Les mercenaires russes de la sulfureuse société paramilitaire Wagner ont entamé leur déploiement au Mali, avec l’aide de Moscou, ont dénoncé jeudi une quinzaine de puissances occidentales impliquées dans la lutte antijihadiste et la formation des soldats dans ce pays.
Pour autant, les signataires ne menacent pas directement Bamako d’un départ des forces étrangères, alors que Paris prévenait jusqu’ici que l’arrivée sur le territoire malien des paramilitaires de Wagner serait « incompatible » avec le maintien des soldats français déployés au Mali. Cette perspective fait l’objet depuis des mois de tensions croissantes entre la junte malienne au pouvoir et la France. Emmanuel Macron a renoncé à se rendre à Bamako lundi dernier.
Selon une source gouvernementale française, « on constate aujourd’hui sur place des rotations aériennes répétées avec des avions de transport militaire appartenant à l’armée russe, des installations sur l’aéroport de Bamako permettant l’accueil d’un chiffre significatif de mercenaires, des visites fréquentes de cadres de Wagner à Bamako et des activités de géologues russes connus pour leur proximité avec Wagner ». Mercredi, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait déjà mis en garde le Mali contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, déjà en proie aux violences, si le gouvernement recrutait Wagner, un groupe réputé proche du Kremlin.
L’Union européenne a sanctionné lundi le groupe Wagner ainsi que huit personnes et trois sociétés qui lui sont liées pour les « actions de déstabilisation » menées dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Mali, et en Ukraine. Les pays occidentaux demandent également à la junte malienne d’organiser « des élections dans les meilleurs délais » pour rendre le pouvoir aux civils, mais qui traîne des pieds pour présenter un calendrier de transition, au grand dam des membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Toutefois, malgré la réticence du régime putschiste malien à quitter le pouvoir et le déploiement en cours des mercenaires russes, qui constituait jusqu’alors une ligne rouge pour Paris, « nous réaffirmons notre détermination à poursuivre notre action en vue de protéger les civils, de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel et de contribuer à instaurer la stabilité à long terme », affirment les 15 pays.
Au terme de près de neuf ans de présence au Sahel, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus septentrionales au Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Ce plan prévoit une réduction des effectifs français au Sahel, de 5.000 à 2.500/3.000 d’ici 2023. Malgré les efforts militaires, le Mali est toujours livré aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, et aux violences perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense.