Souleymane Astou Diagne, économiste, était l’invité du ‘’Grand oral’’ sur Rewmi TV. Souteneur du candidat Amadou Bâ, il s’est prononcé sur la floraison de candidatures notée au Sénégal. Pour mieux réguler cela, il propose l’instauration d’une « caution » pour les parrainages. Car, selon lui, plus de 200 candidats déclarés, cela rime à de la pagaille.
Vous vous réclamez soutenir Amadou Ba. Pourquoi ?
J’ai publié une tribune le 10 septembre pour le dire. Le premier point c’est qu’il est serviable et calme et poli. C’est une valeur importante car les gens misent sur cela. Il est un commis de l’État et la cheville pour tirer le PSE. On peut gagner en efficacité face aux enjeux qui se dressent devant nous, dont l’industrie et l’éducation et il nous faut quelqu’un de très outillé.
On lui colle un défaut de communication avec la grève des syndicats etc. Est-ce un blocage pour lui ?
Un président parfait n’existe pas. Amadou Ba est un Premier ministre et il déroule une mission de Macky dont il a la confiance. Un autre gouvernement va se constituer. Il a su maintenir le cap et les Sénégalais vont apprécier. Je peux convenir que la situation économique est dure. Même sur le plan international. C’est le cas en France qui a vécu l’inflation aussi. C’est une résultante de plusieurs facteurs mais les gens ne peuvent pas comprendre. Le gouvernement a pris une batterie de mesures pour la stabilité des prix.
Mais qu’en est-il de la mise en œuvre ?
Le gouvernement va faire de son mieux avec les ressources pétrolières et gazières. Je vous le dis aussi et c’est positif. 450 milliards en subventions montrent que notre économie a subi et traversé un choc exogène. Regardez ce qui se passe à Istanbul, à New Delhi. Donc on a un management qui anticipe. Nous sommes face à des risques connus et non conventionnels. Il y a eu la Covid, la guerre en Ukraine et cela impacte la vie des Sénégalais. Donc l’administration travaille vers la perspective idoine. Il existe aussi cet espoir face à la pression sociale. Le citoyen est informé mais l’attente est là.
L’Etat a des problèmes pour faire respecter des mesures prises…
La plupart des mesures ont été appliquées. Sur les denrées aussi on a fait des efforts. Il est important que le gouvernement ait tout fait pour avoir des denrées à moindre coût. On est dans une situation complexe et il faut de la finesse et du temps. Personne n’est épargné. Le cas des USA est là, des salaires qui ne sont pas payés. Dans ce pays, jamais l’État sénégalais n’est resté un mois sans payer les salaires depuis 1960.
Pour d’aucuns, cette situation peut être un échec et qui pourrait porter préjudice à Amadou Ba ?
Je suis heureux de vous entendre dire certains, car on ne peut satisfaire tout le monde. Mais Amadou Ba, en tant que PM, a réussi le reste. Nuit et jour, avant de conclure les études, on rend compte et c’est comme ça. Il est en train de tout faire pour résoudre son devoir et réussir la vision de Macky.
Il a été reconduit et pourtant l’on s’attendait à ce qu’il soit déchargé pour se concentrer à la bataille électorale. Est-ce une meilleure approche ?
Un remaniement ne peut être un handicap à quelques mois de la présidentielle. On peut opérer des changements dans un match, mais c’est pour conduire une équipe que cette décision dépend du président de la République. Macky Sall sait pourquoi il l’a fait et sa pertinence aussi.
Pourquoi remanier maintenant ?
Ousmane Tanor Dieng disait que « personne ne sait ce qui se passe dans la tête d’un chef d’État. » Macky sait ce qu’il fait et il a une vision électoraliste. Mais nous on ne peut pas apprécier la pertinence car il est le seul à le savoir.
A quel gouvernement doit-on s’attendre ?
On doit continuer le travail car les chantiers auront un fort impact pour les populations. Le réseau social Tik Tok a été suspendu au Sénégal. Comment analysez-vous cette restriction ? C’est vrai que cela a été suspendu mais il faut se féliciter que l’Etat ait été bien inspiré pour couper le signal et avoir pris le taureau par les cornes car nous sommes dans un monde virtuel pour prendre cela. Nous sommes dans un monde physique. Il y a 25 ans, seules les forces de l’ordre pouvaient intervenir.
Quand on a vu cette plateforme utilisée pour des messages subversifs et mettre en cause la stabilité du pays, le ministre a pris cette décision. Je ne pouvais pas situer Tik tok sur la planète. C’est là que nous avons su qu’il existait une entité en Afrique du sud, au Nigeria etc. Alors on leur a dit qu’il faut que cette plateforme soit dotée d’un bureau au Sénégal car le problème se trouve à ce niveau. L’État ne maîtrisait rien du tout. C’est comme aux USA et en Europe quand ces entités ont été convoquées. Le ministre a été invité à Singapour avec des spécialistes. L’autre chose, c’est l’addiction et la santé mentale de nos enfants, le Ministre a même pris cette mesure et la France nous a suivi. Tik Tok va faire de la sensibilisation aussi de l’usage responsable est c’est ce que l’Etat cherche aussi. On a fixé un délai mais pas de date butoir. Pour le gouvernement, nous sommes un pays démocratique. Un désaccord se base sur des points de vue. Les grandes personnalités aussi se sont illustrées par la personnalité.
Les réseaux sociaux entrent-ils dans ce cadre aussi ?
