Les législatives sont prévues le 31 juillet prochain. Une date qui confirme le quasi-respect du calendrier républicain. Ce qui serait une excellente chose pour la vitalité démocratique du Sénégal.
Mais pas que. Les locales qui viennent de se dérouler ont laissé un goût amer à la coalition au pouvoir, qui, malgré une victoire quantitative au niveau national, n’a pas su écraser l’opposer à Dakar et dans les grandes villes comme espéré. Thiès et Guédiawaye font également partie de leurs plus grandes déceptions. Alors, comme tout Général au sortir d’une bataille, le Président Sall arrange ses troupes, fait le bilan, tire les leçons et continue la réflexion. Mais, il sait que chaque élection a ses particularités et reste moins convaincu du bilan des locales même s’il reconnait n’avoir pas tiré toutes les leçons.
Alors, il embraille sur les législatives qui, plus que les locales, vont servir de second test. Macky a pour préoccupation majeure d’avoir une idée nette de la cote de popularité de sa coalition et au-delà, de son parti. Et pour cela, il attend vraiment de voir ce que seront les législatives pour lesquelles il ne craint nullement une cohabitation possible. Dopé par le fait que sa coalition est largement majoritaire dans plusieurs communes, il reste convaincu que son pouvoir n’est pas menacé. Car, en toile de fond, ce qui l’importe vraiment, c’est la présidentielle de 2024, qui, on l’espère, sera organisée également à date échue. Une élection que la coalition au pouvoir ne veut pas perde pour de multiples raisons liées à la politique interne.
Alors, les législatives vont lui permettre de surveiller les coalitions de l’opposition, de jauger leur capacité de rassemblement, de mobilisation et le degré d’adhésion des populations à leurs idéaux. Ce qui ne veut nullement dire qu’il va faire un troisième mandat. Et ceci est d’autant plus vrai que les locales ne suffisent pas pour un tel exercice qui va déterminer la carrière politique de beaucoup de cadres. Malheureusement, au regard de tout cela, il y aura peu de temps au travail. Car, la campagne électorale pour les législative va débuter dès maintenant. Et les états-majors politiques, déjà constitués, ne vont pas se faire de cadeau.
Et il y a des perspectives réelles de nouvelles manœuvres politiques pour faire éclater des coalitions ou pour en constituer de nouvelles. Les appels de la coalition Walu pour un rassemblement et de Benno pour l’unité cachent mal un désir de renforcement des acquis pour une meilleure combativité.
C’est dire qu’aujourd’hui, les calculs et batailles politiques ne font que commencer. Et elles ne prendront pas fin d’ici 2024. Or, le peuple, lui, attend que ses problèmes soient réglés. Mais, tout indique que les rapports de force politiques vont désormais prendre le dessus sur toute autre considération. Nous avons en effet commis l’erreur de trop rapprocher les locales des législatives à force de les reporter. Et les législatives de la présidentielle.
Certes, Macky aura fort à faire dans une Union africaine où les coups de force sont de retour et les autres défis nombreux, mais, il ne va jamais cesser de manœuvrer. Ce qui veut dire que d’autres surprises attendent les sénégalais sur le terrain des alliances et contre-alliances politiques. Macky va essayer de rebondir ne serait-ce que pour marquer les esprits, reprendre l’avantage psychologique et sur le terrain. Reste maintenant quelle sera l’attitude des opposants. Est-ce que les coalitions comme Yewwi vont tenir face aux ambitions des uns et des autres à être candidats à la présidentielle ?
Une question qui est d’être superflue. Car, une trop grande fragmentation de l’opposition ne fera qu’avantager le pouvoir même si, en toile de fond, seul le peuple souverain décide.
Assane Samb