Transformation digitale : Après le boom des téléconsultations pendant le confinement, la pratique s’est stabilisée à hauteur de 10 % du total des consultations médicales. Les professionnels observent toutefois un rebond depuis la rentrée.
Après le boom des téléconsultations pendant le confinement, l’heure est au bilan. Alors qu’elle frôlait à peine 0,1 % du total des consultations en février 2020, cette pratique a connu une accélération considérable en l’espace de six mois, atteignant désormais 10 % des rendez-vous entre professionnels de santé et patients, selon des chiffres publiés par l’observatoire THIN de GERS Data.
Remboursée par la sécurité sociale depuis deux ans, la téléconsultation était restée confidentielle jusqu’à la pandémie de coronavirus et au confinement, qui l’ont propulsée de 10 000 actes par semaine début mars à plus d’un million début avril. Le nombre hebdomadaire de téléconsultations, en baisse constante de mi-mai à fin août, a rebondi en septembre, atteignant un rythme de croisière de 250 000 actes par semaine, selon les chiffres récemment transmis par l’Assurance maladie à l’AFP. Plus de 13,9 millions d’actes de téléconsultation ont ainsi été facturés à la Sécu depuis la mi-mars.
« La crise sanitaire a accéléré de près de 2 ans le développement de la téléconsultation et sa démocratisation en France », résume Arnault Billy, directeur général de Maiia.
Rapidité et simplicité au détriment du contact humain
Doctolib peut témoigner de cette récente accélération : sur les 4,6 millions de consultations vidéo enregistrées depuis le lancement du service en janvier 2019, la plateforme en compte 4,5 millions rien qu’au cours des six derniers mois. Doctolib enregistre aussi une nette hausse des consultations vidéo depuis la rentrée, avec 174 000 rendez-vous vidéo réalisés sur la première dizaine du mois de septembre, contre 112 000 téléconsultations entre le 22 et le 31 août.
Pour Stanislas Niox-Chateau, cofondateur de Doctolib, « l’usage de la consultation vidéo s’inscrit dans la durée, car professionnels de santé et patients ont pu constater qu’il s’agissait d’une pratique médicale à forte valeur ajoutée ». Il avance que « la crise a mis en lumière l’utilité de la consultation vidéo pour garantir un accès aux soins rapide et simple, et fournir du confort de travail aux praticiens ».
Mais cette nouvelle pratique n’est pas non plus la panacée du système de soin, puisqu’elle fait disparaître le contact direct avec le professionnel de santé. Stanislas Niox-Chateau soutient que « la consultation vidéo ne doit pas remplacer la consultation en présentiel » mais affirme au contre qu’elle « représentera probablement entre 15 et 20 % de l’activité des praticiens, comme c’est le cas dans les pays nordiques ou certains pays d’Asie, où cette pratique est déjà courante ».
Les parents et les franciliens plus adeptes de la téléconsultation
Maiia a dressé un « portrait-robot » du patient qui consulte à distance. Dans son étude CSA Maiia, la plateforme indique que près d’un tiers des Français a eu recours à la téléconsultation au cours des 12 derniers mois, et trois quarts d’entre eux déclarent avoir l’intention d’y recourir à nouveau.
L’âge des utilisateurs se situe principalement entre 35 et 49 ans, et il apparaît également que 61,2 % des patients en téléconsultation ont au moins un enfant de moins de 18 ans, contre 38,8 % sans enfant de moins de 18 ans.
L’étude montre que la région Ile-de-France est la région où la téléconsultation est la plus répandue (24 %), même si la pratique est également diffuse sur l’ensemble du territoire national. A l’Ouest, l’étude montre toutefois que l’utilisation de la téléconsultation est bien moins pratiquée, avec 12 % dans le Sud-Ouest et 15 % en Bretagne et dans le Grand-Ouest (autres régions du Nord-ouest). « De telles disparités s’expliquent, outre la densité de la population, par le mode de vie et la culture propres à chaque région ».