Au cœur de l’Etat, ce qui est important c’est de réguler et de mener leurs opinions mais à travers les contours de la loi. Vous l’avez constaté. Vous avez vu ce qui se passe dans les réseaux sociaux où des gens investissent leur vie. L’État doit réagir aussi car c’est un terrain soumis au droit et il faut respecter la loi. Aucun pays n’a les moyens de contenir la loi. Et il faut aussi contrôler ce qu’il s’y passe. Il y a la direction de la cybercriminalité et il faut agir. Le problème avec les journalistes, ils ne font pas focus sur les publications sur les réseaux sociaux. Tous les jours, les gens publient ce qu’ils veulent sur Twitter mais en vain. Est-ce accepté ? Le fait que des gens usent de Facebook pour insulter des personnalités. On doit agir, car il n’est pas permis d’offenser.
Des gens qui soutiennent le régime tiennent des propos plus graves mais ne sont pas inquiétés, pourquoi ?
De quelque bord qu’ils se trouvent, il faut être vigilant et respecter l’espace public.
Il existe une polémique sur la dette qui dépasse le seuil de l’Uemoa. Qu’en pensez-vous ?
Ce débat est passionné car la dette est une énigme économique. D’aucuns disent qu’on a dépassé le seuil mais ce n’est pas vrai. Le bon chiffre est 68,2 et on tente d’arriver à 70% mais ce pays n’est pas endetté. Le premier ressort ce n’est pas la dette. Aujourd’hui l’essentiel des ressources proviennent des taxes. C’est l’activité économique qui génère des ressources. La dette est un instrument de politique économique. Des pays sont endettés mais se portent bien. C’est le cas dans notre pays qui, depuis 2012, a multiplié par quatre les activités. Alors on a multiplié le nombre d’universités et on s’est doté du Ter et du Brt. Macky Sall a résolu la question économique avec ses infrastructures économiques pour rallier Diamniadio. On a réglé la question de la mobilité urbaine. Sans oublier le nombre d’hôpitaux dont ceux de Kaffrine et de Kédougou. L’agriculture est mécanisée et ce pays puise dans la dette pour y arriver. Les sénégalais voient la couleur de l’argent. La polémique sur la dette je ne la comprends pas. Dire que ce pays ne doit pas s’endetter c’est méconnaître les choses. Le rythme d’endettement n’est pas élevé. Tout a été multiplié par deux. Le FMI et la Banque mondiale ne se sont pas inquiétés. Ce pays reste très solide dans la perspective d’exploitation du pétrole et du gaz. Il crée de la valeur ajoutée et on investit dans les réseaux de transports. Nous sommes un pays qui marche.
Mais l’économie aussi est fragile ?
Les fondamentaux de l’économie sénégalaise sont solides et il faut le dire. Des gens veulent faire dans l’agitation mais c’est peine perdue. Nous avons une économie et le Sénégal est envié par ses pairs africains car Macky a réussi à dérouler autant de programmes. Ils veulent tous venir pour voir comment Macky Sall, en si peu de temps, a déroulé des programmes, malgré les maigres ressources même si on n’est pas riche mais on se porte mieux. Car les fondamentaux sont là. Le jour où les fondamentaux vont sauter, on risque de faire face à une crise politique.
D’aucuns disent que ce pays connaît des tares économiques.
Avec la Covid on a vu les conséquences. Et le ministre des finances l’a dit cette semaine. La projection faite aussi est près de 4% de plus pour l’année prochaine. Donc il n’y pas de quoi s’inquiéter. Mais il existe des chocs. Aucun pays n’a pu résoudre le déficit budgétaire.
Alors parlons de la présidentielle. Il existe plus de 200 candidats !
S’agissant des multiples candidats, chacun a le droit de rêver. C’est leur droit. C’est en démocratie. Donc ils ont le droit de ne pas être d’accord. Ce n’est pas un problème car la question est de savoir que toute la coalition est derrière Amadou Ba. C’est un épiphénomène car sur les ministres un seul à défier le Pm. Il n’existe pas un seul député ou de maire aussi qui dit le contraire. Ce que je sais c’est qu’Amadou Ba a le soutien de tous. Il va passer au premier tour, il a tout l’appareil de Bby. Il est le seul à l’avoir. Mais nous sommes dans une coalition ouverte. Les candidats en face ne peuvent pas contrebalancer la candidature d’Amadou Ba. C’est cette analyse qu’il faut.
Sonko éliminé des listes et on lui refuse les fiches de parrainages. Votre analyse ?
Sonko n’est pas éliminé mais nous sommes dans un pays avec des lois. Il existe des critères et le Conseil constitutionnel va dire le droit car il existe des préalables pour accéder à la fonction de Président. Il faut l’appliquer aux différents candidats. Plus de 200 personnes qui se sont présentées comme candidates, il faut des mesures idoines. Le parrainage c’est bien mais il faut que l’Etat prenne des mesures car ce sera la pagaille. Pour le parrainage, je propose une caution de 15 millions pour le retrait des listes. Cette caution sera assujettie au parrainage et une fois cette étape franchie. Pour Ousmane Sonko, il a été débouté. Quand il y a un problème, on se réfère à la juridiction et c’est le cas avec la Cour suprême et qui a rendu un avis. La Dge sait qu’il faut être électeur avant d’être candidat. Si on n’est pas électeur et qu’on veuille retirer les fiches de parrainage mais ce serait vain. Il a reçu la notification par voie d’huissier. Je sais qu’à la Dge il existe des gens chevronnés et qui connaissent les procédures.
MOMAR CISSE