Nous avons appris, il y a quelques jours, suite à une déclaration de Ousmane Sonko de Yewwi Askan Wi que l’opposition radicale que cette coalition incarne va manifester aujourd’hui. Ce sera la suite « logique » de celle qui a été organisée ce 17 juin et qui malheureusement a été réprimée. Une manifestation qui d’ailleurs a fait des victimes. Depuis, le pays est sur le qui-vive. Une tension latente sévit et les verdicts plutôt apaisants des oppositions arrêtées n’ont pas pu atténuer les craintes ressenties et exprimées par beaucoup d’un chaos.
Si en effet la manifestation n’est pas autorisée, elle sera réprimée. Donc, beaucoup plaident pour que les autorités publiques l’autorisent. C’est mieux pour la paix sociale, la cohésion et la stabilité de la nation mais surtout ce sera l’occasion d’épargner des vies humaines. Car, il est peu probable que l’opposition recule. Sonko et ses compagnons entendent pousser à bout Macky et son régime. Et ils savent tenir le bon bout afin de créer les conditions d’une forme d’instabilité qui discrédite davantage le régime en place. La bataille politique transcendant les législatives pour cibler la future présidentielle.
Beaucoup militent d’ailleurs pour le report des législatives. Mais ce n’est pas forcément une bonne solution car il est plus facile d’autoriser les marches tant est qu’elles soient pacifiques que de repousser les élections. A contrario, si les autorités continuent à être intransigeantes sur les marches, le chaos sera tel qu’il faudra davantage envisager le report des élections. Si les autorités souhaitent ainsi la tenue des élections, elles savent ce qu’elles doivent faire. Le droit à la manifestation pacifique est d’ordre constitutionnel et l’expérience a montré que ce sont ses interdictions qui causent surtout des troubles à l’ordre public.
Bien sûr, nous sommes actuellement en période de précampagne électorale et que toute forme de propagande est interdite. Mais, l’autorisation serait le moindre mal face aux précédents déjà observés avec le risque regrettable de perdre encore des vies. Nous attendons ainsi de Macky la même hauteur de vue que Wade lors du 23 juin 2011. Il faudra s’inspirer de l’esprit du 23 juin et aller dans le sens de l’apaisement. Car, il est clair que le recul est parfois nécessaire pour mieux sauter. Et le Sénégal a besoin d’une bouffée d’oxygène par les temps qui courent ne serait-ce que pour permettre aux musulmans de se consacrer entièrement à la préparation de la grande fête de Tabaski. Comme quoi une trêve politique s’impose du fait du contexte.
Assane Samb