Budget et Pib du Sénégal: Habib Sy fait une grosse révélation

L’ancien ministre d’Etat et par ailleurs président du parti de l’Espoir et de la Modernité/Yaakarou Réew Mi a été, samedi dernier, l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi Fm, Habib Sy puisque c’est de lui qu’il s’agit est revenu longuement sur l’augmentation du budget du Sénégal, la dette, entre autres. Morceaux choisis.

Le projet de budget du Sénégal a été porté à plus 4589 milliards pour 2022 cette année soit une augmentation de plus 8%. Que vous inspire cette hausse dans cette situation mondiale compliquée?

En réalité rien de particulier. Pourquoi? Parce que si vous m’aviez suivi depuis des années, je l’ai dit et répété que le budget du Sénégal pouvait être porté facilement à 5 ou 6 milliards compte non tenu des recettes éventuelles provenant du pétrole et du gaz. Je l’ai dit parce que j’ai été de l’administration et j’ai été aussi plusieurs fois ministre et tout simplement parce qu’au niveau des recettes fiscales les montants collectés sont très en deçà ou plus exactement les déperditions budgétaires sont de loin plus importantes que les montants collectés. Il semblerait même qu’au Sénégal il y’a que 30% des imposables qui payent l’impôt. Ils m’entendent les inspecteurs des domaines, trésor etc.  C’est pour cela que j’ai proposé depuis que nous devons procéder de façon rapide à une modernisation de l’administration mais plus particulièrement l’administration des douanes, les impôts et domaines, le commerce, l’environnement c’est-à-dire que tous les services qui, en plus des recettes fiscales, produisent ce qu’on appelle des recettes accidentelles. Les pertes sont énormes et si vous n’avez pas un Etat organisé ce que j’appelle moi un Etat paresseux qui ne veut pas faire beaucoup d’efforts au niveau de la collecte de ces recettes aussi budgétaire qu’accidentelle, on se retrouve avec des budgets réduits. Le Sénégal a énormément de potentialités. Il ne s’agit pas de s’enorgueillir qu’on a porté le budget à 5000 milliards. C’est rien ça parce qu’à l’époque de Diouf c’était 500 et quelques milliards et quand Wade est venu on était à plus de 3000 milliards. C’est quelque chose de tout à fait juste et normale parce que le budget ne peut qu’augmenter. Parce qu’il y’a l’augmentation des activités économiques inévitablement et quand il y’a l’augmentation des activités économiques le budget va augmenter. Moi aujourd’hui on aurait porté le budget du Sénégal à 10.000 milliards ça ne m’étonnerait pas. Je crois que ce gouvernement doit être modeste parce que cette augmentation ce n’est rien par rapport aux possibilités que nous avons.
Est-ce que vous pensez qu’une bonne partie de ce budget va servir à des investissements utiles pour la population ?

Vous savez comment est fait notre budget. L’essentiel de ce budget va dans le fonctionnement. Je crois qu’il faut qu’on revienne au traitement salarial des fonctionnaires parce qu’il y’a un déséquilibre extraordinaire. C’est ce qui explique que les enseignants et autres sont toujours en grève et ils ont raison (…). Si des fonctionnaires qui ont fait les mêmes études, qui ont les mêmes responsabilités se voient avoir des traitements différents (…). Je vais parler également de la dette qui est très élevée et je crois que c’est en 2019 qu’ils ont corrigé les composantes de la formation du produit intérieur brut (PIB). Ils ont même inclus l’apport des travailleurs du sexe. Ils ont copié ce que font les occidentaux. Cela ne m’étonnerait pas que demain l’apport des gays soient inclus dans la formation du PIB. Ça se fait dans certains pays et c’est une manière pour le gouvernement de dire que nous avons un PIB assez élevé et ça diminue le ratio de la dette par rapport au PIB (…). Vous allez continuer à vous endetter de façon perpétuelle et c’est ce qui explique que malgré le taux de croissance ceci n’a pas d’influence sur le vécu quotidien des populations. Et ça, c’est de l’arnaque au niveau international. Le problème à mon avis ne peut être résolu que si nous comptons de façon effective et résolue sur nos revenus propres. Mais si vous avez une administration paresseuse qui ne veut pas donner les moyens qu’il faut à l’administration des impôts et domaines, à l’administrateur des douanes et autres, qui ne veut pas doter à ses administrations du personnel suffisant pour faire le travail, c’est ça le résultat. Vous allez continuer à vous endetter éternellement et quand même on aura des recettes budgétaires provenant du pétrole et du gaz il faudrait s’attendre à ce que l’essentiel de ces recettes servent encore à  payer des dettes. On sera encore dans un cercle vicieux. Il n’y aura pas de progrès, il n’y aura pas de bien-être accru pour les populations et c’est ce qui conduit souvent à des révoltes de ces populations. Parce qu’elles voient que le pays déclare toujours que nous sommes en progrès alors qu’en réalité ça ne bouge pas.

On dit que notre économie est trop informelle et il est difficile d’organiser les collectes de recette. Qui est-ce que vous répondez par rapport à ça ?

Je discute avec le secteur informel parce que je le connais. Mon administration d’origine c’est le commerce. Ils refusent d’ailleurs ce terme informel. En réalité ils payent certaines taxes et ils constituent plus de 90% de l’activité économique au Sénégal. Sans le secteur informel il n’y a pas d’économie au Sénégal. Leur problème on leur demande souvent de s’organiser pour que l’Etat ait plus de regard sur leurs activités mais ils ont des problèmes comme toutes les PME/PMI d’accès au crédit. Parce que ce qu’on leur demande comme document pour pouvoir accéder au crédit n’est pas conforme à leur culture (…). Le baol baol il ne connait pas ça. Il faudrait que le financement de l’économie essaye de répondre à nos besoins culturels. Il faut comprendre la culture de celui qui exerce l’activité économique et essayer de s’adapter. Mais quand vous vous référez à des normes définies au préalable et qui sont valables pour des banques occidentales, ça ne peut pas marcher au Sénégal. Il faudrait que notre politique puisse s’adapter aux réalités socio-économiques et culturelles de notre pays. Il y’a énormément de problèmes que si on ne les règle pas on ne verra jamais le progrès.