Manifestement, il y a un parfum de scandale dans le marché passé entre le Ministère de l’environnement du Sénégal et Aboubakar Hima, un nigérien que le journal Le Monde présente comme quelqu’un qui a actuellement maille à pâtir avec la justice de son pays et qui est en outre recherché par les autorités nigérianes. La révélation a été faite par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) qui a su démontrer que même si Hima se dit propriétaire de la société Lavie Commercial Brokers, il n’a pas été signataire de ce contrat. Celui qui a signé avec le Gouvernement sénégalais est David Benzaquen, présenté comme Directeur général de Lavie Commercial Brokers.
Le Monde révèle que ‘’Le même David Benzaquen a fondé en 2013 en Israël la société Gour Arye Africa Ltd, rebaptisée Lavie Strategies en 2019. L’entreprise, qui dispose d’une autorisation d’exportation d’armes auprès du ministère israélien de la défense, est également présente au Cameroun, en République démocratique du Congo, au Niger, au Nigeria et en Côte d’Ivoire, selon son site Internet. Outre le secteur de l’armement, elle est active dans l’agriculture et la santé’’.
Dans le même ordre d’idées, ‘’Au Burkina Faso, les documents d’enregistrement montrent qu’Aboubakar Hima est le directeur de Lavie Commercial Brokers et Lavie Consulting Ltd, créées en janvier 2022. Au Niger, il est le gérant de Lavie Strategies Ltd et de Lavie Consulting, constituées début 2021. Les registres des sociétés de Dubaï montrent quant à elles l’existence de Lavie Commercial Brokers aux Emirats arabes unis. Aucun propriétaire ou directeur n’est nommé, mais l’adresse électronique de contact est david@lavie-strategies.com, suggérant que David Benzaquen pourrait être impliqué dans la société’’.
Une situation d’opacité alors créée par le fait que le ou les partenaires ne semblent pas bénéficier de toute la crédibilité qui sied en la matière. De la même façon, d’autres interrogations troublantes ne manquent pas dans cette affaire. La première est de savoir si les eaux et forêts ont vraiment besoin de fusils d’assaut étant entendu que c’est l’Armée nationale qui mène les combats dans la partie sud du pays en cas de nécessité ? Et si ce n’est pas le cas, pourquoi le Ministère de tutelle, celui de l’environnement, aurait-il signé un tel contrat ? Certes oui, les autorités sénégalaises ont raison d’expliquer qu’en la matière, aucun appel d’offre ne peut être passé. Car, il s’agit de questions estampillées secret défense. Et c’est la loi qui en décide ainsi.
Mais, il est peu recommandable pour un pays qui se respecte, de passer de tels marchés avec un individu peu recommandable même si l’OCCRP n’a pas pu prouver que les armes ont été livrées. Il y a aussi de forts soupçons de surfacturation et de corruption. Une situation qui rappelle étrangement la nébuleuse qui a entouré les contrats de pétrole signés avec Petrotim. Comme quoi, on n’apprend pas du passé.
Assane Samb