« SANS L’AFRIQUE IL N’Y AURA PAS D’HISTOIRE DE LA FRANCE AU XXIE SIÈCLE ». Mitterand.
L’implosion de la Francafrique est un véritable drame. Elle en a le déroulé, le suspense et la cruauté du sort pour le principal concerné.
La France n’a pas voulu s’extirper à temps du vaisseau africain alors que celui-ci voguait depuis quelques années dans la direction de la larguer en haute mer. Et voilà que du maussade à l’exécrable, elle se retrouve manu militari jetée à l’eau par une levée de boucliers expéditive qui s’est répandu à une vitesse digne d’un printemps arabe.
Et la vague de condamnation dénuée de verni diplomatique qui se multiplie depuis le dernier coup d’Etat du Niger, la volonté farouche des nouveaux rois de vite rompre avec les amarres de la Francafrique , les promesses de représailles intraitables qui l’accompagnent et qui dardent les nouvelles relations franco africaines de rendre bien compte d’une évidence: le dernier ressort qui tenait soudé les relations entre la métropole et ses ex-colonies s’est cassé ou fait signe à l’heure actuelle d’être atteint de sclérose. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la position de partenaire géostratégique que la France est en passe de perdre en Afrique.
Quand le peuple se soulève disait le Président burkinabé Thomas Sankara, l’impérialisme tremble. Et quand ce soulèvement devient une forme coordonnée, ordonnée et à grande échelle de soulèvement, nous avons ce qui présentement installe la Francafrique dans un étau dont le qualificatif le plus correct à emprunter serait le mot de la crise.
Or, comme disait Gramsci, la crise, c’est quand le vieux monde se meurt et que le nouveau tarde à prendre place. Dans cet interrègne surgissent des monstres.
Les monstres qui justement débusquent à coup de pilons le loup de la France Afrique jusque dans le fourré où il se dérobe au regard et qui inexorablement se dandinent sous le camouflet de treillis militaire posent un problème auquel il ne faudra, certes, pas trouver un raccourci au risque de s’enfoncer dans une obscure et inextinguible impasse.
Comme on a pu le constater, la crise franco-africaine met dangereusement en équation la problématique de la réinvention des relations entre la France et l’Afrique à l’ère de la mondialisation avec une concurrence géostratégique des BRICS qui annihile ou élimine tout concept de «pré carré» qui reposerait sur un principe antagoniste à la toute-puissance de l’offre.
La France, elle, n’a cessé depuis des décennies de traiter les pays africains en bon père de famille – c’est-à-dire à mille lieux d’une mère Thérésa, mais à l’instar d’un père Noël aux poupées toxiques dont le prestige s’est plus battit sur des réseaux de complaisance fait de mallettes et de barbouzes.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, qu’une partie non-négligeable de la doxa africaine lui en veut, terriblement!
En vérité, la lutte pour l’influence géostratégique qui s’est éprise des BRICS est en train de rebâtir les cartes des relations entre l’Afrique et ses partenaires classiques qui commencent à y perdre du terrain.
Si l’appétit de la Chine vis à vis de l’Afrique a longtemps été guidé par le soutien électif qu’elle pouvait espérer du continent dans les instances multilatérales, ce dernier aura fini par se muter en un réel partenariat économique qui, depuis 10 ans, fait de la Chine le premier partenaire commercial de l’Afrique. Le consensus de pékin est rapidement venu annihiler les conséquences de celui de Washington sur les économies africaines, lequel avait longtemps rendu leur économie inféodée au cachet des institutions de bretton Woods.
La Chine a permis aux État africains à l’origine de son accession à l’ONU et de la défenestration Taïwan, de se défaire des rouages de la banque mondiale et du FMI en remodelant les institutions multilatérales par la création des initiatives de financement et de prêts alternatifs moins contraignant et disons-le, moins regardant sur l’indice de démocratisation. Ce qui lui vaut une implantation qui jusque-là prend au collet, presse le pas, amène à commettre des cafouillages, contorsions et multiplie les sommets.
