Babacar Fall du GRADEC a invité les acteurs politiques au travail et à éviter de mettre ce pays sens dessus-dessous. L’invité de l’émission Grand Oral, membre de la société civile, est revenu sur autant de questions dont la campagne électorale, les violences et la future Assemblée nationale.
Invité de l’émission Grand Oral, Babacar Fall du GRADEC a donné son avis sur la campagne électorale pour les législatives de ce 17 novembre. « Quand je vois des candidats avec des propositions, c’est qu’ils ne comprennent pas le sens ni le type de l’élection et la nature. Il y a eu des têtes de liste qui sortent du lot et qui ont tenté de dérouler avec ce que l’on attend mais les débats n’ont pas été de très haut niveau. Hormis quelques cas », dit-il. Selon lui, cela pose le problème des têtes de liste et du profil de nos candidats.
L’autre fait à déplorer, selon lui, c’est le discours identitaire constaté lors de la campagne et qu’il ne faut pas encourager mais tuer dans l’œuf. Car les discours faisant référence à la religion et à l’ethnie sont à bannir de même que la violence. « Il y a eu une violence inouïe et la semaine dernière des attaques de convois à Koungheul et à St Louis, les acteurs ont été sensibilisés par la société civile car les élections c’est une fête de la démocratie. Diomaye avait fait un appel en ce sens et il a rappelé au calme et à la retenue. Mais en vain. Le jour du scrutin, on a vu du calme car les citoyens aussi entrent calmement chez eux après avoir accompli leur devoir. C’est une maturité du peuple ,car sachant qu’il a le dernier mot », a ajouté ce membre de la société civile qui en appelle à la transparence.
A la question de savoir ce qu’il faut faire malgré les attaques contre la société civile ? Babacar Fall dira que des communiqués ont été publiés tout en rappelant à l’ordre car les acteurs politiques sont mis devant leur responsabilité. Il argue que la société civile est dans son rôle.
A ce titre, il a rappelé avoir dénoncé mais invité les uns et les autres à prendre leurs responsabilités et à discuter avec l’autorité pour des solutions avec l’encadrement des partis politiques. « La violence électorale est le prolongement de celle dite politique et qui est aussi vieille que notre indépendance. En 1957, il y a eu des violences. Celles qui ont émaillé le champ politique avec Lamine Gueye, en 1963 avec les morts des allées du centenaires, l’assassinat de Me Babacar Seye etc. En 2000, il y a eu une période assez calme vu la transparence. Entre 2000 et 2012 avec moins de contestations. Mais avec l’arrivée de Macky et le phénomène Sonko, il y a eu une résurgence de la violence », a-t-il analysé. Cette violence, selon lui, existe partout. La société tente, toutefois, de calmer les ardeurs, selon Babacar Fall. Il saisit l’occasion pour demander aux acteurs à réinventer la politique et à mettre l’accent sur l’idéologie et la formation des acteurs.
A la question de savoir ce qui n’a pas fonctionné chez les acteurs avec les profils présentés, il répond en soulignant qu’il faut considérer les enjeux des élections qui dépassent la présence sur les listes. Mais le problème qui réside à ce niveau est lié à des facteurs dont la reddition des comptes, la survie de l’actuelle opposition et la question de la bataille autour de la refondation et de la mise en place un nouveau système de gouvernement. « Autant ils cherchent à asseoir une légitimité et à renforcer le pouvoir pour des réformes, mais d’un autre côté, il y a un système qui n’est pas à terre et qui joue sa survie pour éviter les conséquences politiques et judiciaires », a analysé l’invité. Il existe des questions importantes car si le Pastef à cette majorité qualifiée et met en place la haute Cour de justice, Macky Sall devrait se préparer et faire face facs aux familles et au collectif pour réclamer justice. Malgré tout, argue M. Fall, «les opposants d’aujourd’hui peinent à digérer leur défaite. A preuve, les coalitions contre-nature . En guise d’exemple, Macky et Amadou Ba et les gars du Pds. Ils rêvent de revenir au pouvoir pour sauver leur tête et dérouler leur programme. La campagne est assez particulière. Les gens rêvent d’une assemblée qui contrôle les politiques publiques mais on n’est pas dans ce schéma mais une bipolarisation du système. Ce sera la catastrophe pour les tenants du pouvoir de perdre cette majorité », a poursuivi M. Fall.
Babacar Fall a également rappelé le non-respect des décisions prises par la Cedeao dont le cas Karim Wade et le parrainage. Au plan africain, le Sénégal a une image et un rayonnement incarnés par Diomaye dont le respect. Il a invité au travail pour influer sur son fonctionnement et veut que les choses changent pour plus de crédibilité et pour une Cedeao des peuples. «Dans son fonctionnement, des États qui portent à bout de bras cette institution du point de vue financier, ces pays ont une mainmise sur celle-ci et donc il faut changer », a souligné l’invité.
