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Touba: La Cour des comptes travaille pour la fin de la gratuité
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Délocalisation de bureaux de vote de Touba : Questions autour d’un scrutin incertain

C’est une ferme volonté du Khalife général des Mourides. Le vote ne devrait plus se dérouler dans la ville sainte qui devrait être dépouillée de ses bureaux. Important périmètre électoral, Touba-Mosquée présente à elle seule une densité plus forte que les départements de Kaolack, Louga, Ziguinchor ou Fatick, pris individuellement. La preuve par les chiffres de la présidentielle de 2019 : 278 834 électeurs à Touba-Mosquée (commune) contre 160.733 dans l’ensemble du département de Fatick, ou encore 237.245 à Kaolack. Il n’est donc pas hasardeux de dire que pour gagner une élection présidentielle, Touba fait partie – avec Dakar et sa banlieue – des circonscriptions qu’il faut nécessairement conquérir. Alors, rayer les bureaux de vote à Touba redistribue les  cartes et retrace sans doute la cartographie électorale. Car, si elle venait à être effective cette décision du Khalife ne manquerait pas de nouveaux bénéficiaires immédiats. Mais, à qui profiterait cette situation ? 

La question colle bien à cette information qui a fait les choux gras de la presse de ce week-end. Dans la ville sainte de Touba, la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) n’a jamais remporté des élections. En 2019, le candidat Idrissa Seck passait largement devant ses concurrents parmi lesquels un certain Macky Sall. Fort de sa prime du sortant, le candidat de la coalition Bby n’a pu aller au-delà de 34 429 voix, soit 22,84% des suffrages en valeur absolue. Politiquement donc, Touba ne porte pas Macky Sall et, elle l’a confirmé lors des Législatives de juillet dernier. Face à cette réalité électorale, délocaliser les bureaux de vote, pourrait donc sembler comme un « bon plan » pour le futur candidat de la majorité. 

Mais, dans cette affaire, le risque est réelle de faire face à des…joutes à somme nulle. En effet, à Touba, l’électorat est majoritairement dominé par la gent féminine. Si les jeunes sont plus ou moins bien impliqués dans le militantisme politique, le constat est que le scrutin est particulièrement dominé par le vote des femmes.

Et, au sein même de ville sainte, leur mobilisation le jour du vote nécessite des moyens logistiques colossaux. En effet, les bureaux de vote sont souvent excentrés, loin de plusieurs quartiers d’où sont convoyées des électrices, regroupées dans des GIE et autres mouvements. Déplacer les lieux de vote à Mbacké nécessiterait alors un surplus de moyens pour les responsables politiques locaux. Ceux de la mouvance présidentielle surtout, n’ont pas que des expériences positives au cours de ces dernières années. Il serait alors difficile pour ces nombreuses femmes, de faire le déplacement pour rallier Mbacké.

Et, leur abstention impactera fortement le taux d’abstention global qui risque d’être un record à Touba. Mais, tout n’est pas perdu dans cette affaire. Déjà, à la problématique de la sécurisation des votes et à son corollaire de violences, s’ajoute cette crainte d’un taux d’abstention élevé peut peser lourd sur la balance des arguments à présenter au Khalife. Intellectuel averti et homme de son temps, Serigne Mountakha n’est pas un guide « hermétique ». Ceux qui seraient tentés de le sensibiliser sur l’importance et la sensibilité de cette question à la fois politique et sociologique pour demander une prorogation de cette éventualité, vont se retrouver face à un homme déjà dans les dispositions de proposer, au pire des cas, des solutions alternatives, en attendant la mise en œuvre de cette décision. 


Elhadji Mansor Ndiaye

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