Le front anti-report soupçonne Macky Sall de jouer la montre, soit pour avantager son camp parce que les choses se présenteraient mal à la présidentielle, soit pour s’accrocher au pouvoir. Les participants au « dialogue » ont « livré à 100 % la commande de Macky Sall », a affirmé sur les réseaux sociaux l’un des 17 candidats, l’opposant Thierno Alassane Sall. « Macky Sall et ses complices oublient juste un détail: si tous les partis politiques du Sénégal, l’ensemble de la société civile, les candidats officiels ou recalés, se mettaient d’accord, leur consensus ne saurait prévaloir sur la Constitution », a-t-il ajouté.
Le président Sall s’est défendu de quelconques arrière-pensées. Il a même exprimé son impatience de partir tout en se disant « prêt à prendre sur (lui) » et à rester dans « l’intérêt supérieur de la Nation ». Il a justifié le report de la présidentielle par les profondes dissensions causées par la validation des candidatures et la crainte qu’après les heurts meurtriers de 2021 et 2023, un scrutin contesté ne provoque une nouvelle poussée de fièvre.
L’incertitude plane ainsi tant sur l’acceptation des propositions du « dialogue » par le chef de l’Etat, que sur la réaction du front anti-report. Après l’annonce du report le 3 février, des manifestations, réprimées, ont fait quatre morts et donné lieu à des dizaines d’interpellations. Mais l’opposition et la société civile ont peiné à mobiliser massivement au-delà des réseaux sociaux. Un appel à une journée « villes mortes » et une grève générale a ainsi paru peu suivi mardi.
Autre inconnue: la réaction du Conseil constitutionnel. En mettant son veto au report le 15 février, le Conseil avait écrit que « le mandat du président (…) ne peut être prorogé » et que « la date de l’élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat ». Les participants au « dialogue » invoquent l’article 36 de la Constitution selon lequel le président « reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur ».
L’opposant Thierno Alassane Sall place clairement ses espoirs dans le Conseil constitutionnel qui « ne peut que persister et signer (…) sauf à se renier ».