Près d’une semaine après l’explosion du barrage de Kakhovka, en Ukraine, les dommages immédiats sont nombreux. Ils apparaissent clairement sur les images de la région vue du ciel. Mais les experts préviennent, les conséquences à long terme seront encore plus terribles. Au matin du 6 juin 2023, un barrage construit dans les années 1950 en Ukraine, le barrage de Kakhovska, était détruit. Et des milliers de tonnes d’eau se déversaient alors sur la région. Un drame humain. Des victimes dont le nombre exact demeure incertain sont à déplorer.
Des milliers de personnes ont dû fuir les inondations. Alors que l’approvisionnement en électricité et en eau potable et même en gaz de plusieurs centaines de milliers était mis en péril.
Effectivement, quelques jours plus tard, le niveau de l’eau dans le réservoir de Kakhovka est descendu sous le seuil des 12 mètres. Celui que les responsables ukrainiens qualifient de « zone morte ». Parce qu’en dessous de ce seuil, la retenue ne peut plus alimenter les systèmes de canaux qui apportent de l’eau dans la région. De l’eau potable, de l’eau aux industries et de l’eau aux systèmes d’irrigation. De quoi, craignent certains, après avoir inondé des dizaines de milliers d’hectares de terres agricoles, transformer en désert, cette région où l’on produit traditionnellement une bonne part du blé consommé dans le monde.
Autre crainte immédiate pour les populations, le risque de contamination des eaux. Par des produits chimiques issus des usines situées en aval de la réserve de Kakhovka. Mais aussi par des eaux usées ou par des animaux morts. Faisant planer le spectre d’une catastrophe sanitaire. D’une épidémie de choléra, notamment.
La biodiversité impactée pour plusieurs années
Au total, une zone de l’ordre de 5 000 km2 a été touchée par les inondations. Selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) en Ukraine, « une vingtaine d’espèces végétales ont été complètement submergées ». Et plusieurs espèces locales comme le pin de Crimée ou l’acacia blanc n’apprécient guère d’être plongées dans l’eau de manière prolongée. Elles pourraient dépérir.
Concernant les animaux, il faudra un peu plus de temps pour évaluer les dégâts. Mais les experts prévoient que de petites espèces de poisson pourraient disparaître. Les frayères et les aires d’alimentation pourraient être perturbées sur le long terme. Plus généralement, aussi bien pour les poissons que pour les oiseaux le réservoir de Kakhovka était prisé des oiseaux migrateurs , il faudra une décennie pour restaurer les populations. Pour qu’elles réussissent à s’adapter à une nouvelle réalité.
Une situation rendue encore plus critique parce que la région abrite bon nombre de forêts et de réserves. Les spécialistes estiment que 80 000 hectares de zones protégées sont aujourd’hui menacés de destruction. Parmi elles, des zones humides d’importance internationale. Selon les écologistes locaux, la réserve de biosphère de la mer Noire et la réserve des Sables d’Oleshky pourraient être les plus touchées. Parce que les inondations vont y transporter toutes sortes de polluants et de substances toxiques.
Une vingtaine d’installations industrielles se situent en effet dans des zones à haut risque d’inondation. Et la zone portuaire de la ville de Kherson dans laquelle sont stockés des engrais et des produits chimiques pourrait être à l’origine d’une importante pollution. Les impacts pourraient même aller jusqu’à une modification du climat local. Due à la perte d’une grande masse d’eau qui pourrait libérer des poussières et des particules de contaminants dans l’air.