Dans le secteur de la pêche, l’Assemblée nationale est très attendue concernant la révision des contrats de pêche. Le Premier ministre, dans ses différents discours de campagne, a abordé les questions dont les contrats gaziers et la question de l’eau avec la Sde et Suez. Sur ce point, il soutient: «il faut s’appuyer sur cette majorité et changer des lois et donner au pouvoir exécutif les moyens de sa politique. Il faut des réformes et voir les choses et c’est le rôle des députés », a plaidé ce dernier.
Amorcer un nouveau départ
Sur la loi relative à l’assainissement des partis politiques pour éviter cet imbroglio politique noté ces dernières années et la question électorale avec des réformes annoncées par le Président Diomaye, le système d’enrôlement des électeurs et la Constitution de 2016 et des dispositions intégrées mais pas appliquées, cette nouvelle législature sera l’occasion d’amorcer un nouveau départ et remettre à plat ce pays et ainsi mettre sur la table les questions politiques, économiques, etc. « Les partis sont à 400 dont 70 ont une adresse. Les financements des partis aussi est un problème et il faut traiter cette question et la rationalisation du système partisan et aller vers une haute autorité de la démocratie avec la mise sur pied d’un ministre chargé des élections car celui de l’Intérieur s’occupe de la sécurité. Il faut soit en faire une délégation fonctionnelle et la mettre sous tutelle car nous avons la chance d’avoir un ministre de l’intérieur non partisan », a insisté M. Fall. Il a plaidé pour une neutralité pérenne pour un ministre de l’Intérieur gage d’une élection libre. Selon lui, il faut prendre le taureau par les cornes et aller vers les réformes: « tout est urgent et je pense qu’il faut travailler vers la stabilité des institutions. Et par cette voie, on pourra mettre ce pays sur le rails », a poursuivi ce dernier
Evolution du processus électoral
Babacar Fall a salué la démarche au-delà de la surenchère. A l’en croire, le Président a juste dit le droit et donc il est dans la légalité avec la suppression de l’Assemblée et il a la prérogative de la dissoudre et de fixer une nouvelle date. C’est une prérogative de la Constitution. « On est dans une situation et il y a une incompatibilité des délais. », a salué l’invité.
Sur la situation à Bakel avec la crue du Fleuve Sénégal, il dit saluer l’approche du Ministre de l’Intérieur qui a permis aux populations de voter car aucun lieu de vote n’est dans les eaux à ce jour.
Sur le taux de participation, Ababacar Fall argue qu’il sera très faible. Il soutient également que le taux de retrait est bas. « Les gens n’ont pas bougé car c’est juste une carte retirée par jour. Les gens qui sont avec l’émigration clandestine, les décès naturels car il y a eu une révision. En 2017, on a eu un taux de 60%, mais il reste faible et c’est un défi pour une bonne participation. Et le quotient électoral aussi sera affecté et cela doit renforcer la légitimité des représentants. Quant à la perception que les gens ont de l’Assemblée, il faut de la rupture», a indiqué M. Fall. Il a parlé du mode du scrutin avec le « raw gadu ». Pour lui, il faut des réformes, en profondeur, de notre système de démocratie. S’agissant de la transhumance, il soutient que c’est juste une manière d’aller brouter vers des prairies vertes. Ce qu’il qualifie de marchandage. « Mais cette fois-ci, ce sont des déclarations de soutien. Ces gens qui ont fait ce choix ne sont pas des gens de Pastef. Des gens qui ont commis des malversations et à qui on tend la perche, etc. Mais pour moi je ne les considère pas comme des gens de Pastef du fait qu’ils n’ont pas la carte du parti. L’enjeu peut faire qu’il ait besoin de se renforcer car Ousmane Sonko a pris un risque en y allant seul », a analysé l’invité de l’émission Grand Oral. Sous ce rapport, ce membre de la société civile fait remarquer qu’il faudra attendre les élections pour faire le bilan.
En ce qui concerne les inter-coalitions, le membre du GRADEC dit n’avoir pas fait d’études là-dessus. Pour lui, le terme inter coalitions n’existe pas dans la Constitution ni dans le code électoral, il s’agit juste de pratiques sur le terrain. « La première inter-coalition c’est Yewwi Wallu qui a eu des effets. En 2022, c’était une première mais les gens ont compris.
Avec le caractère anticipé, ce sont des inter coalitions à l’emporte-pièce. Mais je pense que si le Pastef parvient à avoir une majorité écrasante et que les autres n’aient pas de groupe parlementaire, peut-être que cela aura un certain nombre d’avantage », a-t-il avancé. Il n’a pas manqué de demander aux acteurs politiques de se donner la main et de travailler ensemble pour soulager la population qui fait face à une inflation galopante et au chômage.
MOMAR CISSE