Le collectif Ca-Minando Fronteras a présenté les terribles chiffres du suivi des victimes à la frontière du 1er janvier au 31 mai de cette année, à travers un rapport.
Au total, d’après ce document, ils ont dénombré 5 054 personnes mortes ou disparues, dont 154 femmes et 50 enfants. Soit 33 victimes en moyenne par jour. Ce chiffre est bien plus élevé que celui enregistré l’année dernière à la même époque.
Cette augmentation alarmante de la létalité des frontières, selon la même source, montre clairement les effets d’une politique plus préoccupée par le contrôle des migrations que par la défense du droit à la vie. Les données qui ont été recueillies au cours de ces cinq mois, sur la base de sources primaires, des communautés de migrants, des membres des familles, des victimes et des organisations sociales sur le terrain, sont variées et diverses. En sus des 5 054 personnes mortes ou disparues, il y a eu 47 bateaux disparus avec toutes les personnes à bord.
Chaque mois, depuis le début de l’année 2024, selon la même source, on dénombre plus de 800 victimes. Des personnes issues de 17 pays sont mortes dans leur tentative d’atteindre les côtes espagnoles. La route Atlantique, a indiqué le document, reste la plus meurtrière avec un total de 4 808 morts, soit 95 % de l’ensemble des victimes enregistrées au cours de ces premiers mois.
‘’Vu le caractère mortel de cette route, nous avons distingué trois zones de départ principales dans le rapport. La zone côtière entre Guelmin et Dakhla, avec 249 victimes. La route du Sénégal, avec 959 victimes, où, selon nos observations, les départs ont diminué de manière significative. La route de la Mauritanie, la plus meurtrière de toutes, qui a fait 3 600 victimes au cours de cette période. Pour leur part, les routes méditerranéennes ont fait 246 victimes, la route algérienne de la Méditerranée occidentale étant la deuxième la plus meurtrière après la route Atlantique’’, a précisé le rapport.
Le mois d’avril a été le plus meurtrier, avec près de 1 200 victimes. Mais sur l’ensemble de la période analysée, les chiffres sont restés relativement stables chaque mois, avec plus de 800 décès. Pour les autres, il y a février (1 090 victimes), janvier (970 victimes), mars (915 victimes) et mai (882 victimes).
Dans le détroit de Gibraltar, tous les décès ont été enregistrés lors de traversées à la nage vers la ville de Ceuta, une méthode à haut risque qui, plusieurs fois, a été effectuée dans des conditions météorologiques épouvantables.
Parmi les causes de cette augmentation notable, le rapport a trouvé les accords bilatéraux signés entre la Mauritanie et l’Espagne en février 2024. Le rapport fournit également des données sur les victimes à la frontière occidentale euro-africaine au cours des cinq premiers mois de l’année 2024. Ces chiffres ont été obtenus dans le cadre du travail de l’Observatoire des Droits de l’homme du Colectivo Caminando Fronteras, qui surveille l’impact des politiques de contrôle migratoire sur les personnes depuis plus de vingt ans.