Une philosophie socio-politique a émergé chez la plupart des compatriotes sénégalais gagnant ainsi en ampleur. Il s’agit du négativisme qui, tel un océan en furie, charrie des attitudes stéréotypées dans les consciences et niant à notre pays toute capacité à décoller.
Pour beaucoup de sénégalais en effet, notamment des néophytes gagnés par le virus de la politique, tout ou presque tout est négatif, rien ne marche, tout est bloqué et nous sommes tous incompétents (enseignants, médecins, juristes, forces de défense et de sécurité etc). C’est un peu comme si le ciel nous était tombé dessus, comme si le temps s’était arrêté depuis l’an médiéval. Nous sommes comme qui dirait, carbonisés par la dénégation facile, la violence qui crée des ferments d’un négativisme primaire qui, à son tour, ne conduit qu’à une voie de garage et par conséquent à la démission collective.
Ce négativisme ambiant, radical et total, semble découler d’une morale primitive qui tire son fondement d’une inculture politique. Il conduit à un jeu de ping-pong suranné sans consistance scientifique convaincante. Il donne ainsi la nausée à plus d’un de sorte que beaucoup de sénégalais se détournent aujourd’hui des débats publics organisés. Si l’on peut accepter que nombre de nos secteurs socio-économiques et culturels sont gangrenés par le virus de la corruption, du favoritisme, d’une évaluation orientée, partiale et partisane, pourquoi le nier ? Il faut tout de même de la mesure dans les analyses. Disons-le clairement et sans ambages! Tout ne va pas aussi mal comme on voudrait nous le faire croire.
L’apocalypse n’est pas notre quotidien. Dans toute chose surtout quand il s’agit de s’adresser qu’on veut délier de ses entrailles structurelles rétrogrades, il faut convoquer beaucoup de faits, avoir du recul, de la patience et surtout éviter le sensationnel, les généralités abusives, l’escroquerie politique dont est friande toute une caste politique sénégalaise resquilleurs, novices et dinosaures politiques mêlés. Le sourire et le rire comme on dit toujours, sont les indicateurs marquants de gens de société en bonne santé optimiste, orientés et résolument tendus vers le futur. Sourire et rire doivent par conséquent alimenter notre quotidien et c’est possible. Il y a des lumières éblouissantes virtuelles chez notre peuple, en particulier chez notre jeunesse qui n’attend que d’être encadrée, accompagnée en chantant pour produire des œuvres grandioses.
Or, le négativisme ambiant dans lequel nous sommes englués depuis quelque temps ne favorise que la sclérose de toutes ses virtualités. Encore une fois, il nous faut garder espoir et ne pas nous résigner. Il est temps, il est plus que temps de nous revêtir de notre optimisme atavique africain encore enfoui dans les replis de notre conscience collective pour espérer faire bouger les choses et installer notre pays sur la ligne de crête des pays développés. Pourquoi pas?
Le négativisme primaire n’est nullement et ne saurait être une soupape de vérité encore moins de sécurité idéologique ou une philosophie de rupture progressiste consciente parce que théorisée, enseignée et digérée par le peuple conscientisé parce qu’éduqué et qui demeure ainsi le seul référentiel suprême. L’avenir nous attend, mais pour y entrer, il faut que dans les débats, les échanges et les productions culturelles et scientifiques, nous élevions le niveau À l’union, les lumières et soyons animés par le démon de la perfection qui suppose la fusion avec la vérité des faits.
Par El Hadj Amadou Fall