L’activité a été co-organisée hier jeudi par la PPLAAF et LEGS Africa et d’autres acteurs pour parler d’un sujet qui préoccupe. Il s’agit «des flux financiers illicites (FFI) et le recouvrement des avoirs.» Cette rencontre a exposé des aspects stratégiques par rapport à l’Afrique en particulier aux pays à faibles revenus en particulier.
Le président de LEGS Africa (Leadership, Ethique, Gouvernance et Stratégie pour l’Afrique), Elimane Kane a abordé le sujet sur lequel ils sont le plus souvent interpelés. «C’est un sujet sur lequel nous travaillons depuis longtemps en termes de recherche mais aussi d’action, de sensibilisation et d’information au grand public sur les enjeux stratégiques des flux financiers illicites qui sont de plusieurs ordres liés aux activités commerciales et la fiscalité mais aussi des activités criminelles et également à la corruption», dit-il.
Et de souligner qu’ils ont surtout insisté sur les aspects stratégiques par rapport à l’Afrique et à des pays à revenu faible comme le du Sénégal et qui commencent à exploiter surtout des ressources naturelles. «Nous savons que le planning international de financement du développement est beaucoup axé sur l’exploitation des ressources naturelles, mais il y a des risques de FFI parce que les transactions commerciales avec les multinationales, mais également la fiscalité adoptée, les politiques fiscales favorisent des flux financiers illicites sur la base des stratégies d’optimisation fiscale des grandes entreprises avec qui ils travaillent, mais aussi des instruments que nos Etats mettent même en place en matière d’intimidation fiscale, en matière de convention fiscale, en matière de traité d’investissement, en tous cas donc les accords d’investissement de façon générale », a renchérit Elimane Kane. En outre il précisera qu’il faut partager la bonne information c’est-à-dire qu’il faut faire beaucoup de recherches pour connaître quel sont les mécanismes opératoires des FFI pour en parler clairement et montrer les enjeux.
Et sur cette base, insister pour l’ensemble des acteurs, pour que chacun puisse dire son rôle. « Je pense qu’on a fait pas mal de plaidoyers par exemple sur la dénonciation des conventions fiscales et comme vous le savez le Sénégal a dénoncé la convention fiscale contre l’Ile Maurice par exemple. Il y’a d’autres travaux que nous avons faits sur des montages financiers de grands projets ici qui ont ramené à influencer même certains contrats. Nous sommes non seulement écoutés, mais il y’a de l’impact », explique-t-il. Par ailleurs, Marie Paule Conaré, la Coordonnatrice de l’Afrique de l’Ouest et francophone de la PPLAAF (Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique) admet qu’au Sénégal nous n’avons pas encore de lanceurs d’alerte publics et cela est dû peut-être à l’absence de lois de protection des lanceurs d’alerte.
A ce titre, étant donné que les lanceurs d’alerte, au regard des informations sur des flux illicites, les faits de corruption, de criminalité financière, de blanchiment de capitaux, ce sont des acteurs qui subissent des représailles très particulières. La Coordonnatrice de l’Afrique de l’Ouest et francophone de la PPLAA a laissé entendre que « le fait d’avoir une loi ne ferait justement qu’inciter les lanceurs d’alerte potentiels à davantage d’engagement. La définition n’est pas restrictive, elle permet plutôt de concentrer l’alerte à des choses très précises. Parce qu’un lanceur d’alerte révèle certaines informations sur des activités illégales qui sont contraires à l’intérêt général dont ils ont été témoins notamment dans le cadre de son travail. Le lanceur d’alerte n’est pas motivé par des intérêts personnels, ni financiers, ni politiques. C’est vraiment quelqu’un qui agit de manière désintéressée pour la protection de l’intérêt général et quelqu’un qui a des motivations politiques ou économiques n’est pas un lanceur d’alerte », relève-t-elle.
Sur un autre registre il faut préciser qu’il y’a des pays, comme par exemple le Nigéria, qui sont dotés de lois de protection des lanceurs d’alerte, et que d’autres pays encore en Afrique et majoritairement anglophones sont beaucoup plus avancés que les pays francophones sur la question des lanceurs d’alerte en matière de protection. Ainsi, «parce que justement la culture de la notion de lanceur d’alerte est anglo-saxonne. Mais l’Afrique francophone commence à combler son retard parce que des pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, essayent de se doter de lois de protection des lanceurs d’alerte. Notre mission c’est d’accompagner, soutenir, défendre et protéger les lanceurs d’alerte africains pour des informations d’intérêt public sur des activités opaques, répréhensibles et susceptibles de les révéler», conclut-elle.