Touba, la deuxième ville du Sénégal représente bien un poids électoral important pour les politiques. Avec la décision du Khalife des Mourides qui y interdit toutes activités, l’administration électorale fait face à une équation.
Serigne Mountakha Mbacké, le khalife général des mourides, a pris une décision majeure : il a interdit définitivement toutes les activités politiques à Touba. De plus, les bureaux de vote seront déplacés en dehors de la ville. Cette décision ne sera pas sans conséquences notamment sur la carte électorale. Et ce à quelques mois de la présidentielle. Il s’agit des difficultés liées au déplacement et à la recherche de leurs bureaux de vote. Pour Ababacar Fall du Gradec, il faut rencontrer le Khalife général des Mourides Serigne Mountakha Mbacke6 l’idée d’une rencontre avec le guide religieux afin de discuter des conséquences d’une telle mesure.
Les récentes manifestations qui ont secoué le pays restent toujours une pilule dure à avaler pour les autorités de Touba. Des saccages y avaient été notés. Suffisant pour que le Khalife général des mourides prenne une décision qui depuis hier semble hanter les experts électoraux. C’est le cas pour Ababacar Fall du Gradec. Ce dernier est d’avis qu’une telle décision risque d’apporter des changements par rapport à la carte électorale. D’où une reconfiguration des listes. « Il faut que l’état prenne toutes ses responsabilités car cette décision sera lourde de conséquences. Mais j’écarte l’hypothèse d’un report car il ne faut pas l’envisager car jamais dans l’histoire politique du Sénégal jamais une élection présidentielle n’a été reportée. les facteurs qui peuvent pousser à penser à cet éventualité c’est une situation de catastrophe, de chaos etc. Mais nous n’en sommes pas encore là » a dit Babacar Fall.
Dans un contexte de mélimélo notre interlocuteur estime qu’il est loin de savoir à l’ouverture d’une campagne de réinscription. L’expert fera savoir que « cela va poser beaucoup plus de problème malgré le faut que ce pays soit doté d’une administration électorale rompue à la tache et il faudra envisager l’organisation d’une élection hors de Touba et voir comment faire pour que celles-ci puissent y prendre part en se déplaçant . »
Touba compte près de 600 bureaux de vote avec une population électoral dans l’ordre de 350 milles personnes. Une ville importante en terme de suffrages. A Touba ce sont déjà d’habitude des bureaux de vote sous forme d’abris provisoires dont la plupart. « Il faudra les installer dans d’autres zones c’est-à-dire à Mbacke. Il faut penser aussi à des problèmes d’ordres sécuritaires et un faible taux de participation si cela est confirmé. « Cette solution requiert une campagne d’informations avec les différents acteurs de même que pour les populations de Touba. Et il faut les orienter davantage. Par exemple ceux qui vote à Djanatou ou à Touba Mosquée qu’ils aient toutes les informations » argue Ababacar Fall. Pour la délocalisation des bureaux vers Mbacke et environs , Assane Samb souligne que cela n’augure rien de bon.
Assane Samb analyse la responsabilité des politiques
Pour l’analyste politique Assane Samb, même si l’on n’avait pas vu venir, l’idéal est de discuter avec Serigne Mountakha Mbacke et les méfaits que cela pourrait engendrer. « Le Khalif a une autorité sur le fonctionnement de la ville de Touba eu égard à son caractère religieux. Alors si rien ne peut se faire la tache reviendra à l’administration électorale en bien de trouver des solutions et de faire le nécessaire et de modifier la carte électorale », a ajouté Assane Samb. Mais la grande ici est de savoir la responsabilité des politiques dans cette situation ayant conduit à cette prise de décision. Il noté que l’activité politique à Touba est intense et importante malgré les remous. « La concurrence est telle que les rivalités politiques y sont très denses. Il faut s’attendre à des problèmes faut respecter aussi me Khalif. On ne peut pas accepter qu’il y a des saccages. Les leaders ont une dose de responsabilité aussi et Touba aussi il existe des citoyens et qui veulent voter et il ne faut pas verser dans la violence », renchérit-il.
Mamadou Sy Albert : « Serigne Mountakha anticipe »
En effet cette décision fait débat. Selon Mamadou Sy Albert, à quelques mois de la présidentielle 2024, la violence du mois juin 2023 interroge. La décision du khalife général est donc à lire dans ce contexte préélectoral. « Apres avoir conseillé et averti, Serigne Mountakha anticipe. Les acteurs politiques devraient se rendre à l’évidence. La politique politicienne ne passe plus. Elle a atteint ses limites objectives. Il est temps de repenser la politique, singulièrement, la politique dans les Cités religieuses musulmanes, catholiques et traditionnelles sénégalaises » a écrit M. Sy Albert analyste politique.
A l’en croire, les valeurs de paix, de solidarité et la sincérité au service des plus faibles que prônent l’Islam soufi, le Christianisme et les traditions culturelles africaines ne sont point compatibles avec les pratiques sociales et le discours politique corrompu et mensonger. Donc, à ce titre, « le message adressé à tous les acteurs politiques par le maitre de Touba doit servir d’alerte. La rupture entre la société sénégalaise encore régie par des valeurs traditionnelles, religieuses et la politique est profonde. Il faut penser autrement la politique à Touba et dans les villes et sites historiques religieux. »
MOMAR CISSE