif, un changement d’approches, de stratégies et de tactiques, des capacités et habiletés des équipes nationales et régionales à renforcer le plaidoyer de haut niveau, mais surtout à produire des évidences pour non seulement soutenir ces efforts de plaidoyer, mais aussi et surtout pour suivre, mesurer, évaluer et ajuster à temps nos actions/interventions y compris les choix d’investissements publics sur le capital humain. Cela dépendra aussi de notre capacité à innover, à faire les choses différemment ou en faisant différentes choses, à mobiliser le leadership des gouvernements, à développer de nouveaux partenariats, à améliorer l’efficience et l’efficacité dans la gestion, à communiquer et partager les résultats tangibles et impacts des investissements concrets pour les générations présentes et futures, en un mot apporter une valeur ajoutée.
Le meilleur atout de toute organisation est ses ressources humaines, et cette vision déclinée ci-dessus ne sera possible sans une direction et un personnel motivé, engagés et autonomisés dans nos bureaux de pays et au bureau régional. Ceci sera l’une de mes principales priorités en m’appuyant sur notre stratégie d’entreprise UNFPA 2030 en matière de personnel. Je ne doute pas un seul instant que nous relèverons ces défis hautement stratégiques car nous avons l’intellect, les atouts et, surtout, l’appui des partenaires et des gouvernements’’, a renseigné le nouveau Directeur Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à UNFPA.
Pour conclure, il a tendu la main à ses collaborateurs. ‘’Ensemble, à travers un leadership partagé et une recevabilité partagée, nous nous attèlerons à accélérer et impulser les progrès vers nos trois résultats transformateurs, l’amélioration du capital humain de la fillette de 10 ans, et la vision futuriste du Secrétaire Général des Nations Unies, « Notre Agenda Commun ». Ensemble, assurons-nous qu’à l’horizon 2030 aucune femme ne meurt en donnant la vie, que la grossesse reste un choix réel et non un hasard, et que le potentiel de tout jeune soit accompli’’, a conclu Sennen Hounton.