La rougeole est revenue en force, avec plus de « 400 cas enregistrés à l’échelle nationale ». C’est une révélation du Docteur Boly Diop, responsable de surveillance épidémiologique et post-vaccinale au ministère de la Santé et de l’action sociale.
« Les performances pour le premier semestre ont révélé l’existence d’une épidémie de rougeole », a dit le Docteur Boly Diop, qui fait remarquer que Fatick est la seule des 14 régions du pays qui n’a pas encore enregistré de cas confirmé de rougeole.
«En dehors de Fatick, toutes les régions ont des cas confirmés de rougeole et il y a des districts qui sont entrés en épidémie. Ça veut dire qu’aujourd’hui, la rougeole est revenue en force, il y a des cas confirmés et des épidémies qui sont enregistrées un peu partout dans les région», dit-il, en marge d’une réunion de coordination trimestrielle de surveillance épidémiologique, rapporte L’Observateur.
Une partie des enfants qui décèdent meurent de maladies infectieuses évitables par la vaccination. La rougeole et le tétanos néonatal, pour lesquels il existe des vaccins, causent ensemble près de 200 000 morts chaque année (en 2019).
Chaque jour, dans le monde, 14 000 enfants de moins de 5 ans meurent, dont : 2500 de pneumonie, 1500 de diarrhée, 1000 de paludisme, 300 de rougeole, 150 de coqueluche et 100 de tétanos néonatal.
Les enfants qui attrapent ces maladies tout en en réchappant en sortent souvent affaiblis, avec un risque accru de succomber d’une autre maladie ensuite. Si tous les enfants de la planète ne sont pas vaccinés contre ces maladies, cela ne vient pas d’un coût élevé des vaccins. Au contraire, il est souvent faible, et pris en charge par des organisations internationales dans le cas des pays les plus pauvres. La raison tient plutôt à un intérêt insuffisant pour la prévention et à une mauvaise organisation sanitaire.
L’exemple de la vaccination contre la rougeole
En 2021, dans le monde, 81 % des enfants de 1 an ont été vaccinés contre la rougeole. La proportion a certes beaucoup progressé depuis 1980, où elle n’était que de 17 %, mais elle est encore loin de l’objectif de 90 %, voire de 100 %. C’est dans les pays les plus riches que les enfants sont les mieux vaccinés. La couverture vaccinale dépasse 80 % dans des régions en développement où l’offre de soins de base a beaucoup progressé récemment, comme en Afrique du Nord et en Amérique latine, et aussi en Europe de l’Est et dans les pays de l’ex-URSS, qui ont su maintenir les niveaux élevés de couverture vaccinale atteints sous les régimes communistes.
Au Sénégal, la vaccination contre la rougeole a pourtant beaucoup fait reculer la mortalité des enfants dans le monde. Dans la région de Bandafassi, au Sénégal, cette maladie était la cause d’un décès sur cinq chez les enfants au-delà du premier mois avant que ceux-ci ne soient vaccinés. L’introduction des vaccinations à la fin des années 1980 a fait reculer la part de la rougeole à moins de 3 %, avec pourtant seulement la moitié des enfants vaccinés.
La mortalité des enfants quelle qu’en soit la cause a baissé immédiatement de 40 %, soit plus que ce qu’on attendait de la simple suppression des décès liés directement aux maladies ciblées par les vaccins la rougeole, la coqueluche, le tétanos, etc. Les vaccins ont des effets bénéfiques non spécifiques : en stimulant l’immunité, ils diminuent aussi la mortalité due aux autres maladies (diarrhée, paludisme) contre lesquelles les enfants ne peuvent être vaccinés pour l’instant faute de vaccins.