La question du traitement de la dette africaine est largement évoquée lors du sommet de Paris sur les économies africaines. Depuis l’année dernière, le président sénégalais Macky Sall plaide pour une annulation pure et simple.
Ce mardi 18 mai, une quinzaine de dirigeants africains, des hauts responsables européens et représentants d’organisations internationales se sont réunis à Paris pour réagir au « choc économique » causé par un an de crise sanitaire, provoquant la première récession du continent africain en 25 ans. L’annulation partielle de la dette a été au coeur des débats Le Président Macky Sall qui est arrivé lundi après-midi dans la capitale française pour prendre part au Sommet sur le Financement des économies africaines post-Covid-19 dont il est l’un des principaux inspirateurs, a réitéré son appel à l’annulation de la dette africaine.
«À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. La responsabilité première de faire face à la crise nous revient. Nous l’assumons pleinement. Il est tout aussi juste et légitime que nos efforts internes soient soutenus dans le contexte mondial de riposte à la crise. L’Afrique ne doit pas être laissée pour compte dans un combat planétaire contre un péril planétaire. C’est tout le sens de mon appel pour l’annulation de la dette publique africaine et le réaménagement de sa dette privée selon des mécanismes à convenir », a souligné le Président Macky Sall. En outre, il s’était également réjoui de la position africaine commune adoptée à l’issue de la réunion, par visioconférence, du Bureau de l’Union africaine élargi à l’Éthiopie, au Sénégal et au Rwanda, le 3 avril 2020. Il s’agit, selon le président sénégalais, de «réformer» en profondeur «la gouvernance économique et financière mondiale».
La requête de Macky au G20
Lors de son discours d’ouverture, le président Macky Sall a lancé un appel aux pays du G20. «Je lance un appel aux pays du G20, qui recevront plus de 2/3 des nouvelles allocations de DTS, afin qu’ils réallouent leurs quotas en appui aux efforts de relance des pays africains, sous forme de dons, de prêts concessionnels et semi-concessionnels à longue maturité », a indiqué le chef de l’Etat lors du sommet. Des ressources que les Etats africains comptent investir dans la relace de leurs économies mises à mal par la Covid. Les Droits de tirage spéciaux (DTS), créés en 1969 par le Fmi, sont estimés à 650 milliards de dollars américains dont 34 milliards de dollars seulement sont alloués à l’Afrique. Les droits de tirage spéciaux (DTS, en anglais, Special Drawing Rights : SDR), également au singulier, sont un instrument monétaire international créé par le FMI en 1969 pour compléter les réserves officielles existantes des pays membres. Aujourd’hui, les pays africains, avec la France, veulent que les pays développés, qui détiennent les 2/3 de ces 650 milliards de dollars, leur cèdent leur quota.
Pour Macky Sall, l’Afrique a surtout besoin d’une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale, avec des mécanismes innovants nous permettant d’accéder aux marchés de capitaux à des coûts soutenables et selon des maturités adaptées aux actifs à financer», déclare le président Sall. Il y va, explique Macky Sall, de la viabilité des économies africaines. «C’est une nécessité vitale pour nos économies. Autrement, tous les efforts d’émergence resteront vains», estime-t-il. D’après le Chef de l’Etat sénégalais, le sommet de Paris ne sera une réussite que s’il parvient à «établir et porter une dynamique novatrice à trois niveaux : un, la réforme; deux, un nouvel état d’esprit de partenariat ; et trois, de nouveaux paradigmes pour un new deal, à défaut d’un plan Marshal pour l’Afrique».
M.BA