L’annonce a été faite par l’OIM. Ce mercredi, l’agence onusienne fait état d’une soixantaine de migrants présumés décédés.
La même source précise qu’ils avaient pris place dans une embarcation partie des côtes sénégalaises, à Fass Boye plus précisément. Les nouvelles du genre se sont multipliées au cours de ces derniers mois. Les morts en mer ne se comptent plus. Sans sépulture, ils laissent des familles et des proches désemparés, pris en tenaille par l’angoissante réalité quotidienne et la perte d’être chers.
Et, en face, l’Etat semble dépassé. Si bien qu’il n’en parle plus ou presque. En dehors de quelques laconiques communiqués du ministère des affaires étrangères que la réalité des chiffres relègue souvent au second plan le gouvernement a déserté le terrain de la lutte. Sinon, comment comprendre que malgré les promesses du ministre de l’intérieur de renforcer les mesures de la lutte, la liste macabre se poursuit. Le drame de l’émigration persiste et compromet ainsi, de plus en plus, la serment de Macky Sall qui avait juré de tout faire pour mener à bien la fin de son mandat, jusqu’au 2 avril prochain. Le président sortant risque alors de rendre le tablier avec ce profond senti- ment d’impuissance face à ces drames en série. Il est certes difficile, d’arrêter l’émigration par un coup de magie. En revanche, il doit être possible d’agir à travers la mise en place d’une stratégie d’urgence pour arrêter l’hémorragie et s’employer finale- ment à trouver des solutions structurelles étalées dans le temps.
Mais, agir sur le présent, en se donnant les moyens adéquats de lutte contre ce fléau émergent, suggère également l’implication de compétences avérées dans les domaines : sur le plan socioculturel, d’abord, sur le plan économique et diplomatique, le tout sous la couverture d’une volonté politique et d’un leadership affirmé. C’est ce leadership qui permettrait de changer les normes et d’évoquer sans tabou, l’utilité et la pertinence des politiques publiques en la matière et celle de nommer un ministre de la jeunesse qui peine même à gérer la routine d’un département aussi
stratégique.
C’est bizarre qu’il ne se soit presque jamais prononcé sur la question, qu’il soit invisible même des radars. Il faut alors l’interpeller et le pousser à rendre compte ! Il le faut : l’émigration clandestine est un phénomène difficilement prenable surtout dans des pays comme le nôtre où il peut bien compter sur l’inaction pour continuer à décimer les rangs de jeunes gens déjà en marge de l’émergence.
Elhadji Mansor NDIAYE