Les partisans du Premier ministre et ceux de l’opposition sont de nouveau attendus dans la rue lundi en Arménie, plongée dans une grave crise politique sur fond de défaite militaire au Nagorny Karabakh à l’automne dernier.
Chacun tentant de mesurer sa force, les deux camps ont appelé à des rassemblements à 18H00 locales (14H00 GMT) à deux endroits distincts de la capitale Erevan.
Pour l’opposition, l’objectif est d’obtenir le départ du chef de gouvernement Nikol Pachinian, accusé de traîtrise. Ce dernier a pour sa part appelé ses partisans à montrer « la disposition du peuple à soutenir l’ordre démocratique et constitutionnel ».
Pays pauvre du Caucase, l’Arménie est proche du chaos depuis que Nikol Pachinian a accepté en novembre, sous pression, un accord de paix entérinant une défaite humiliante face à l’ennemi juré, l’Azerbaïdjan, dans la région indépendantiste du Nagorny Karabakh.
L’opposition appelle depuis à son départ et la confrontation, qui couvait depuis des mois, a été ravivée de façon spectaculaire jeudi par l’appel de l’état-major à la démission de Nikol Pachinian.
Fragilisé mais pas vaincu, le Premier ministre a immédiatement dénoncé une tentative de coup d’Etat militaire, ordonné le limogeage du chef de l’armée et rassemblé le jour même 20.000 sympathisants dans la rue. De son côté, l’opposition s’est aussi mobilisée avec trois jours consécutifs de manifestations, de jeudi à samedi.
Un petit groupe de partisans de la Fédération révolutionnaire arménienne, l’un des principaux partis d’opposition, a réussi lundi à s’introduire dans un bâtiment gouvernemental avant de se retirer sans incident, sous surveillance policière.
Signe d’un possible compromis, Lilit Makounts, la cheffe du groupe parlementaire du parti au pouvoir « Mon Pas », a dit dans la journée « être prête à prendre des mesures pratiques pour organiser des législatives anticipées », comme l’exige l’opposition.
Aggravant davantage la situation, le président Armen Sarkissian — un adversaire politique de Nikol Pachinian — a refusé samedi de valider le limogeage du chef de l’armée, arguant que la crise « ne peut pas être résolue par des changement fréquents de responsables ».