Dans une société où le mariage est un devoir, les femmes célibataires se voient bousculer, dénigrer parce que simplement elles n’ont pas encore été mariées. De nos jours, beaucoup de personnes se sont pendues non pas parce qu’elles le voulaient mais leur entourage leur a tordu la main. Les femmes célibataires âgées de plus de 30 ans vivent le calvaire au Sénégal. Ces femmes qui sont la plupart des battantes et occupent des postes de responsabilité, font l’objet d’une pression sociale liée à leur statut de célibataire. Elles se confient à votre journal.
Très dur d’être célibataire jusqu’à un certain âge au pays de la Teranga. Une situation très mal vécue par des femmes qui se sentent pointées du doigt. Le célibat devient, pour elles, un lourd fardeau pesant sur leurs frêles épaules. Nombreuses sont les femmes qui vivent cette pression. C’est le cas de Fatou Diop, la trentaine bien sonnée. Du haut de ses 34 bougies, cette jeune dame vit très mal la pression sociale. Avec un très bon boulot et un bon salaire, Fatou comme l’appelle ses proches, n’est pas chanceuse en amour.
« Ma mère ne supporte plus mon célibat »
«Dès que je commence à fréquenter un homme aussitôt, il commence à me demander de l’argent, ce sont les prêts d’argent et les simulations pour des soi-disants problèmes financiers. Et si par malchance, je leur donne l’argent pour aider, ils disparaissent », regrette-t-elle. Et de poursuivre : «J’en suis arrivée à ne plus avoir confiance et à penser que tous les hommes sont avec moi uniquement pour mon argent ». Très découragée de son vécu avec les hommes, Fatou se demande même si elle n’est pas condamnée à ne pas se marier juste parce qu’elle estime que les hommes ne sont intéressés à elle que pour sa situation. Au-delà, de cette situation difficile à vivre, Fatou Diop se heurte à un autre problème. Sa mère ne supporte plus son célibat. «Chaque jour qui passe, elle me le fait comprendre par des faits et gestes. Mon éducation et notre culture ne me permettent pas en tant que célibataire d’aller prendre un appartement et d’y vivre même si j’ai les moyens », fait-elle savoir. Fatou Diop indique toutefois qu’elle aimerait bien se marier et fonder une famille. «Mais, je ne décide pas de mon sort », martèle-t-elle. Elle fait toutefois savoir que cette situation a impacté sur sa vie. « Je suis devenue casanière, je manque de confiance en moi et je la vis difficilement. Je suis devenue méconnaissable », dit-elle avec mélancolie.
«Ma petite sœur mariée me rappelle chaque jour mon statut de célibat»
Comme Fatou Diop, Marie Faye vit la même situation. Cette femme indépendante financièrement vit très mal son célibat. Agée de 38 ans, et responsable dans une société de la place, elle fait souvent l’objet de sarcasme de la part de ses proches. « Mes petites sœurs se sont mariées et ont des enfants. La benjamine ne me facilite pas la vie. Elle me rappelle chaque jour mon statut de célibat. Je suis victime de dénigrements devant toute le monde et je n’ose pas piper mot pour éviter de me rabaisser devant elle », se désole-t-elle. Mlle Faye indique qu’elle a un seul souhait à savoir quitter la maison pour être loin de sa sœur. «Ma mère est au courant mais ne la dit rien. Cette situation a fait que j’ai épargné de l’argent pour acheter un terrain, et là je suis en train de le bâtir. Je ne rêve que de finir ce chantier pour démanger et vivre pleinement ma vie loin des sarcasmes », dit-elle. Côté cœur, Marie Faye a été souvent victime de trahison. « Certains hommes sont matérialistes, ils ne s’approchent de moi que pour me soutirer de l’argent car ils savent que j’en ai avec moins de charge », regrette-t-elle. Et de poursuivre : « Certains ne sont attirés que par le sexe et je ne vais pas me donner à un homme avant le mariage ».
« J’ai beaucoup de regrets, je suis diplômée, célibataire et sans emploi»
Différente des deux femmes précédentes, Amy Fall ne cache pas son amertume. « Je me suis sacrifiée pour mes études pour obtenir des diplômes qui ne me servent aujourd’hui à rien. Je suis à la recherche d’un emploi depuis 5 ans et j’ai rien trouvé même pas un stage », se désole-t-elle. Amy Fall soutient qu’elle se sent trop seule. « Je n’ai personne à qui discuter sur ma situation dont j’en souffre. Si j’avais un mari, j’allais peut-être partager avec lui mes peines », dit-elle. Elle laisse entendre qu’elle vit très mal la pression sociale. «Mes proches même s’ils ne me disent pas, prient chaque jour pour que j’ai un mari. Je me suis concentrée sur mes études ne donnant pas place à un homme et aujourd’hui j’ai mes diplômes et sans emploi, je regrette beaucoup », tonne-t-elle.
NGOYA NDIAYE et CHEIKH DIONE (STAGIAIRE)