Le site de l’ancien C.E.M de Simbandi Balante (commune située dans la région de Sédhiou, département de Goudomp) loti depuis 1982 fait l’objet d’un litige entre les villageois et le maire de la commune de Simbandi Balante. Les villageois se sont regroupés en un comité pour la défense des intérêts de Simbandi. Le comité reproche à l’édile de la localité de vouloir morceler l’espace public pour y construire une mosquée pour une famille, un magasin et une école arabe. En plus d’aménager quatre terrains pour le Gamou annuel du village et d’octroyer le reste à des personnes nécessiteuses. Des accusations rejetées par le maire Famara Kalbert Mané. D’après l’édite, le site en question a fait l’objet d’une délibération au sein du Conseil municipal, où tous les villageois ont été associés. Ces jeunes regroupés au sein de ce comité ne comptent pas reculer, malgré les « menaces d’emprisonnement ».
Les conflits fonciers demeurent une problématique au Sénégal. Le Président Macky Sall révélait que «l’essentiel des alertes que je reçois au quotidien sur les risques de conflit viennent à plus de 90 % du foncier ». Il semble que la Commune de Simbandi Balante ne soit pas épargnée par ce phénomène.
D’après le comité pour la défense des intérêts de Simbandi, le lundi 4 juillet 2022, une « délégation du Maire s’est rendu sur le site de l’ancien C.E.M. de Simbandi balante loti depuis 1982 pour une étude de terrain, c’est ainsi qu’un jeune du village s’approcha pour s’informer de la situation. En retour, il reçoit des menaces d’emprisonnement de la part du maire. A la suite de cette visite de l’édile, ledit espace a été morcelé le 19 août 2022 en compagnie d’un topographe ». Il accuse l’édile de la localité de vouloir construire dans le site réservé aux villageois, une mosquée pour une famille, un magasin, une école arabe. L’aménagement quatre terrains pour le Gamou annuel de Simbandi balante et octroyer le reste à des personnes nécessiteuses. Le comité souligne, c’est un site d’un intérêt public et non réservé pour une attribution ou pour une vente à des tierces personnes.
Le maire botte en touche les accusations dudit comité et précise. « En 1982, l’Etat du Sénégal avait fait des lotissements à Simbandi et quand le lotissement a eu lieu, il y a une place qu’on avait réservée pour le marché du village. Lorsque j’ai eu un financement avec la banque allemande de développement KFW, j’ai appelé toute la population pour leur demander leur avis. Je leur ai dit que je veux construire un marché. Donc, on a mis provisoirement le CEM sur le site. Au moment de faire le marché, le CEM était là-bas. Les populations ont demandé pour qu’on déplace le marché à la place du goudron. Finalement, on a pris des lots de réserve pour y délocaliser le marché ».
Selon lui, le site a été confié à la mairie et les villageois ont voulu reprendre parce qu’il n’y avait rien sur le terrain. « Il n’y avait rien sur le terrain loti depuis 1982. Nous nous sommes dit qu’on va morceler une partie du terrain. Une partie qu’on doit donner à des familles qui sont dans le besoin. Sur les autres parties, on va sortir la place du Gamou et quatre parcelles seront réservées à la place du Gamou. Deux parcelles réservées pour l’école franco-arabe, une parcelle pour le magasin et une autre destinée aux jeunes pour le sport », a précisé l’édile de Simbandi Balante.
D’après le maire, « c’est le Conseil municipal qui va déterminer de ce qu’on va faire là-bas. D’abord, il faut que le Conseil désaffecte le nom du marché. Le marché a déjà été délocalisé et ces villageois veulent se l’approprier ». Toutefois, le maire qui a promis de nous envoyer le délibéré du conseil municipal ne l’a jamais fait, malgré nos multiples relances.
D’après Famara Kalbert Mané, ce sont des politiciens qui veulent le mettre en mal avec la population et qu’il ne va pas arrêter les morcellements sur le site. « J’ai présenté le projet au Conseil municipal et ça a été validé. Je ne sais pas où se trouve le problème. C’est le problème d’une famille qu’ils veulent transposer dans le village. On va faire le morcellement, et ils ne peuvent m’en empêcher. La mairie n’a pas pris le terrain d’autrui »
« Le maire a enlevé les bornes et menacé les jeunes »
Un jeune du comité affirme qu’aucune autorité administrative n’a été saisie pour attester le morcellement du site. « Le Sous-préfet nous a fait comprendre que le maire ne l’a jamais saisi pour déposer un dossier qui atteste qu’il est en train de morceler un terrain. Le chargé de l’urbanisme l’a appelé et lui a dit d’arrêter les bornes. Un délai a été donné au maire. Entre temps, il a enlevé les bornes et a menacé les jeunes », a fait savoir Louis Mané, habitant du village.
Pour mettre fin au conflit foncier, le Président Macky Sall a signé le 16 septembre 2020, un décret relatif aux conditions d’affectation et de désaffectation des terres du Domaine national. A travers cette mesure, il retirait au Conseil municipal la prérogative d’affecter ou de désaffecter des terres sans l’approbation de l’autorité administrative locale.
Une occasion pour le Sous-préfet de Djibanar de rappeler au maire de Simbandi les procédures. « La commune est un démembrement de l’Etat. Le terrain réservé que le maire a voulu réorienter au pour d’autres projets est destiné pour un marché. On ne peut pas se lever un jour pour morceler, ça doit être le rôle de l’Etat. Alors pour changer la destination, il faut une délibération que je dois approuver. C’est en ce moment que le maire doit faire un appel à un géomètre ou le service du cadastre pour procéder au morcellement dans le respect de la délibération. Ensuite, le plan de morcellement doit revenir au Conseil municipal pour une autre délibération pour que ça soit conforme. Si c’est conforme, c’est là que j’appose ma signature pour envoyer le dossier au service de l’urbanisme », a fait savoir l’autorité administrative au cours d’une réunion avec les villageois et les conseillers municipaux.