Pourtant, le 21 août 2008, la France de Sarkozy avait eu à proposer à Johannesburg les clés d’une politique de réinvention des relations Franco-africaines en vue de faire face à la percée chinoise qu’elle qualifiait maladroitement « de nouveau bailleurs ».
Il s’agissait surtout pour la France de redorer son blason de puissance colonialiste en Afrique.
Ce plan Marshall sera axé autour des accords de défense entre la France et les pays africains « qui doivent refléter l’Afrique d’aujourd’hui ». Il s’agissait en outre de l’intégration du principe de transparence dans ces relations franco-africaine, ainsi que la revue de la présence militaire de la France en Afrique dans l’optique d’un désengagement qui servirait la création d’une force en attente de l’UA, le tout couronné par un réel partenariat entre l’Afrique et l’Europe en matière de paix et sécurité.
Ces vœux pieux d’une responsabilisation et de désengagement furent fort retentissant au point d’amener le Président Wade, saisissant la balle au rebond, à demander le départ illico presto des troupes françaises pour corroborer le changement de dynamique affiché.
Mais un changement de dynamique puérile puisqu’en 2011, à l’horizon de la crise libyenne, Sarkozy ne manquera de cautionner une intervention militaire étrangère pour déloger Kadhafi au nez et à la barbe de L’UA et sous la bannière du conseil de sécurité.
L’échec de l’intervention de la France en Libye inaugurera l’ère du djihadisme violent dans la sous-région avec comme effet de doper le sentiment anti français dans le Sahel. Ce qui eut comme conséquence directe de court-circuiter un des points essentiels de la réinvention déclinée à Johannesburg: la question de la gestion par les africains des conflits les concernant par le biais d’une force en attente de l’UA.
Si hollande qui lui succéda, paru moins attaché à la France Afrique dans ses discours humanistes, le socialiste nagera vite, lui aussi, à contre-courant des mesures de ruptures. Sa gouvernance sera celle de l’ère des véritables opérations militaires sous fond de paternalisme occidental. Après l’opération Sangaris en Centrafrique, L’opération Serval qui deviendra Barkhane au Mali sera lancée pour faire face à l’avancée du djihadisme.
Ils se solderont par un échec surtout au Mali avec l’incapacité de l’armée française de venir à bout des troupes djihadistes qui ont émietté le territoire Malien. Cette opération sera même l’expression du reniement du principe de transparence qui devait être le moteur des nouvelles relations avec l’entrée à Kidal des troupes française sans un seul soldat malien.
Et Macron de tomber dans les mêmes travers quoiqu’il ait eu à prôner une approche plus soft basé sur la vertu à ses débuts .
Il se retrouvera vite dans les sillons que ses prédécesseurs.
Pour ce faire, il s’assigna vite les faveurs d’un cercle de chefs d’Etat et cherchera à paralyser les nouvelles dynamiques économiques qui gîtaient dans l’intégration.
Il sera par contre charrié par l’émergence d’une jeunesse qui n’a forcément pas de bon ressentiment de la colonisation et sur les malaises de laquelle surferont les juntes militaires «souverainistes » dont les premières mesures phare une fois au pouvoir allaient être de demander le retrait des bases militaires françaises avant de signer des conventions de sauvegarde de la sécurité en dehors de leur cercle historique.
Ce qui allait ouvrir la porte aux Brics menées en grande pompe par la Russie de Poutine.
C’est pourquoi, l’inobservation des axes de réinvention pensée par Sarkozy a été dangereuse pour la survivance des relations franco-africaine.
Après avoir longtemps bataillé contre la présence chinoise en Afrique, la France pensait trouver les clés qu’il abandonnera vite dans le trousseau pour se complaire dans les ors, lambris et dorures de la francafrique.
Et qu’elle doive aujourd’hui penser sa présence en Afrique dans le cadre d’une initiative Chine France dans les marchés tiers. Au menu, Co-investissement, cofinancement, et gestion EPC. Une volonté d’attraper les wagons des routes de la soie qui le met en Afrique dans une posture d’outsider à la traîne d’une locomotive à l’enseigne du pays du Milieu.
Une pantalonnade qui il faut le reconnaître, est chèrement payé par les Gaulois, furent il nos ancêtres!
Le navigant
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