Clayton Hamilton, le nom se décline comme des notes de piano, en une symphonie évoquant la rêverie et l’évasion. Et pourtant, l’ainsi surnommé a les pieds sur terre, bien ancré dans la citoyenneté mondiale. Et ce n’est donc pas hasard qu’il chante reggae, un genre de plainte et de complainte pour dénoncer l’illicite et religieux pour vivre en chanson sa foi. De cette dualité loin d’être antinomique est fait Clayton Hamilton, homme de principes et artistique de conviction que Rewmi vous fait découvrir par ses mots et ses maux, mais aussi par ses espoirs d’un monde harmonisé.
Musique l’artiste ….
D’où vient votre nom d’artiste Clayton Hamilton ?
De plusieurs choix. Il y a un groupe d’artistes qui s’appelait le Clayton Hamilton orchestre, avec qui je faisais souvent du karaoké et dont l’un des membres m’a prédit que je finirai chanteur. Je n’y croyais pas trop, à l’époque j’étais encore footballeur, je ne prenais pas trop au sérieux ses dires. Il m’a fait savoir que je devais utiliser le nom du même groupe une fois que je deviendrai chanteur parce que pour lui je faisais déjà partie du groupe. Et quand je suis devenu chanteur international, j’ai reçu un mail où c’était marqué : Bonjour te rappelles tu de notre contrat ? (dit-il avec humour avant de rigoler) et c’est comme ça que j’ai choisi le nom d’artiste Clayton Hamilton. Sinon il y a une autre raison (qu’il s’est gardé de nous dire).
Du football professionnel au chanteur, comment s’est fait le pont ?
La détermination ! Savoir que le football c’était fini pour cause de blessure, et me dire qu’aujourd’hui il y a quelque chose d’autre qui est en moi.
Vous avez un style musical plutôt particulier, dites-nous en un peu plus…
Je dirai oui et non ! Ce que je fais, c’est toujours ce qui existe, mais qui est caché, peut-être pas découvert par le monde. C’est quelque chose qui existe c’est juste que l’être humain ne se donne pas la chance de survoler cette particularité-là, alors qu’elle existe déjà. J’aime emprunter tout ce que le battement donne comme son. Je mélange toutes ces notes, ces mélodies pour essayer de mettre mes idées dessus, donc forcément ça donne autre chose. L’être humain n’a pas l’habitude de survoler ces styles de musique, ces mélodies, cette particularité qui est peut-être rare oui mais qui existe et est accessible à tout le monde. J’essaie juste de rechercher, de savoir ce que je recherche et surtout où le rechercher.
Quid de votre voix ? Vous l’avez travaillée ?
Je la travaille tous les jours. Pour avoir un groove musical, atteindre un style, il faut beaucoup travailler sa voix. Ce qui donne ce résultat-là, c’est l’instrument de la voix. Et l’instrument de la voix se travaille, pour pouvoir atteindre certains niveaux. Par contre, il y en a qui ont plus de facilité, certains ont un don. Mais, tout se travaille, don ou non.
Alors comment trouvez-vous le Reggae au Sénégal ?
Le reggae représente la spiritualité dans la musique, elle touche plusieurs styles, elle est facile à écouter, très formelle. Le reggae est un style de musique complet et au Sénégal, beaucoup de personnes l’aiment et je trouve ça vraiment bien.
Que signifie le Zikr pour vous ?
Le Zikr consiste à réveiller en soi ce qu’il y a de meilleur, il purifie et donne la chance de pouvoir avoir un sentiment vraiment spirituel. Le Zikr, c’est la répétition du nom de Dieu et il n’y a rien de meilleur.
« Réseau Contane », avec le groupe Cherifou- Job Sa Brain, expliquez-nous la collaboration ?
Cherifou – Job Sa Brain, c’est deux hommes que j’ai rencontrés ici au Senegal. Quand je suis arrivé, ils m’ont fait savoir qu’ils aimaient bien ce que je faisais. Avant que nous ne fassions le morceau ensemble, j’allais chez eux leur faire des mélodies. Leur manager m’a dit pourquoi ne pas faire quelque chose ensemble et c’est comme ça que ça s’est fait, naturellement.
Parlons actualité ! Quelle appréciation faites-vous de l’immigration clandestine, avec le drame de Melilla ?
J’ai l’habitude de dire que quand on ne se connait pas réellement on ne connaît pas forcément ses atouts. Quand on ne connaît pas ou quand nous ne faisons pas confiance à ce que nous sommes, forcément nous allons chercher autre chose, quand on n’a pas la maîtrise du sujet et qu’on veut vivre, forcément on va vivre n’importe comment. L’Europe est une bonne chose, l’eldorado oui ! Je ne suis pas contre car le monde appartient à l’être humain. Partout où l’on pense que nous pouvons nous développer nous avons le droit d’y aller, Dieu l’a dit (il récite un verset du Coran). Aujourd’hui, le monde a pris la richesse, la force de l’Afrique, le monde a utilisé l’Afrique donc aujourd’hui l’Afrique a besoin de se relever, donc c’est normal que les Africains veuillent partir. Mais « Nakare lounako », ça me fait excessivement mal la manière dont les Africains sont traités, tués, car ce sont des êtres humains. Donc ce n’est pas normal que les gens agissent de la sorte. Je reste persuadé que les autorités vont condamner cela, quel que soit le moyen par lequel ils sont venus. Je condamne cette chose et que Dieu nous donne la paix intérieure, nous donne les solutions pour éviter ces drames.
Sénégalo-Malien, que pensez-vous de la situation au Mali ?
Je suis fier du Mali! Il y a une souffrance qu’ils vont vivre, mais cette souffrance, ils l’ont choisie. Pourquoi l’avoir fait ? Pour pouvoir guérir. Ça va être très dur, ils ont un pied dans du positif et un autre dans du négatif. Si tous les Africains faisaient comme ça, je pense qu’on aurait un peu plus de paix et un peu plus de responsabilité. Je suis fier de ce pays qui est le mien.
Des projets en vue ?
J’ai fait deux albums, un religieux et un autre typiquement urbain. J’attends juste d’avoir envie de les sortir car comme on dit, un travail c’est un bébé et le bébé tu t’en occupes comme tu veux car c’est ton fils. L’un parle de Baye Niass et l’autre c’est pour les mélomanes, ceux qui aiment la musique tout simplement. Je les ferai sortir une fois que ce sera nécessaire. Inchallah
ANNA THIAW