Après la grande mobilisation du vendredi 23 septembre 2022, assidument suivie par 716 Contrôleurs Aériens (94,12 % des effectifs), la Direction Générale de l’ASECNA se résolve enfin, après instructions des autorités politiques des pays membres à ouvrir des discussions franches et sincères sur les 8 points critiques de revendications des Contrôleurs Aériens.
L’USYCAA regrette que la gestion maladroite et hasardeuse de cette crise, entretenue par l’administration de l’ASECNA pour des raisons jusqu’ici inconnues, ait conduit à une perturbation importante de 87, 65 % des vols lors de la journée du 23 septembre dans l’espace aérien sous sa responsabilité. Pendant ce ras-le-bol généralisé, suivi dans 39 tours de contrôle et 12 Centres de Contrôle Régionaux (CCR) dans les 17 pays, l’Union a constaté que l’ASECNA a refusé, à ses risques et périls, l’exercice du service minimum pourtant prévu par les textes réglementaires en temps de grève. Ainsi, les Contrôleurs Aériens se sont vus interdire l’accès aux salles de contrôle.
D’aucuns ont été séquestrés et temporairement gardés à vue. Ils ont été remplacés par des profils divers (contrôleurs retraités, cadres administratifs, agents de bureau de piste…) ne disposant d’aucune expérience et qualification au poste, foulant ainsi la réglementation si exigeante en matière de licence. Dans ce contexte critique, certaines compagnies aériennes ont pris sur elles de mettre en mal la sécurité de leurs passagers et des marchandises. Un rapport fait état de ce qu’un vol d’Ethiopian Airlines au départ de Ouagadougou a décollé de la piste 22 aux environs de 9 h 30 min, sans fourniture de service de contrôle. Des faits similaires et répétitifs ont été constatés sur d’autres terrains, à l’initiative notamment de quatre compagnies aériennes : deux africaines et deux européennes.
Après l’implication de plus hautes autorités politiques des différents pays, le temps est maintenant aux négociations et à l’apaisement. Les contrôleurs aériens de l’ASECNA veulent désormais faire fi des agressions verbales dont ils ont été victimes, le Directeur général, les ayant qualifiés, dans une récente note administrative incendiaire, « d’agents égarés par l’appât du gain et qui se croient indispensables ». Et d’affirmer de façon diffamatoire qu’ils sont « soutenus par des lobbies internationaux et une organisation concurrente ».
La suspension du mot d’ordre de grève, initialement pour une période de 10 jours, puis prorogée jusqu’au 20 octobre à la demande du Président du Comité des Ministres pour contrainte de calendriers, témoigne bien de cette volonté manifeste et responsable de voir s’ouvrir des négociations sincères et d’aboutir à des résultats concrets et conciliants.
L’Union tient à rappeler que ses 8 revendications critiques pendantes depuis plusieurs années et constamment mises sur la table de discussions, sont essentiellement relatives au renforcement des capacités opérationnelles, à l’épanouissement professionnel et au plan de carrière du Contrôleur Aérien de l’ASECNA. Trois piliers essentiels qui ont continué dangereusement de s’effriter depuis l’arrivée du Directeur général en 2017, qui a fait le choix d’une démarche hostile vis-à-vis de la corporation des Contrôleurs Aériens, dont l’essence de la fonction requiert plutôt Concentration et Sérénité. La Sécurité aérienne ne s’accommode malheureusement pas du bruit.
Le Bureau exécutif de l’USYCAA rassure sa base qu’il sera vigilant quant à l’aboutissement conciliant de ses revendications et poursuivra son travail de défense de l’ensemble de la profession.