Trois semaines après les émeutes qui ont suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko, le calme est revenu. Mais la colère d’une partie de la population reste vivace et de nombreux jeunes Sénégalais continuent à se mobiliser.
Une gigantesque fresque s’étale sur un mur de Dakar : un homme en costume, dans lequel on reconnaît le président Macky Sall, tire sur un jeune garçon, sans doute un manifestant, qui bascule en arrière, touché en pleine poitrine. À l’arrière-plan, une voiture en feu, des scènes d’émeutes, des policiers casqués et armés. Alors que le drapeau du Sénégal semble s’échapper de la main de la victime, le bras tenant le pistolet est aux couleurs du drapeau français. « Doy na », peut-on lire sur l’image. « Ça suffit ».
L’œuvre du collectif de graffeurs RBSCrew n’est pas restée bien longtemps affichée sur le mur de la VDN (Voie de dégagement nord), l’une des principales artères de la capitale. Le soir même, la peinture à peine sèche, le mur sera prestement recouverte d’un aplat noir. Mais la fresque a connu une seconde vie, grâce à des photos prises par les artistes ou des passants, largement diffusées et partagées sur les réseaux sociaux. Le collectif, lui, dénonce une « censure » et continue d’appeler à « la résistance »
L’impopularité de Macky Sall a sûrement augmenté de rang ces derniers jours. Les pourfendeurs du leader de l’APR font preuve d’ingéniosité quand il s’agit de conter ses malheureux faits d’armes. Une fresque murale a été faite à son honneur, le représentant tirant sur le peuple. Toutefois, cette « oeuvre d’art » faite sur le pont de Mermoz n’a pas eu le temps de sécher. Elle a été « effacée » par des hommes qui y ont mis plusieurs couches de peinture dessus.